Soudan: Destruction d'une ville au Darfour

Un camp de réfugiés au Darfour, dans l'ouest du Soudan.
communiqué de presse

La CPI devrait enquêter sur les meurtres et les pillages perpétrés par les Forces de soutien rapide et des milices arabes

  • Les Forces de soutien rapide et des milices arabes qui leur sont alliées ont sommairement exécuté au moins 28 membres de l'ethnie Massalit, et ont tué et blessé des dizaines de civils le 28 mai 2023, dans l'État du Darfour occidental, au Soudan.
  • Le massacre de civils et la destruction totale de la ville de Misterei démontrent combien une réponse internationale renforcée est nécessaire face à l'aggravation du conflit.
  • Les belligérants soudanais devraient cesser leurs attaques contre les civils et permettre un accès sûr à l'aide humanitaire. Le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) devrait enquêter sur ces attaques dans le cadre de son enquête sur le Darfour.

(Nairobi) - Les Forces de soutien rapide (FSR) et les milices arabes qui leur sont alliées ont sommairement exécuté au moins 28 membres de l'ethnie Massalit et ont tué et blessé des dizaines de civils le 28 mai 2023, dans l'État du Darfour occidental au Soudan, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Nombre de ces exactions, commises dans le cadre du conflit armé au Soudan, constituent des crimes de guerre.

Plusieurs milliers de combattants des FSR, la force militaire indépendante qui est en conflit armé avec l'armée soudanaise, et des milices arabes ont attaqué la ville de Misterei, où vivaient des dizaines de milliers d'habitants, appartenant principalement à l'ethnie Massalit. Les assaillants ont tué des hommes à leur domicile, dans la rue ou alors qu'ils se cachaient, et ont tiré sur des habitants qui prenaient la fuite, tuant et blessant des femmes, et infligeant des blessures à des enfants. Ces forces ont ensuite pillé et brûlé la majeure partie de la ville, forçant des milliers d'habitants à fuir vers le Tchad, au-delà de la frontière.

« Depuis que le conflit au Soudan a éclaté en avril, certaines des pires atrocités ont été commises au Darfour occidental », a déclaré Jean-Baptiste Gallopin, chercheur senior auprès de la division Crises et conflits à Human Rights Watch. « Le massacre de civils et la destruction totale de la ville de Misterei démontrent la nécessité d'une réponse internationale plus forte face à l'aggravation du conflit. »

Les parties belligérantes au Soudan devraient cesser d'attaquer les civils et permettre un accès sûr à l'aide humanitaire. Le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) devrait enquêter sur ces attaques dans le cadre de son enquête sur le Darfour.

Lors d'un travail de recherche sur le terrain en juin, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 29 survivants de l'attaque de Misterei qui ont fui au Tchad voisin. Une analyse d'images satellite et de données de détection des incendies montre que six autres villes et villages du Darfour occidental, dont Molle, Murnei et Gokor, ont également été incendiés. Les noms des personnes interrogées n'ont pas été divulgués par crainte de représailles.

Human Rights Watch a également mené des entretiens avec 37 réfugiés d'autres régions du Darfour occidental, notamment El Geneina et les villages de Tendelti, Adikong et Molle, qui ont décrit des abus similaires. Des incendies généralisés et apparemment délibérés ont été constatés à El Geneina, principalement dans des lieux où vivaient des milliers de personnes déplacées lors de précédentes attaques. Human Rights Watch a fait part de ses conclusions préliminaires à un conseiller du commandant des Forces de soutien rapide, en lui posant des questions sur les déploiements des FSR et sur les mesures prises pour demander des comptes aux auteurs de crimes, mais n'avait pas reçu de réponse au moment de la rédaction du présent rapport.

Depuis 2019, le Darfour occidental est l'épicentre de cycles de violence et de déplacement forcé ciblant les communautés non arabes. À la mi-avril, alors que les combats faisaient rage ailleurs au Soudan, les forces armées soudanaises et la police locale stationnées à Misterei ont quitté la ville. À la mi-mai, les Forces de soutien rapide et les milices arabes ont affronté le groupe d'autodéfense Massalit de la ville.

Le 28 mai, les Forces de soutien rapide et les milices arabes, circulant souvent à moto, à cheval ou en camionnette, ont encerclé la ville et affronté les civils armés Massalit issus du groupe d'autodéfense de la ville. Les assaillants, armés de fusils d'assaut, de canons sans recul, de grenades propulsées par roquettes et de mitrailleuses montées sur des véhicules, ont tiré sur les habitants de la ville qui tentaient de fuir.

