La situation des migrants subsahariens livrés à leur sort dans la ville de Sfax et aux frontières algériennes et libyennes ne s'améliore pas. Kaïs Saïed a déclaré, samedi 8 juillet, qu'ils étaient bien traités, contrairement à ce que des « agents étrangers » tentent de faire croire en « répandant de fausses informations ». Le président a ajouté que la Tunisie n'était pas un appartement à louer ou à vendre et que ces migrants avaient été forcés de quitter leur pays par des réseaux criminels. Un discours qui contraste avec les images de ces derniers jours.
Ce week-end, la centaine de migrants regroupés dans le centre-ville de Sfax était encore sur place, selon les témoignages. Depuis jeudi, Mohamed Salah, jeune homme guinéen de 18 ans, attend de trouver une solution après avoir été chassé de son logement : « On a des femmes enceintes qui sont là, on a des bébés, des enfants. Donc l'ambassade n'a qu'à faire quelque chose pour les frères guinéens qui sont là. »
Les expulsions de ces derniers jours ont touché même des migrants en règle comme Cherif Almami, un Guinéen venu se faire soigner en Tunisie : « J'ai ce qu'on appelle un décollement de la rétine, et la maladie n'est pas traitée en Guinée. Le mieux, c'est d'être là pour se faire soigner. Et après, je pars et je reviens pour des soins. J'ai des cachets dans mon passeport mais qu'est-ce qu'il se passe ? Ils viennent et ils m'attaquent chez moi. »
« On attend que le gouvernement tunisien nous aide »
Ces migrants ne sont pas les seuls à vivre dans la rue. La ville a aussi vu défiler, ces trois derniers mois, de nombreux migrants soudanais qui fuient la crise dans leur pays et tentent d'aller en Italie. Ils vivent depuis trois mois dans un autre parc à Sfax comme Swany, 18 ans : « C'est comme ça que nous vivons actuellement, il n'y a pas d'autre option, donc on doit s'adapter, c'est tout. »
À ses côtés, Mohamed, également Soudanais, dit s'être réfugié en Tunisie depuis la Libye : « On attend que le gouvernement tunisien nous aide et nous offre un lieu où rester en attendant, un abri au moins. »
Mais la Tunisie peine à gérer sa crise migratoire. Pendant le week-end, de nombreuses associations ont exhorté le gouvernement à agir face aux témoignages de migrants en détresse, transportés de force vers les frontières libyennes et algériennes, et abandonnés sur place sans eau ni nourriture.
Selon les dernières informations, le croissant rouge tunisien a pu se rendre sur place pour fournir des soins de première nécessité et des denrées alimentaires, mais la situation de ces migrants aux frontières reste très précaire.