Soudan: António Guterres exhorte les donateurs à renforcer l'aide pour mettre fin à la mort et à la destruction

Une jeune fille qui a fui le Soudan avec sa famille attend une distribution d'aide humanitaire au Tchad.
19 Juin 2023

Un appel de fonds lancé par l'ONU pour aider le peuple soudanais a recueilli 1,5 milliard de dollars lundi, alors que le chef de l'ONU, António Guterres, a averti que le pays s'enfonçait « dans la mort et la destruction » à une vitesse fulgurante.

S'adressant aux donateurs lors d'un événement organisé à Genève par les Nations Unies avec l'Egypte, l'Allemagne, le Qatar, l'Arabie Saoudite, l'Union africaine et l'Union européenne, M. Guterres a déclaré qu'environ 3 milliards de dollars étaient nécessaires pour aider les populations du Soudan et celles qui ont fui vers les pays voisins.

L'ampleur et la rapidité de la descente du Soudan dans la mort et la destruction sont sans précédent.

« L'ampleur et la rapidité de la descente du Soudan dans la mort et la destruction sont sans précédent », a-t-il averti. « Sans un soutien international fort, le Soudan pourrait rapidement devenir un lieu d'anarchie, propageant l'insécurité dans toute la région ».

Un bilan catastrophique

S'exprimant par message vidéo alors qu'un nouveau cessez-le-feu temporaire entre les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF) entrait en vigueur, le chef de l'ONU a déclaré que des centaines de civils avaient été tués et des milliers d'autres blessés depuis que les affrontements ont éclaté à la mi-avril.

« Ces chiffres augmentent de jour en jour. La situation au Darfour et à Khartoum est catastrophique. Les combats font rage et les gens sont attaqués chez eux et dans la rue », a informé M. Guterres.

« Avant que ce conflit n'éclate, le Soudan était déjà aux prises avec une crise humanitaire. Celle-ci s'est maintenant transformée en une catastrophe qui touche plus de la moitié de la population du pays ».

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Le Secrétaire général des Nations Unies a insisté sur le fait qu'il était du devoir de la communauté internationale de soutenir le peuple soudanais et les pays voisins.

Il a également condamné la violence à l'encontre des travailleurs humanitaires et le pillage des fournitures humanitaires, appelant les parties concernées à protéger les civils et à permettre l'action humanitaire, conformément au droit international.

Des rues ensanglantées

Un message dont s'est fait l'écho, le chef des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, réitérant sa volonté de médiation entre les deux parties au conflit.

« J'ai également exhorté tous les États à contribuer à la résolution de cette catastrophe. Pourtant, les efforts déployés pour obtenir et maintenir un cessez-le-feu n'ont guère porté leurs fruits. Nous sommes toujours témoins d'un conflit insensé qui se déroule dans un contexte d'impunité totale. Les rues de Khartoum et des villes environnantes, d'El Geneina et d'El Obeid sont tachées du sang des civils ».

M. Türk s'est dit consterné par les allégations de violences sexuelles, notamment de viols, notant que son Bureau avait reçu des rapports crédibles faisant état de 18 incidents de violence sexuelle liés au conflit, contre au moins 53 femmes et filles - parmi les victimes, on compte au moins 10 fillettes.

Dans un cas, 18 à 20 femmes auraient été violées au cours de la même attaque. Dans presque tous les cas, les forces de sécurité ont été identifiées comme étant l'auteur de l'agression. Mais l'accès à un soutien médical et psychosocial est limité et de nombreux cas ne sont pas signalés.

Les jeunes Soudanais paient le prix fort

« Il s'agit d'une crise humanitaire et des droits de l'homme qui se déroule à un rythme alarmant, à une échelle dévastatrice et avec une complexité jamais vue auparavant au Soudan », a déclaré M. Turk.

« Chaque jour, des enfants en subissent les terribles conséquences. Plus de 13 millions d'entre eux, dont 5,6 millions au Darfour, ont un besoin urgent d'une aide humanitaire vitale. Au moins 620 000 d'entre eux souffriraient de malnutrition aiguë », a-t-il fait valoir.

Un cessez-le-feu bienvenu

M. Türk s'est félicité du nouveau cessez-le-feu national de 72 heures, conclu le 17 juin. Il a exhorté les deux parties à respecter leurs engagements de cesser les combats et de permettre l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire dans l'ensemble du pays.

« Le nouveau cessez-le-feu est une nouvelle occasion de mettre fin à cette mer de souffrances. Je rappelle aux deux parties qu'elles ont l'obligation de respecter le droit international humanitaire et les droits de l'homme et de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger tous les civils, y compris les travailleurs humanitaires et médicaux, contre tout danger », a souligné le haut responsable onusien.

Le fait de ne pas demander des comptes pour les graves violations commises dans le passé a contribué à la crise actuelle.

Le chef des droits de l'homme de l'ONU a également appelé les autorités à mener « des enquêtes rapides, approfondies, impartiales et indépendantes » sur toutes les violations présumées des droits de l'homme et du droit humanitaire international.

« Je leur rappelle que le fait de ne pas demander des comptes pour les graves violations commises dans le passé a contribué à la crise actuelle », a-t-il déclaré.

Le Coordinateur des secours d'urgence de l'ONU et chef de l'OCHA, Martin Griffiths, a déclaré : « Chaque jour que dure la crise au Soudan, la situation humanitaire devient de plus en plus désespérée. Malgré la violence qui fait rage, les travailleurs humanitaires - y compris nos partenaires locaux héroïques opérant en première ligne - poursuivent leurs efforts pour apporter de l'aide aux personnes dans le besoin ».

Il a déclaré que les promesses de dons - qui comprennent 22 millions de dollars supplémentaires provenant du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires des Nations Unies (CERF) - constitueraient une « bouée de sauvetage pour des millions de personnes vivant dans les conditions les plus dangereuses et les plus difficiles du monde ».

L'heure de la « paix durable » a sonné

Filippo Grandi, Directeur du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a déclaré que l'engagement des donateurs en faveur des personnes touchées « arrive à point nommé, car les ressources dont nous disposons pour faire face à la situation s'amenuisent ».

« Les promesses de dons permettront de sauver des vies et d'atténuer certaines difficultés. En fin de compte, bien sûr, seule une paix durable permettra aux Soudanais de reprendre leur vie en main ».

S'adressant au Conseil des droits de l'homme, Hassan Hamid Hassan, ambassadeur et représentant permanent du Soudan auprès des Nations Unies à Genève, a condamné le meurtre du gouverneur du Darfour occidental, Khamis Abdullah Abbaker, en attribuant la responsabilité « aux forces rebelles ».

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