Les familles des victimes de l'attaque dans une école secondaire de présumés ADF qui a fait 43 morts dans la nuit du 16 au 17 juin dans la ville de Mpondwe du district de Kasese, à la frontière avec la RDC, continuent de faire leur deuil. Mais plus d'une semaine après l'attentat, certains sont encore dans le doute.
Après l'attaque meurtrière à l'école de son fils de 17 ans, Kule Safati Mirundu a tout fait pour retrouver la trace de son enfant.
« Je suis immédiatement allé à l'hôpital, mais mon fils n'était pas parmi les morts. Après, je suis vite allé à l'école, mais les corps étaient brûlés à un tel niveau qu'on ne pouvait pas reconnaître les nôtres. »
Au total, 17 corps n'ont pas encore été identifiés, pour la plupart retrouvés dans le dortoir des jeunes garçons de l'école. Pour le père de famille, le plus difficile est de ne pas savoir si son fils est mort au cours de l'attaque, ou s'il a été enlevé par les assaillants avec d'autres étudiants. « Je me sens mal. Même maintenant, je ne me sens pas moi-même, surtout que je ne sais pas ce qui est arrivé à mon fils, s'il fait parmi des kidnappés ou des brûlés. Même maintenant, sa mère est au lit, malade de tristesse, car elle ne sait pas si son fils aura un enterrement décent. »
Le ministre d'État de l'Information Goddfrey Kabbyanga a affirmé ce lundi à Mpondwe que trois élèves ont été enlevés par les ADF. Quant aux corps non identifiés, l'enquête est en bonne voie, affirme le lieutenant Mate Magwara, l'un des responsables de la sécurité du district.
« Nous avons amené les corps à Fort Portal, où la police conduit les tests ADN pour reconnaître les proches de chaque défunt, pour qu'ils puissent avoir un enterrement décent. »
De premiers résultats des tests ADN doivent être rendus ce mardi, et une partie des corps, une fois identifié, remis directement à leurs proches.
Retour sur les lieux d'une attaque éclair
Sur les lieux de l'attaque, les ruines de l'établissement scolaire témoignent de l'assaut du groupe rebelle, originaire d'Ouganda mais basé à l'est de la RDC depuis plus d'une vingtaine d'années. Les vitres brisées et le mur noirci par les flammes laissent deviner la violence de l'incendie déclenché par les assaillants. « Ici, c'était le dortoir des garçons, où la plupart des étudiants ont été brûlés jusqu'aux cendres, jusqu'à ne plus être reconnaissables ».
Dans la pièce, il ne reste plus que les structures en ferrailles des lits superposés et quelques affaires recouvertes de gravats. Masereka Jockus, président du conseil de la localité de l'école secondaire Lhubirira, a entendu vers 22h30 le 16 juin des coups de feu, avant d'être appelé par certains habitants du quartier. « Ils disaient que leurs magasins étaient pillés, j'ai dû sortir pendant la nuit, et courir pour chercher un véhicule auprès de la police pour récupérer ces gens qui étaient sévèrement blessés et les emmener à l'hôpital », se rappelle-t-il.
Au total, trois bâtiments de l'école ont été brûlés par les présumés ADF, les deux dortoirs et une pièce de stockage. Une attaque éclair, terminée en quelques minutes, ont observé les voisins de l'établissement. « Ils ont vu ces ADF s'enfuir avec quelques élèves. Ils leur avaient donné des sacs de farine de manioc, de maïs et des haricots, les forçant à porter cette nourriture pour eux. »
Selon les autorités, la dernière attaque des ADF dans cette localité s'est déroulée en novembre 1996. Avec une cinquantaine de morts, elle est considérée comme la toute première offensive de masse du groupe rebelle créé quelques années plus tôt.