« Les Forces de soutien rapide et les Arabes nous ont tiré dessus par derrière », a déclaré un homme de 76 ans. « J'ai vu trois personnes courir, se faire tirer dessus et s'effondrer près d'une épicerie. »

Les assaillants ont poursuivi les personnes qui cherchaient à se mettre à l'abri dans les écoles et dans la mosquée. Plusieurs femmes et enfants, ainsi que certains membres du groupe d'autodéfense blessés plus tôt dans les combats, se sont réfugiés dans un complexe scolaire, à la périphérie nord de la ville ; des assaillants sont entrés à plusieurs reprises dans les salles de classe à la recherche d'hommes, et ont exécuté sommairement ceux qu'ils ont trouvés.

Deux femmes qui s'étaient réfugiées dans une école ont déclaré que des assaillants avaient exécuté sommairement trois hommes et criblé de balles une salle de classe, blessant grièvement trois femmes et deux enfants. « Ils posaient des questions sur les jeunes... qui protègent le village », a déclaré une femme. « Où sont les hommes ? Où sont les garçons ? Nous les voulons tous ! Nous voulons les tuer ! Pourquoi n'avez-vous pas fui et quitté le pays ? Pourquoi êtes-vous encore ici ? Qu'attendez-vous ? »

Tout au long de la journée, les assaillants ont pillé les biens des habitants, volant du bétail, des semences, de l'argent, de l'or, des téléphones portables et des meubles.

Après avoir pillé les maisons, les assaillants y ont mis le feu. « Toute la ville était noyée dans la fumée », a déclaré une infirmière de 35 ans. L'analyse d'images satellite a confirmé que la ville avait été presque entièrement brûlée, en particulier les zones résidentielles.

Les assaillants se sont retirés dans la soirée, et les habitants ont commencé à chercher des survivants et des corps dans les rues et à l'intérieur des maisons et des écoles. Les corps d'au moins 59 personnes ont été enterrés dans des fosses communes. Les autorités locales ont déclaré qu'il avait été confirmé par la suite que 97 personnes avaient été tuées, y compris des membres des forces d'autodéfense. Selon le décompte de Human Rights Watch, au moins 40 civils, dont une femme, ont été tués, et 14 civils blessés, dont 5 femmes et 4 enfants.

Depuis le début du conflit en avril, plus de 300 000 personnes ont été déplacées rien qu'au Darfour occidental, selon les Nations Unies, et environ 217 000 personnes ont fui vers le Tchad. Environ 98 % des personnes enregistrées suite à leur arrivée au Tchad sont issues de la communauté Massalit. Environ 17 000 réfugiés de Misterei se trouvent toujours à Gongour, au Tchad, près de la frontière. La réponse humanitaire au Tchad reste largement sous-financée.

Les opérations de secours ont été largement interrompues fin avril au Darfour occidental, à cause d'attaques contre les convois d'aide humanitaire et les biens humanitaires, et de l'insécurité généralisée dans la région. Un travailleur humanitaire a déclaré que le Darfour était « largement coupé de toute nouvelle forme d'aide ».

Le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait exiger un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entrave à toute la région du Darfour. Les pays membres du Conseil de sécurité, les autres gouvernements, l'Union européenne et l'Union africaine (UA) devraient adopter et appliquer d'urgence des sanctions ciblées à l'encontre des responsables de graves abus, quels que soient leur position ou leur rang.

Le Bureau du Procureur de la CPI devrait enquêter sur l'attaque de Misterei et d'autres villages et villes du Darfour occidental dans le cadre de son enquête sur la situation au Darfour. Le Procureur devrait donner un aperçu des enquêtes qu'il compte mener, lors de son exposé devant le Conseil de sécurité prévu le 13 juillet.

« Les récits de celles et ceux qui ont survécu aux récentes attaques au Darfour occidental font écho à l'horreur, à la dévastation et au désespoir qui régnaient au Darfour il y a 20 ans », a déclaré Jean-Baptiste Gallopin. « Le Procureur de la CPI devrait enquêter sur ces abus particulièrement odieux, et les partenaires internationaux et régionaux du Soudan devraient sanctionner les FSR et les chefs des milices arabes responsables de ces attaques. »

Pour lire des d'informations plus détaillées sur les abus commis à Misterei le 28 mai 2023, veuillez voir ci-dessous. Les noms des personnes interrogées n'ont pas été divulgués pour leur protection.

