Congo-Kinshasa: Au procès des taxis kidnappeurs, les victimes espèrent un jugement qui fera cesser le phénomène

Des bandes criminelles ont enlevé contre rançon au moins 170 personnes près du Parc national des Virunga en République démocratique du Congo entre avril 2017.

En République démocratique du Congo, une trentaine de personnes sont jugées depuis mercredi 5 juillet à Kinshasa pour enlèvement, association de malfaiteurs et meurtres, accusés d'avoir enlevé des civils dans des taxis. Ce phénomène a pris des proportions inquiétantes dans la capitale congolaise, et crée une sortie de psychose dans la population. Plusieurs victimes ont pris la parole devant le tribunal de grande instance de Kinshasa.

« Ils se font toujours accompagner d'une femme - surtout quand il faut enlever une dame - pour mettre [les habitants] un tout peu en confiance et ce sont des jeunes qui ne vous donnent pas l'air d'être des criminels », explique Laura.

Ce jour-là, cette Congolaise de 30 ans monte à bord d'un taxi immatriculé, mais elle tombe aux mains de jeunes ravisseurs. À l'approche d'une route dégagée, le conducteur et ses complices dévoilent leurs intentions :

« J'ai reçu des coups, j'ai été tabassée, ils m'ont menacée, ils m'ont traumatisée, ils ont carrément tout pris, raconte-t-elle. Ils exigeaient une certaine somme d'argent. Je n'avais pas le choix que de partager l'information autour de moi que j'étais kidnappée et que les kidnappeurs exigeaient une rançon. Cela se passe généralement avec le "Mobile money". Mes correspondants à moi recouraient carrément au Mobile money et je n'ai pas eu le choix que de leur donner carrément mes mots de passe pour recevoir de l'argent venant de partout. »

Les négociations ont eu lieu pendant que la voiture roulait : « J'ai toujours l'impression que ça me reviendra un jour. J'ai peur, je préfère encore me déplacer par mes moyens de motocycliste que prendre un transport en commun. »

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Le mois dernier, une dizaine de cas ont été rapportés à la police, d'autres ne sont pas dénoncés. Certaines victimes sont même tuées puis jetées dans des caniveaux. Face à ce phénomène, les autorités de la ville ont pris des mesures dissuasives.

« Des patrouilles mixtes seront effectuées par les différents services de sécurité, mais également des check point (seront mis en place) pour pouvoir traquer ces inciviques qui s'évertuent à semer désolation et psychose dans la capitale », promet le ministre provincial de l'Intérieur Gratien Tsakala.

Même quand les ravisseurs sont arrêtés ou jugés, les victimes craignent qu'ils soient rapidement relâchés.

Condamnation à perpétuité requise, la partie civile demande un jugement dissuasif

La condamnation à perpétuité a été requise par le procureur contre la trentaine d'accusés, jugés en procédure de flagrance.

La partie civile dans ce procès espère que le jugement qui sera rendu ce jeudi par le tribunal sera dissuasif et que ce procès « intimide » d'autres kidnappeurs et voleurs, selon Maître Christian Kasongo, l'un des avocats des parties civiles.

La population doit se rassurer, la justice fonctionne quand même. Vous allez au jury seulement, même tard dans la nuit, suivre la sentence qui sera tombée. Je ne dis pas qu'ils seront condamnés, parce que je ne suis pas le juge, mais moi, en tant qu'avocat de la partie civile, je prie pour qu'ils soient condamnés, pour que ce soit un procès pédagogique, pour que ceux qui sont cités. Parmi la foule ici présente, il y a aussi des kidnappeurs, il y a aussi des Kuluna, il y a aussi des voleurs, qui sont venus suivre. C'est bien d'entendre la condamnation, cela peut intimider, cela peut effrayer, et peut-être d'ici décembre 2023, on pourra vivre en paix.

Maître Christian Kasongo, l'un des avocats des parties civiles. espère une condamnation exemplaire pour «intimider» et «effrayer» d'autres potentiels kidnappeurs

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