L'homme fort de l'Est libyen, Khalifa Haftar, a à nouveau appelé à une répartition équitable des recettes pétrolières. Principale source de revenus du pays, elles sont très souvent au coeur des querelles entre camps rivaux à l'est et à l'ouest du pays. Mais elles sont gérées par la Compagnie nationale de pétrole et la Banque centrale, basées à Tripoli, à l'Ouest.
Dans son allocution à Ar-Rajma, près de Bengazi, dans l'Est libyen, le maréchal Haftar a invité les autorités de Tripoli à former une haute commission pour mettre en place « les dispositions financières d'une gestion équitable des fonds publics et des revenus pétroliers ». Il laisse à cette commission un délai de deux mois pour rendre son travail. En l'absence de réaction, il a prévenu qu'il agirait militairement. « Les forces armées seront prêtes à répondre aux instructions le moment venu », a déclaré Khalifa Haftar, menaçant en raison de sa gestion financière le gouvernement de Tripoli dirigé par Abdel Hamid Dbeibah.
Ce gouvernement, désigné par l'ONU en février 2021, devait mener le pays aux élections générales en 2022, mais il a échoué. La communauté internationale l'a maintenu en place pour organiser celles espérées avant la fin de cette année, mais les Libyens ne s'entendent toujours pas sur le cadre juridique de ces élections.
Menaces de blocage
Il y a plus d'un an, les divisions ont refait surface et le Parlement basé à l'est a nommé un nouveau gouvernement. Oussama Hamad, le chef de ce gouvernement parallèle, a menacé le 24 juin de bloquer les exportations d'hydrocarbures, exigeant une saisie des revenus pétroliers gérés par les rivaux dans l'Ouest libyen.
Fin juin, Richard Norland, l'ambassadeur américain à Tripoli a exhorté les acteurs politiques à renoncer aux menaces d'un blocage pétrolier, « hautement néfaste à l'économie du pays ».
En réponse, le maréchal Haftar l'accuse d'ingérence dans les affaires internes du pays : « Les ambassadeurs de certains pays, surtout un dénommé Norland, ont échoué à contribuer à la solution de la crise libyenne et ont au contraire approfondi les différends entre Libyens », a-t-il lancé sous les applaudissements de ses officiers.