Abus au Darfour occidental

Les violences commises depuis le mois d'avril au Darfour sont d'une ampleur considérable, même dans une région qui a été le théâtre d'innombrables atrocités contre les civils pendant deux décennies. Plus de 400 000 Darfouriens s'étaient déjà réfugiés au Tchad à cause de violences commises antérieurement.

Le Darfour occidental a été le théâtre d'abus à grande échelle dans les années 2000, notamment de nettoyage ethnique, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Depuis 2019, les Massalit et d'autres communautés non arabes, dont beaucoup ont été déplacées depuis le conflit du début des années 2000, subissent de plein fouet les nouvelles attaques de milices arabes, soutenues par les Forces de soutien rapide (FSR). Les forces de sécurité du gouvernement soudanais, qui ont la responsabilité de protéger les civils depuis que les forces de maintien de la paix des Nations Unies et de l'Union africaine se sont retirées du Darfour à l'issue de leur mandat fin 2020, ont à plusieurs reprises failli à leur mission de protection des communautés ciblées. Des groupes d'autodéfense ont vu le jour dans certaines communautés Massalit.

La ville de Misterei, située à 42 kilomètres au sud d'El Genaina, la capitale du Darfour occidental, se trouve à 7 kilomètres de la frontière avec le Tchad et compte environ 46 000 habitants. Ses habitants sont issus de communautés essentiellement agricoles, principalement Massalit, mais aussi des ethnies Zaghawa et Bargo, ainsi que des communautés arabes nomades. La ville compte au moins six écoles, un hôpital, un poste de police, un tribunal, un stade et un marché, qui sert de centre commercial pour les villages de la région.

En 2020, les tensions entre la population Massalit et les voisins arabes avaient déjà entraîné une attaque contre Misterei. Selon des sources locales, des milices arabes ont attaqué trois villages voisins en mai, puis Misterei en juillet, en représailles aux assassinats présumés de civils arabes par des Massalit armés. En juillet 2020, le Bureau de Coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) et le Comité des médecins du Darfour occidental ont signalé que des centaines de miliciens arabes avaient attaqué Misterei, causant la mort d'au moins 60 civils Massalit. Cette attaque fait suite à la formation d'un groupe armé d'autodéfense Massalit dans cette ville quelques mois plus tôt.

Fin avril 2023, suite au déclenchement du conflit à Khartoum entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les FSR, une partie de la police locale et la garnison de l'armée se sont retirées de Misterei sans en informer les dirigeants locaux ou les habitants. Les habitants ont déclaré que leur départ rendait la ville vulnérable. Auparavant, « les assaillants ne progressaient généralement pas plus loin dans la ville », a déclaré un habitant. En cas d'attaque, « la communauté locale [trouvait] un refuge sûr à l'intérieur de la garnison de l'armée ».

Les 26 et 27 mai, des FSR et des milices arabes ont commencé à se mobiliser à la périphérie de la ville. Selon les habitants, elles harcelaient les personnes qui s'aventuraient en dehors de la ville et se sont heurtées à un groupe armé Massalit positionné dans la montagne Dorondi, à 8 kilomètres à l'ouest de Misterei. Un autre groupe d'autodéfense était mobilisé sur la montagne Shorrong, à environ 450 mètres au sud-est de la ville, pour la protéger. Les habitants ont déclaré qu'ils commençaient à redouter que la ville ne fasse elle-même l'objet d'une attaque.

Attaque du 28 mai

L'attaque a commencé le 28 mai, peu après le lever du soleil. Les assaillants sont arrivés par vagues successives du côté ouest de la ville, l'attaquant par le nord et le sud.

Les habitants ont déclaré que les attaques semblaient coordonnées. Des assaillants à pied sont entrés dans les maisons, suivis par des assaillants à moto qui ont poursuivi les habitants dans les rues. Les pick-ups des FSR ont apparemment sécurisé les entrées et sorties des quartiers et tiré sur les civils qui fuyaient, y compris à distance.

L'assaut a commencé sur la montagne Shorrong, où des civils armés issus d'un groupe d'autodéfense s'étaient déployés. Un civil armé âgé de 30 ans, qui se trouvait sur place, a déclaré :

Vers 5h30, notre position a été attaquée depuis le sud-ouest. Nous n'avions que des kalachnikovs [fusils d'assaut]. Les Arabes et les FSR sont arrivés en grand nombre, d'abord à pied puis à moto : la première vague comptait environ 400 hommes à pied ; la deuxième, 150 à 200 motos ; la troisième, six véhicules des FSR que j'ai reconnus à leur emblème ; et la dernière, beaucoup de chevaux.

