L'Afrique du Nord veut intensifier les partenariats public-privé pour soutenir le développement économique

17 Juillet 2023
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

« La diversification des sources de financement des projets d'infrastructures publics passe par la recherche d'approches innovantes intégrant notamment les partenariats public-privé », a déclaré la cheffe du gouvernement tunisien, Mme Najla Bouden, à l'occasion d'un séminaire organisé les 15 et 16 juin 2023 à Tunis sur le thème « Partenariat public-privé en Afrique du Nord pour une croissance durable et inclusive ».

L'évènement, organisé à l'initiative de l'Instance générale tunisienne de partenariat public-privé, de la Caisse des dépôts et consignations tunisienne et de la Banque africaine de développement, a permis de faire un état des lieux des partenariats public-privé (PPP) en Afrique, d'identifier les défis et contraintes à leur déploiement sur le continent et de mettre en exergue des exemples de réussite.

« L'Afrique du Nord dispose d'un immense potentiel en termes de développement d'infrastructures indispensables à une croissance économique durable », a déclaré le directeur général de la Banque africaine de développement pour l'Afrique du Nord, M. Mohamed El Azizi.

« Compte tenu des besoins d'investissement et d'entretien de ces infrastructures, les PPP offrent une approche adaptée pour relever les défis auxquels sont confrontés les pays africains. Cependant, nous devons reconnaître que les PPP ne sont pas exempts de défauts et d'écueils. Des coûts plus élevés, des processus contractuels complexes et des monopoles potentiels sont quelques-uns des défis que nous devons relever avec diligence », a-t-il prévenu.

Pour que les PPP réussissent, plusieurs conditions sont nécessaires : volonté politique forte, environnement transparent et responsable, concurrence loyale. Il faut également des cadres réglementaires solides, des procédures de passation de marchés claires et une gestion efficace des contrats, a souligné M. El Azizi.

Les défis et contraintes des PPP ont fait l'objet d'une table ronde qui a réuni des panélistes de haut niveau, parmi lesquels M. Ziad-Alexandre Hayek, président de l'Association mondiale des unités des professionnels des PPP. « Les pays africains ont atteint, de manière générale, des hauts niveaux d'endettement et ont besoin d'attirer des investissements privés pour financer leurs projets d'infrastructure. Les coûts de préparation de ces projets, par définition complexes, sont élevés. Les dirigeants politiques voient les PPP comme des passations de marché plutôt que comme des instruments de développement tandis que les marchés financiers africains ne sont pas suffisamment développés pour répondre aux besoins de financement », a souligné M. Hayek. « Il faut donc passer à une approche intégrée pour dérisquer les projets en PPP sur les plans politique, financier et opérationnel », a-t-il estimé.

En matière de partenariat public-privé, la Turquie fait figure de précurseur, comme l'a rappelé, au cours de la table ronde, Eyup Vural Aydin, président du Centre d'excellence du partenariat public-privé d'Istanbul. La Turquie est l'un des premiers pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à avoir eu recours au schéma PPP depuis les années 1980 pour financer ses grands projets d'infrastructure dans les secteurs du transport, de l'énergie ou encore du tourisme. C'est le cas, ces dix dernières années, pour le nouvel aéroport d'Istanbul, le pont de Yavuz Sultan Selim (troisième pont stambouliote), le Tunnel Eurasia, le pont d'Osmangazi, les hôpitaux de Yozgat et de Mersin ou encore la ligne de train à grande vitesse Istanbul-Ankara.

La mobilisation de ressources issues du secteur privé à travers des PPP pour financer des infrastructures durables et inclusives représente donc une des solutions qui permettent de pallier la réduction de la marge de manoeuvre budgétaire des pays du continent affectés par les tensions économiques internationales et le niveau élevé de leur dette publique.

Malgré un cadre juridique et des instances dédiés aux PPP en Tunisie, au Maroc, en Égypte et en Mauritanie - et bientôt en Libye et en Algérie -, la constitution d'un portefeuille de projets d'infrastructures de PPP bancables a été lente en dépit de l'existence d'une masse critique de projets.

Dans une allocution diffusée en vidéo, la cheffe du gouvernement tunisien a ainsi appelé à « redoubler d'efforts pour mobiliser des financements afin de bâtir un réseau d'infrastructures performant qui sert les villes et les espaces économiques. La trajectoire de développement est étroitement liée à la modernisation de ces infrastructures pour catalyser les investissements et consolider les institutions afin de créer des emplois et améliorer la qualité de vie des populations. »

Le Fonds d'appui aux partenariats public-privé en Tunisie a été mis en route, et les capacités de l'initiative de l'Instance générale tunisienne de partenariat public-privé ont été renforcées, a ajouté Mme Najla Bouden.

Plusieurs délégations ont présenté un certain nombre de projets PPP bancables. Le ministre tunisien de l'Économie et de la Planification, M. Samir Saïed, a ainsi indiqué que l'État avait identifié comme PPP potentiels les projets du métro de Sfax, la zone logistique de Gargour-Sfax, la plateforme de production agricole de Sidi Bouzid, les sièges de plusieurs ministères, le téléphérique de Zaghouan, le transport hydro-mécanique du phosphate et le port de plaisance de Sidi Bou-Saïd.

Le ministre a également évoqué la nécessité d'assurer « des investissements à triple rentabilité : la rentabilité financière et économique, la rentabilité sociale - la justice et le développement sociaux devant être le principal objectif du développement économique - et la rentabilité environnementale à l'heure où la planète est en train de brûler ». Des projets comme le dessalement de l'eau de mer, la production d'électricité photovoltaïque, la réutilisation des eaux usées s'inscrivent dans ce cadre.La Banque africaine de développement est en train d'oeuvrer à la création d'un Fonds africain multidonateur de développement des PPP pour permettre la création de projets bien préparés et bancables.

Au regard du succès du séminaire de Tunis, « plateforme d'échange et de renforcement de la coopération en Afrique du Nord », M. El Azizi a annoncé que la Banque allait « oeuvrer à sa pérennisation sur la base d'un forum annuel. »

Une annonce saluée par le président de l'initiative de l'Instance générale tunisienne de partenariat public-privé, M. Atef Majdoub : « Nous aurons un séminaire chaque année, avec une organisation tournante dans chacun des six pays de la région à des fins de partage d'expérience et de transfert de savoir-faire. »

Le séminaire a réuni l'ensemble des instances en charge des PPP dans les six pays d'Afrique du Nord ainsi que des promoteurs, des banques, des représentants de diverses administrations et des bailleurs de fonds.

Discours de M. El Azizi

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Contact:

Chawki Chahed, Département de la communication et des relations extérieures, [email protected]

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