Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a précisé que cet appui permettra d'acquérir les équipements nécessaires et d'organiser les formations utiles des sécuritaires et des gardes-frontières pour aider la Tunisie à contenir au maximum les flux des migrants irréguliers. «Nous savons tous que la Tunisie est la première victime de ce phénomène», a-t-il dit.
La Tunisie et l'Europe ont scellé, lundi 19 juin, une nouvelle séquence de leurs relations. Celle-ci est basée sur une aide financière immédiate dans le cadre de la lutte contre la migration irrégulière; une promesse de prêts ultérieurs de l'ordre de 900 millions d'euros et enfin pas mal d'effusions ou, en tous les cas, de déclarations d'affection.
Dimanche 11 juin, l'Europe était venue en force en Tunisie pour annoncer divers soutiens.
Dimanche 18 juin, ce sont deux poids lourds de la lutte contre l'immigration irrégulière : les ministres de l'Intérieur français et allemande qui ont fait le voyage de Carthage.
Cette visite vise à «renforcer la coopération entre la France, l'Allemagne et la Tunisie, en lien avec l'Union européenne», rapportent les médias français.
Elle intervient une semaine après la visite de la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, accompagnée par la présidente du Conseil italien, Girogia Meloni, et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, le dimanche 11 juin, laquelle était focalisée sur la thématique de la migration, ainsi que sur la coopération économique et énergétique.
Sur le plan financier, Gérald Darmanin a annoncé une enveloppe de 25,8 millions d'euros pour la lutte contre la migration irrégulière qui, selon lui, a été «accordée». Elle vient en renfort de l'enveloppe promise par l'UE et qui est de 100 millions d'euros.
S'exprimant lors d'un point de presse tenu, lundi, à Tunis, avec son homologue allemande, Nancy Faeser, le ministre français a précisé que cet appui permettra d'acquérir les équipements nécessaires et d'organiser les formations utiles des sécuritaires et des gardes-frontières pour aider la Tunisie à contenir au maximum les flux des migrants irréguliers.
«Nous savons tous que la Tunisie est la première victime de ce phénomène qui nécessite les efforts de toutes les parties concernées, pour y faire face», a-t-il dit.
Dans le même contexte, Gérald Darmanin a souligné l'impératif de lutter «avec énormément d'énergie» contre les réseaux de passeurs qui profitent des instabilités causées par les désordres mondiaux, les crises régionales ou encore les dérèglements climatiques pour faire passer des milliers de personnes inconscientes des risques des traversées irrégulières. Selon le ministre français, l'approche européenne de lutte contre la migration irrégulière repose sur la prévention contre les flux migratoires, les secours à apporter aux personnes qui traversent la Méditerranée, l'accompagnement au retour et leur réintégration dans leurs pays d'origine. La coopération sécuritaire est importante pour les deux pays, la question est comment aider la Tunisie à empêcher les flux migratoires irréguliers arrivés, au premier lieu, sur le territoire tunisien, a-t-il fait noter.
«Non à l'implantation des migrants sur le sol tunisien, non au rôle de gendarme»
Le Président de la République Kaïs Saïed, recevant, hier, au Palais de Carthage, la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, et le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a réaffirmé que «la Tunisie n'acceptera pas l'implantation des migrants sur son propre sol».
Le Chef de l'Etat a saisi l'occasion pour réitérer sa position fermement hostile à ce que la Tunisie soit réduite à un Etat-gendarme dont la mission essentielle consiste à veiller à protéger les frontières des autres pays, indique la présidence dans un communiqué.
Par ailleurs, le Président Saïed a réaffirmé sa position plaidant en faveur d'«une nouvelle approche du phénomène de la migration irrégulière qui s'attaque aux causes et aux origines et non seulement aux incidences et aux retombées», appelant à ce titre à la nécessité de conjuguer les efforts, afin de faire face à la montée en puissance de ce phénomène «inhumain».
Toujours selon la même source, la rencontre a été l'occasion d'évoquer les relations stratégiques de coopération et de partenariat entre la Tunisie et l'Union européenne dans divers domaines, et de réaffirmer la volonté commune de les renforcer et de les promouvoir davantage vers des horizons plus larges, selon de nouvelles visions et perceptions.
La Méditerranée centrale devenue la première route de migration irrégulière vers l'Europe
Selon les derniers chiffres publiés par Frontex (Agence de l'Union européenne chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures de l'espace Schengen) et consultés par La Presse, la Méditerranée centrale est devenue la première route migratoire vers l'Europe au cours des 5 premiers mois de l'année 2023, avec une hausse de 160% par rapport à la même période de l'année précédente. Le nombre d'arrivées relevées en Europe à travers cette route a dépassé 50.000, soit 50% du total. D'autres chiffres qui témoignent cette fois-ci du drame humanitaire qui se déroule aux frontières de l'Europe.
Depuis 2014, le nombre de naufrages de bateaux ne cesse de s'alourdir. La Méditerranée centrale est devenue ces dernières années la route la plus meurtrière pour les candidats à l'asile. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait état de plus de 56.000 morts de migrants dont 33.700 par noyade, en près de dix ans. Ces chiffres sont probablement sous-évalués, puisqu'ils ne prennent pas en compte ceux qui se noient loin des regards avant d'atteindre l'Europe.