Suite à la résurgence des combats entre les Forces armées congolaises et le groupe armé M23, des dizaines de milliers de personnes ont fui l'est de la République démocratique du Congo.
En Ouganda, le camp de Nakivale, qui accueillait déjà plus de 175 000 personnes, doit faire face à l'arrivée de 30 000 nouveaux réfugiés, tandis que l'aide humanitaire peine à répondre à leurs besoins.
« Malgré l'arrivée de milliers de réfugiés au cours de l'année écoulée, aucune ressource ou infrastructure supplémentaire suffisante n'a été mise en place par les organisations internationales, nationales ou par les autorités ougandaises pour les accueillir correctement, que ce soit en termes d'abris, de nourriture ou d'accès à l'eau », explique Denis K. Mbae, coordinateur du projet MSF.
Depuis janvier 2023, les équipes MSF travaillent à Rubondo, l'une des trois zones administratives du camp de Nakivale, sur un site conçu à l'origine pour 40 000 personnes et qui en accueille 75 000 aujourd'hui. Dans certains villages de cette zone, l'approvisionnement actuel en eau par personne est de 5 litres par jour, alors qu'il devrait être de 20 litres, selon les normes internationales.
Face à cette situation, les réfugiés ont désormais recours à l'eau des marécages et du lac environnants, ce qui accroît les risques sanitaires. De plus, les rations alimentaires ne sont pas suffisantes et le bois et le combustible nécessaires pour cuisiner manquent aussi. Quant aux abris, ils sont construits par les nouveaux réfugiés eux-mêmes, avec seulement quelques poteaux en bois et des bâches en plastique.
« De nombreux réfugiés nous disent qu'ils ne peuvent manger qu'un seul repas par jour. Les mauvaises conditions de vie dans le camp aggravent le développement des problèmes de santé. Par exemple, les moustiquaires ne peuvent pas être installées dans ces abris précaires, ce qui a un impact sur le nombre de personnes infectées par le paludisme » explique Denis K. Mbae.
Sur place, les équipes MSF apportent une aide à l'accès aux soins de santé primaires grâce à cinq cliniques mobiles. De janvier à juin, 22 400 consultations ont été réalisées, notamment lors du pic saisonnier de paludisme. 40 % des personnes dépistées pour le paludisme ont été testées positives. Une seule autre organisation médicale est présente dans le campement, et il y a un besoin urgent de prévention et de traitement de cette maladie, ainsi que de soins pour les personnes atteintes de maladies non transmissibles telles que les maladies chroniques (diabète, hypertension...).
Les besoins de la population en matière de santé mentale et de santé sexuelle et reproductive sont également importants, notamment pour la prise en charge des victimes de violences sexuelles, mais aussi en matière de planification familiale et de soins prénatals. La situation est exacerbée par d'importantes pénuries de médicaments, affectant à la fois les structures de santé locales et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui gère le camp, en collaboration avec le Bureau du Premier ministre ougandais (OPM).
« Malgré les besoins immédiats considérables de la population en nourriture, abris et eau en quantités correctes, les agences des Nations unies, leurs partenaires, les donateurs et les autorités ougandaises se désengagent de l'aide humanitaire d'urgence, explique Augustin Westphal, chef de mission MSF en Ouganda. L'objectif est de rendre les gens autosuffisants plutôt que dépendants de l'aide extérieure. Bien qu'il s'agisse d'un objectif louable, il ne tient pas compte du fait que, pour devenir autonomes à long terme, les nouveaux réfugiés doivent d'abord recevoir une aide d'urgence, avant de pouvoir prendre un nouveau départ. »
Faute de fonds, l'accès à la nourriture en quantité correcte reste un problème majeur pour les réfugiés. Une situation qui va s'aggraver avec l'introduction par le PAM (Programme alimentaire mondial) de la priorisation de l'assistance alimentaire générale en juillet, qui conduira à des réductions de rationnement, même pour les personnes les plus vulnérables.
Le système de santé pour les réfugiés s'est également détérioré au cours de la dernière année avec une réduction drastique du financement et une pénurie de médicaments. « Il est absolument nécessaire de maintenir l'aide humanitaire d'urgence jusqu'à ce que les populations soient en mesure d'évoluer vers le système d'autosuffisance prôné par le gouvernement et les organisations internationales », conclut Denis K. Mbae.