Soudan: Violents combats à Khartoum, les deux généraux ennemis s'expriment pour l'Aïd

Général Mohamed Hamdane Daglo dit Hemedti

Les combats ont fait rage mardi 27 juin à Khartoum entre les paramilitaires qui menacent de prendre la ville et l'armée qui appelle désormais tous les jeunes du Soudan à s'engager sous les drapeaux, à la veille de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha.

Dans la capitale, les combats entre l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », se concentrent désormais autour des bases militaires. Les FSR sont, depuis le début de la guerre, le 15 avril, présentes en masse dans les quartiers résidentiels où elles avaient établi de longue date leurs bases. L'armée, elle, tente de jouer de son principal atout : les airs, qu'elle contrôle seule, sans que son infanterie parvienne à prendre pied dans l'immense ville traversée par deux bras du Nil.

Depuis plusieurs jours, les FSR tentent de prendre les dernières bases de l'armée dans la capitale où se terrent encore des millions d'habitants --près d'un million et demi sont partis, fuyant les balles perdues et les coupures d'eau et d'électricité sous une chaleur harassante. Les FSR ont pris le QG de la police et son immense arsenal dans le sud de Khartoum et elles ont harcelé ce mardi l'armée sur des bases dans le centre, le nord et le sud de Khartoum, ont rapporté des habitants à l'AFP. Si elles prennent ces dernières bases, elles auront pris le contrôle de Khartoum, assurent les experts.

Les deux généraux s'adressent à la nation

À l'occasion de l'Aïd al-Adha, les deux généraux en guerre se sont fendus d'un message à la nation. Le général al-Burhan pour appeler à la télévision d'État « tous les jeunes du pays et tous ceux qui peuvent le défendre à ne pas hésiter à le faire (...) ou à rejoindre les unités militaires ». Et le général Daglo pour répondre dans un enregistrement vocal mis en ligne aux accusations de « crimes contre l'humanité » de l'ONU et de guerre « ethnique » au Darfour (ouest), où ses anciens miliciens sont accusés d'atrocités dans la sanglante guerre lancée en 2003.

Mardi, de nouveau, la Troïka pour le Soudan --Norvège, États-Unis et Grande-Bretagne-- a dénoncé des « violations des droits humains, violences sexuelles et violences à dimension ethnique, attribuées globalement aux FSR et à leurs milices alliées ». Le patron des paramilitaires a promis « des actions rapides et strictes » à l'encontre de ses hommes qui ont mené de telles exactions, alors que les FSR assurent avoir commencé à juger certains membres « indisciplinés ».

Et alors que les appels aux civils se multiplient pour manifester massivement contre les exactions des FSR à Khartoum ce vendredi 30 juin, Hemedti a mis en garde contre les tentatives de l'armée d'utiliser les civils dans la guerre.

Nous avons suivi, les appels à manifester dans des zones d'opérations militaires lancées par l'armée. Nous respectons le droit à manifester pacifiquement, mais ces appels sont un complot malveillant qui entraîne les civils dans la guerre. Ce stratagème vise à dissimuler l'échec des survivants de l'ancien régime dans leur guerre contre nos vaillantes forces. Ils veulent utiliser des civils non armés comme carburant pour cette guerre. Nous appelons à ne pas répondre à ces appels et à éviter les manifestations dans les zones d'opérations militaires afin d'assurer la sécurité de nos citoyens innocents. Leur tentative de solliciter l'aide des citoyens est ridicule. Celui qui se soucie des civils ne les bombarde pas en usant d'avion et d'artillerie. Cela se produit maintenant, comme cela s'est produit dans le passé dans des nombreuses régions du Soudan. Le problème national auquel nous sommes confrontés dans ces circonstances délicates nécessite l'unité et la solidarité de tous pour éliminer ces personnes corrompues qui ont détruit le Soudan et qui cherchent toujours à rétablir leur règne.

Le général Hemedti accuse l'armée de vouloir impliquer les civils dans la guerre

Le général Daglo, lui-même issu d'une tribu arabe du Darfour, a appelé à « éviter de plonger dans la guerre civile » cette région riche en or où vit plus du quart des Soudanais. Le général al-Burhan, lui, a dénoncé, comme de nombreux habitants des ethnies non-arabes, un « génocide » des FSR.

 

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