Les civils armés Massalit s'étaient divisés en groupes de 7 à 15 personnes, répartis dans plusieurs endroits de la ville selon les personnes interrogées. Au moins trois véhicules transportant des civils armés de l'Alliance soudanaise, un groupe armé majoritairement Massalit dirigé par Khamis Abbakar, gouverneur du Darfour occidental qui depuis a été tué, étaient positionnés près du marché.

D'après des témoins, les FSR et les milices arabes ont rapidement pris le dessus sur les civils armés Massalit, les obligeant à battre en retraite. Plusieurs d'entre eux ont été tués. Les attaques se sont poursuivies tout au long de la matinée, avec une accalmie en début d'après-midi, avant de reprendre brièvement en milieu d'après-midi.

Human Rights Watch n'a pas été en mesure de vérifier le nombre de combattants présents dans la ville ce jour-là et le nombre de ceux qui ont été tués au cours de ces combats.

Exécutions illégales et blessures

Les habitants ont décrit des scènes de panique et d'horreur quand les assaillants se sont répandus dans la ville et que les civils en fuite se dispersaient dans les rues. Les assaillants ont tiré sur plusieurs personnes dans la rue, notamment des femmes et des enfants, et ont pris d'assaut des maisons.

Un homme de 40 ans a déclaré que vers 7 heures du matin, il avait ouvert la porte de sa maison après avoir entendu des coups de feu dans son quartier d'El Shati et avait vu des hommes arabes armés de fusils d'assaut, de mitrailleuses et de grenades propulsées par roquettes (RPG), faisant du porte-à-porte et tirant au hasard. « Deux véhicules des forces de sécurité se sont arrêtés près de ma maison et ont tiré sur les fuyards », a-t-il déclaré. Alors qu'un combattant des FSR prenait position pour tirer, « quelqu'un l'a acclamé... : "Tuez l'esclave ! Tuez l'esclave !" »

Cet homme a ajouté que des miliciens arabes étaient alors entrés dans sa maison, avaient tiré sur son cousin « à plusieurs reprises, dans la poitrine » et l'avaient tué. Il a expliqué qu'il avait alors sauté par-dessus le mur et couru pour se mettre à l'abri.

Un autre homme âgé de 60 ans a déclaré avoir ouvert la porte de sa maison ce matin-là et avoir « vu des Arabes à moto tirer sur deux jeunes hommes qui étaient sur le pas de [sa] porte et qui couraient pour sauver leur peau ». L'une des victimes est morte sur le coup, a-t-il dit, et il a essayé d'aider l'autre, qui était blessé au bras. Mais « des Arabes à pied sont apparus [...] et sont entrés dans les maisons et ont tiré à l'intérieur », l'obligeant à fuir à son tour. « Les Arabes ont crié en me donnant l'ordre de m'arrêter, mais je n'en ai rien fait. Ils m'ont tiré dessus et une balle m'a traversé l'épaule droite. »

Les femmes, les enfants et certains hommes, y compris des blessés, ont commencé à fuir vers le principal complexe scolaire de la ville. Au Darfour, les bâtiments scolaires sont souvent considérés comme des lieux sûrs lors des attaques.

« Le nombre d'assaillants autour de nous était si élevé », a déclaré une femme de 20 ans qui a couru avec plusieurs membres de sa famille vers une école où se trouvaient « un très grand nombre » de personnes. Les assaillants ont abattu trois personnes qui couraient à ses côtés. Elle a ajouté :

Khadija [avait] un cheval et le tenait pour l'emmener avec elle à l'école. Ils l'ont arrêtée et lui ont dit : « Tu laisses ce cheval ! Laisse ce cheval ! », mais elle a refusé et ils l'ont abattue. Et quand ils ont vu cet homme [un imam], ils... l'ont abattu et ils ont abattu mon frère.

Elle a déclaré que les assaillants avaient tiré une balle dans la tête de son frère et de Khadija.

