Dix jours après le massacre de présumés ADF dans une des écoles secondaires de la ville frontalière de Mpondwe, qui a fait 43 morts, les autorités ont rendu ce mardi les résultats de premiers tests ADN pour l'identification des corps qui avaient été brûlés par les assaillants. Les défunts ont été remis à leur famille pour qu'ils puissent organiser leur enterrement. Tandis que les autorités recherchent toujours les autres élèves disparus et poursuivent l'enquête.
Autour de l'hôpital de Bwera, les habitants du quartier s'étaient rassemblés pour l'arrivée du camion de police transportant les 11 corps des victimes enfin identifiées. Un à un, chaque cercueil est déposé dans une camionnette pour être conduit sur le lieu de l'enterrement. Parmi les défunts, le petit-fils de 16 ans de James Sibasi.
« Nous remercions Dieu, parce que nous n'allions pas bien et nous nous demandions si nous allions pouvoir récupérer son corps. Il faisait partie de ceux qui ont disparu, on ne savait pas s'il avait été enlevé ou brûlé. Mais nous sommes soulagés, au moins, nous sommes sûrs de lui assurer un enterrement décent. »
De nouveaux tests ADN doivent être conduits sur les sept corps restants à identifier. Quant aux élèves emmenés par les présumés ADF de l'autre côté de la frontière, ils sont encore recherchés par les autorités, selon le ministre d'État de l'information et des directives nationales, Godfrey Kabbyanga.
« Il y a toujours des élèves disparus, et nous continuons de poursuivre les mauvais éléments pour voir si nous pouvons secourir ces enfants. Nous voudrions demander aux familles de rester calmes. Nous prions pour pouvoir retrouver ces enfants en vie, mais tout peut arriver. Le plus important, est de savoir si son proche est mort ou vivant, et nous assurons que nous allons y parvenir. »
Les recherches sont menées par les militaires ougandais de l'opération Shujaa à l'est de la RDC, dont l'une des bases arrières est située dans la ville congolaise de Kasindi, située tout juste à quelques kilomètres de l'école secondaire de Lhubirira où s'est produit le massacre.
Interrogations sur de possibles complicités locales
De nombreuses mesures sécuritaires ont été renforcées dans la zone. Contrôles plus importants au passage de la frontière, déploiement de nouvelles unités militaires. La priorité est également donnée à l'enquête pour déterminer les circonstances du massacre, notamment au niveau de potentiels collaborateurs des présumés ADF parmi la population locale.
Hospitalisé depuis l'attaque dans son école, Godwin Mumbere, 18 ans, se remet d'une blessure par balle à la main. Selon le jeune étudiant, les assaillants sont arrivés dans la soirée du 16 juin et ont forcé la porte du dortoir. « Ils ont commencé à retourner les lits, un par un, et j'ai réussi à me cacher sous l'un d'entre eux. Alors qu'ils continuaient, un autre lit m'est tombé dessus. À ce moment, ils ont commencé à frapper avec leurs machettes mes camarades et quand ils ont terminé, ils sont sortis un moment. »
Les présumés ADF sont ensuite revenus mettre le feu au bâtiment, et le jeune homme a réussi à s'enfuir après leur départ. Il se rappelle d'attaquants parlant swahili et lukonzo, sa langue locale. Depuis le massacre, selon Sunday Peter Kakule, responsable local du groupe sécuritaire de huit circonscriptions aux abords de la frontière, les autorités recherchent les habitants qui ont pu aider les assaillants.
« À travers les renseignements, nous avons reçu certains indices qui montrent que parmi la population, il y a certains mauvais éléments qui collaborent avec les ADF. Ils sont arrêtés un par un. Mais avant tout, nous avons maintenant tellement de jeunes, ce sont des proies faciles, une fois qu'ils sont convaincus par de mauvais éléments qu'ils vont avoir un emploi, car ils cherchent à trouver un moyen de survivre, et on les retrouve recrutés pour venir combattre leur propre pays. »
Après l'attaque, le porte-parole de la police Fred Enanga a affirmé que 20 collaborateurs des présumés ADF avaient été arrêtés. En novembre 2021 déjà, après les attentats à la bombe à Kampala, les forces de l'ordre dénonçaient la recrudescence de « cellules terroristes dormantes » dans le pays.