Sierra Leone: Elections générales - Plus de peur que de mal

Photo d'archives - La police tient des boucliers après des batailles en cours avec des partisans du parti d'opposition du peuple de la Sierra Leone dans le quartier de Goderich à Freetown.
analyse

Les Sierra-Léonais étaient appelés, le 24 juin dernier, aux urnes, pour élire leur président, leurs députés et leurs conseillers municipaux. Pour la magistrature suprême, treize candidats étaient en lice dont le président sortant, Julius Maada Bio, qui brigue un second mandat et son principal adversaire de 2018, Samura Kamara du parti Le Congrès de tout le peuple (APC). Mais contrairement à ce que l'on redoutait, à savoir les violences, les votes se sont déroulés plutôt dans le calme.

En tout cas, en dehors de quelques escarmouches, il n'y a pas eu de heurts ni de tentative de prise en otage du scrutin. Même l'opposition qui demandait la démission du président de la Commission électorale nationale (NEC) qu'elle accuse d'être à la solde du président Maada Bio, a accepté de mettre de l'eau dans son vin. Plus de peur que de mal donc. Preuve, s'il en est, que les Sierra-Léonais ont tiré leçon de leur passé fait de coups d'Etat, de guerre civile et autres violences politiques. Et c'est tant mieux !

C'est dire s'il faut féliciter tous les acteurs dont les efforts ont donné tort aux oiseaux de mauvais augure. Cela dit, cette phase des votes étant franchie avec succès, il faut poursuivre le dialogue afin que les résultats qui sortiront des urnes, soient acceptés de tous.

Certes, ce n'est pas une mince affaire au regard des enjeux et du poids des candidats en compétition. Faut-il le rappeler, la victoire du président Maada Bio, en 2018, au second tour, face à Samura Kamara, s'était jouée dans un mouchoir de poche, 51,81% des voix contre 48,19% pour son challenger.

La commission électorale doit mettre un point d'honneur à publier des résultats fiables

Et tout laisse croire que le vainqueur de la présidentielle de cette année, ne pourrait être que l'un des deux hommes. Autant dire que c'est un duel sur fond de revanche entre deux gladiateurs qui se connaissent bien. Il faut, à tout prix, éviter toute contestation électorale.

Et le jeu en vaut la chandelle surtout que la Sierra-Leone, très affaiblie sur le plan économique, avec un taux d'inflation atteignant, en mars dernier, 41,5% sur un an, réunit toutes les conditions d'une crise sociale. C'est dire si la commission électorale qui est dans le viseur de l'opposition, doit mettre un point d'honneur à publier des résultats fiables, transparents et vérifiables.

Cela dit, le tout n'est pas d'organiser des élections, mais d'oeuvrer surtout à apporter des réponses aux préoccupations des populations qui font face à une envolée des prix des denrées de première nécessité.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que quel que soit le président qui sera élu, il fera face à une montagne de défis. C'est d'autant plus vrai qu'en plus des défis économiques, la jeunesse sierra-léonaise ploie sous le poids du chômage et de la pauvreté.

A cela, il faut ajouter la question des libertés individuelles et collectives puisque certains candidats dont Samura Kamara et la maire sortante de la capitale, candidate à sa réélection et membre de l'APC, ont eu maille à partir avec la Justice, sans oublier les défenseurs des droits humains qui dénoncent des abus de la part du gouvernement.

En tout état de cause, les Sierra-Léonais gagneraient à faire preuve de sagesse et de réalisme afin d'éviter de réveiller les vieux démons. Ces élections générales doivent contribuer à tirer la démocratie sierra-léonaise vers le haut et à jeter les bases d'un nouveau contrat social. C'est l'unique voie qui permettra à l'ancienne colonie britannique d'amorcer son développement économique, social et politique et d'éviter ainsi au pays, le chaos.

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