Une femme d'une trentaine d'années a déclaré qu'après avoir ouvert la porte de sa maison, elle avait vu « tant d'Arabes. Un groupe d'entre eux m'a regardée et a tiré en l'air : "Sortez !". Un autre a demandé : "Où sont les hommes ? Où sont les armes ? Personne ne doit rester ici !" » Après qu'elle se soit enfuie avec dix enfants de sa famille, les assaillants ont tiré sur sa fille et sur son petit-fils et les ont blessés :

[Les assaillants] couraient et nous courions aussi. Ils étaient plus nombreux, certains couraient derrière nous et d'autres, que nous avons croisés, étaient devant nous. Ils nous encerclaient... Ils tiraient... Lorsque nous avons atteint le quartier d'Adwa... ils ont tiré sur ma fille et mon petit-fils.

Elle a déclaré qu'une balle avait touché sa fille de 18 ans par derrière à la hanche et que son petit-fils de 3 ans avait été touché à la cuisse.

Un autre homme âgé de 76 ans a déclaré avoir vu des assaillants arabes tirer sur trois hommes par derrière alors qu'ils couraient dans la rue dans le quartier d'Al-Emtidad. Séparé de sa famille dans la bousculade qui a suivi, il s'est caché à l'intérieur de la mosquée Atik, près du complexe scolaire :

J'y ai rencontré un vieil homme. Nous nous sommes tous les deux cachés [sur la chaire]... Un Arabe armé est entré et nous a ordonné de descendre. Nous avons fait ce qu'il nous demandait et il a tiré sur... l'homme dans la poitrine et [l'homme] s'est effondré au sol. Moi aussi il m'a tiré dessus. Sa balle est passée au-dessus de mon oreille... puis il est parti. Le vieil homme s'est vidé de son sang devant moi et je l'ai recouvert d'un tapis.

Exécutions sommaires, fusillades dans les écoles

Les FSR et les milices arabes ont poursuivi des dizaines de civils qui cherchaient à se cacher dans les écoles. Par huit fois au moins ce jour-là, des assaillants sont entrés dans des salles de classe et ont exécuté sommairement des hommes qui s'y trouvaient, selon des témoins. Ils ont également tiré sur des enfants et des femmes et les ont volés. Onze survivants, dont un civil armé d'un groupe d'autodéfense local qui s'était caché dans une école après avoir été blessé, ont fait état de 26 assassinats. Des témoins ont déclaré qu'il n'y avait pas de combats au sein du complexe scolaire.

Deux femmes ont déclaré qu'alors qu'elles se cachaient dans une salle de classe de l'école secondaire pour filles avec une cinquantaine de personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, des combattants des FSR et des hommes de la milice arabe ont fait irruption dans la pièce et ont abattu trois hommes qui avaient cherché à y trouver refuge. Les assaillants ont également tiré sur des enfants et des femmes, blessant gravement plusieurs d'entre eux.

Une enseignante de 35 ans a déclaré :

Lorsque nous sommes entrés dans la salle de classe, nous l'avons fermée à clé de l'intérieur. Ils ont donc continué à frapper à la porte de manière agressive. Comme nous n'ouvrions pas, ils ont tiré sur la porte. Ils l'ont enfoncée et ont commencé à tirer au hasard dans tous les sens.

Les hommes qui ont été tués sont Hussam Abdu Ahmed, 20 ans, Al-Tahir Ali, un policier, et un homme plus âgé connu sous le nom d'Al-Haj, imam dans une mosquée locale. Trois femmes ont été gravement blessées, dont une enseignante d'une quarantaine d'années, touchée à la poitrine, et une autre femme, également âgée d'une quarantaine d'années, touchée à la hanche. Le fils de l'enseignante, âgé de 5 ans, a été touché au visage et à la poitrine. Un garçon de 15 ans a été touché à la hanche et une fille de 16 ans à l'avant-bras. Tous ont été soignés dans un hôpital du Tchad.

Une femme de 19 ans a déclaré que dans une autre salle de classe, une cinquantaine de personnes, principalement des femmes, s'étaient cachées. Certaines cachaient des garçons sous leurs longues robes traditionnelles. Deux hommes, l'un âgé d'une trentaine d'années et l'autre plus âgé, se cachaient également parmi elles. Les combattants sont arrivés à l'école à bord d'une voiture des FSR. « Ils sont entrés dans la salle de classe », a déclaré la femme. « Ils ont tiré sur ces deux hommes et ont pointé leur arme sur ma tête et celle d'autres femmes, nous demandant de leur donner de l'argent, de l'or, des téléphones. Les deux hommes sont morts sur le coup. »

Dans l'école primaire pour garçons voisine, une enseignante de 35 ans, alors enceinte de neuf mois, a déclaré que huit combattants des FSR étaient entrés dans la salle de classe où elle était venue se réfugier avec une vingtaine d'autres personnes. Lorsque les assaillants sont entrés, l'un des hommes qui s'étaient cachés tentait de prodiguer les premiers soins à deux hommes qui avaient été blessés par balle sur le chemin de l'école. L'enseignante a déclaré :

J'ai dit à Hussam [l'un des hommes] : « Je peux mettre du Dettol [antiseptique]. Pars, ils vont te tuer ! » ... Avant que [Hussam] ne sorte, ils [...] sont entrés dans la [...] salle de classe et ils les ont tous abattus, les deux qui avaient été blessés et les trois qui les avaient portés [...] Ils ont tiré une balle dans la tête de [Hussam].

