Mali: Adoption d'une nouvelle constitution - Un pas vers le retour à l'ordre constitutionnel ?

Photo d'archives - Visite de Goodluck Jonathan, médiateur de la Cédéao, pour faire le point sur la transition
analyse

Exit donc la Constitution de 1992 ! C'est le moins que l'on puisse dire avec l'adoption de la nouvelle Loi fondamentale que les militaires au pouvoir appelaient de tous leurs voeux au Mali. Désormais, au lieu d'un régime sémi-présidentiel, le pays passe à un régime hyper-présidentiel où le président n'est pas loin d'un démiurge ; tant il dispose des pleins pouvoirs.

Et ce n'est pas tout. Car, puisqu'elle a été voulue, pensée et élaborée par des gens en treillis qui sont arrivés au pouvoir dans les conditions que l'on sait, c'est-à-dire après deux coups d'Etat, la nouvelle Constitution les met non seulement à l'abri de toute poursuite judiciaire, mais aussi elle donne la possibilité à certains d'entre eux de candidater à la présidentielle de 2024.

Dès lors, on comprend pourquoi depuis l'annonce de la victoire du « Oui » au référendum, Assimi Goïta et ses ouailles exultent et cela, en dépit des tirs de barrage de certains partis politiques et acteurs de la société civile soutenus par des leaders religieux dont l'emblématique imam Mahmoud Dicko.

Certes, on peut trouver à redire sur le taux de participation, surtout quand on sait que le scrutin n'a pas pu se tenir dans certaines localités du pays. Mais pour la junte au pouvoir et ses soutiens, le plus important est l'approbation de la nouvelle Constitution. Pour eux, l'organisation, en elle-même du scrutin, traduit la bonne foi, s'il en est, des autorités de la transition, d'oeuvrer à un retour à l'ordre constitutionnel normal au Mali.

Le nouveau texte divise tellement les Maliens que le président Assimi Goïta et ses partisans feraient mieux d'avoir le triomphe modeste

Mieux, ils espèrent ainsi s'attirer les bonnes grâces de la communauté internationale, notamment la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui tient au respect des délais impartis à la transition.

En tout cas, si elles ont réussi à organiser le référendum constitutionnel dans un contexte sécuritaire délétère, les autorités maliennes n'ont désormais aucun argument pour justifier un éventuel non-respect du calendrier électoral validé par l'organisation sous-régionale.

Elles n'ont plus le choix que de respecter leurs engagements au risque de s'attirer à nouveau les foudres de la communauté internationale qui veille au grain. Toutefois, le tout n'est pas de réussir à faire adopter une nouvelle Constitution. Car, il faut le dire, le nouveau texte divise tellement les Maliens que le président Assimi Goïta et ses partisans feraient mieux d'avoir le triomphe modeste.

Plutôt que de pavoiser, ils gagneraient à poursuivre le dialogue avec les partisans du « Non », de sorte à aplanir les divergences sur certaines dispositions constitutionnelles querellées. Un compromis est toujours possible pour peu que les uns et les autres fassent montre de bonne foi dans l'intérêt supérieur du pays. En tout cas, il faudra tout faire pour qu'à la grave crise sécuritaire actuelle, ne vienne s'ajouter une crise sociopolitique au Mali qui peine à retrouver ses marques.

Il ne faudra surtout pas que les bidasses qui avaient, à leur arrivée, été accueillis en libérateurs, se muent subitement en bourreaux avec toutes les conséquences qui peuvent en découler. Le Mali n'a pas besoin de ça ! Il aspire plutôt à des lendemains meilleurs sous le leadership de dirigeants éclairés et visionnaires.

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