Le gouvernement tente de répondre aux critiques après les émeutes meurtrières qui ont éclaté entre les 1er et 3 juin, dans la foulée de la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko. Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a notamment exprimé sa « préoccupation » sur la gestion de cette crise par les forces de défense et de sécurité, de nombreuses arrestations et des restrictions à la liberté d'expression.
Quatre ministres - celui des Forces armées, de l'Intérieur, de la Justice et du Commerce - était présent autour du chef du gouvernement, pour une longue conférence de presse. Ils ont une nouvelle fois dénoncé une « entreprise de déstabilisation » du Sénégal et « une stratégie de manipulation ». Lors de cette séance d'explications, le Premier ministre a promis la « transparence ».
Plus de deux semaines après la condamnation d'Ousmane Sonko, l'opposant reste bloqué à son domicile dakarois, « séquestré » selon son parti. Pourquoi n'a-t-il pas été arrêté ? Parce que l'intégralité de la décision de justice est toujours en cours de rédaction, selon le garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall : « Il faut que la décision soit disponible et il ne nous appartient pas de déroger. Lorsqu'elle est disponible, il faut qu'elle lui soit notifiée et ensuite le condamné peut se condamner prisonnier ou bien le parquet peut aller l'arrêter et l'amener en prison pour exécuter la décision de justice. »
De nombreux témoins et reportages ont fait état de la présence d'hommes en civils ou « nervis » aux côtés des forces de l'ordre durant les manifestations. Accusations rejetées par le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana :
« Moi, j'ai vu des personnes qui se sont organisées pour défendre leurs quartiers. Depuis 2021, combien de domiciles de personnalités de la majorité ont été incendiées, des appels aux meurtres... Donc à côté de la police naturellement, il y a eu des Sénégalais qui se sont organisés pour défendre leurs biens et leur personne. »
La polémique n'est pas éteinte : la coalition d'opposition Yewwi Askan Wi a elle-même saisi le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme.