Depuis deux semaines, les déplacements de responsables européens se succèdent en Tunisie. Après Giorgia Meloni, la cheffe du Conseil italien, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne et Mark Rutte, Premier ministre des Pays-Bas, c'était au tour de Gérald Darmanin et Nancy Faeser, ministres de l'Intérieur français et allemand de faire le déplacement jusqu'au Palais présidentiel de Carthage lundi. Tous ont insisté sur la nécessité de trouver un accord pour freiner les départs illégaux depuis les côtes tunisiennes. Mardi, c'est Emmanuel Macron qui, depuis Paris, a insisté sur la nécessité de trouver urgemment un accord avec Tunis. Des pressions qui commencent à excéder en Tunisie.
En Tunisie, le ballet des dirigeants européens fait la Une de tous les médias. Alors que le couple franco-allemand a annoncé une enveloppe supplémentaire de 25,8 millions d'euros pour lutter contre l'immigration illégale, certains ne cachent plus leur exaspération.
À l'image de Mohsen Nabti porte-parole du mouvement politique appelé « Courant populaire » et soutien du président Saïed. « J'aimerais savoir : c'est nous qui avons colonisé le Mali ? C'est nous qui avons des troupes au Niger ? C'est nous qui avons occupé le Burkina-Faso ? C'est nous qui avons fomenté des coups d'État au Tchad ou les Français et l'Union européenne ? Ces pays récoltent ce qu'ils sèment. »
Ne pas jouer le rôle de « gardes-frontières de l'Europe », cette expression utilisée d'abord par le pouvoir tunisien est désormais sur toutes les langues ici. Dans ce concert d'unanimité, une voix dissonante. Celle d'Ahmed Ounaies, ancien ministre des Affaires étrangères tunisien et commentateur régulier de l'actualité de son pays.
« On doit comprendre que nous avons besoin de collaboration internationale pour faire face à l'immigration irrégulière sinon on ne va pas s'en sortir. Si on veut faire face à ce phénomène que nous subissons et dont nous n'arrivons pas à faire face avec nos propres moyens, nous devons avoir recours à une collaboration régionale et internationale. »
Le président tunisien Kaïs Saïed est attendu à Paris ce mercredi afin d'assister au sommet « pour un nouveau pacte financier mondial ». Il y a fort à parier que ses interlocuteurs lui parleront encore d'immigration.