Elle a déclaré qu'un combattant avait tiré sur d'autres personnes présentes dans la pièce. « L'un des assaillants m'a regardée et m'a tiré dessus ... dans l'abdomen ». Elle a accouché d'un enfant mort-né cinq jours plus tard..

Une femme de 20 ans a déclaré que vers 11 heures, à l'école primaire pour filles qui fait partie du même complexe, elle se cachait dans une salle de classe remplie de femmes avec cinq hommes âgés de 30 à 40 ans et portant des vêtements féminins. Elle raconte qu'un groupe de miliciens est entré et qu'« ils nous ont demandé de l'argent et des téléphones. Ils ont commencé à fouiller nos affaires et ont trouvé les hommes qui étaient parmi nous ». Les assaillants ont emmené les hommes à l'extérieur et leur ont tiré dessus, tuant trois d'entre eux et en blessant deux autres.

Human Rights Watch s'est également entretenu avec deux hommes qui se sont cachés dans les écoles et ont survécu.

L'un d'eux, âgé de 35 ans, a déclaré avoir reçu une balle dans l'épaule droite alors qu'il s'enfuyait de sa maison dans le quartier d'Al-Emtidad. Avec l'aide d'autres personnes, il est arrivé à l'école secondaire pour filles et s'est caché parmi les femmes et les enfants. Il a déclaré que dans l'après-midi, des hommes de la milice arabe étaient entrés dans l'école :

J'ai entendu et vu des hommes arabes armés entrer dans l'école en criant : « Où sont vos hommes ? ». Immédiatement, ils ont trouvé six hommes et les ont abattus à bout portant. Je ne sais pas s'ils [les victimes] [avaient été] blessés auparavant ou [s'ils avaient] combattu. J'ai tout vu depuis l'endroit où je me cachais. Ils ont épargné les enfants et les femmes. Ensuite, ils sont partis. Quand ils sont partis, je suis allé voir ce qui s'était passé [et] j'ai vu les six hommes étendus à cet endroit, morts. Il y avait du sang partout sur le sol... Les femmes et les enfants pleuraient.

Un civil armé membre d'un groupe d'autodéfense a déclaré qu'après avoir été blessé à l'épaule lors d'un combat, il s'était caché dans une grande salle du lycée pour garçons, où il a survécu à une attaque :

L'école était pleine de femmes et d'enfants pour la plupart... Il y avait un homme blessé à côté de moi... Les Arabes sont arrivés en disant qu'ils cherchaient des hommes et qu'ils allaient finir le travail... Les hommes armés se sont approchés de nous et nous ont immédiatement tiré dessus. Ils ont tiré une balle dans la tête de l'homme, puis m'ont tiré une balle dans la jambe et lorsque j'ai basculé, une autre dans la fesse. Je suis resté immobile et je saignais. Ma femme s'est mise à crier et à pleurer... Ils ont cru que j'étais mort et ils sont partis. L'autre homme est mort sur le coup.

Deux hommes qui se cachaient près des écoles ont entendu les assaillants applaudir et proférer des insultes raciales. L'un d'eux a déclaré : « Certains Arabes applaudissaient et tiraient en l'air en disant : "Nous avons brûlé les Massalit, nous avons brûlé les zorga [les Noirs]" ».

Pillage et incendie criminel

Tout au long de la journée, les assaillants se sont livrés à des pillages à main armée d'animaux de ferme, de véhicules, de meubles, d'argent, d'or, de nourriture et d'objets personnels, qu'ils ont chargés dans des véhicules et sur des motos, tout en mettant le feu à de nombreux bâtiments de la ville. Un travailleur de santé de Misterei a déclaré que les assaillants avaient également « saccagé et pillé » l'hôpital public de Misterei, en emportant des médicaments essentiels.

Un homme de 63 ans qui vit dans le quartier d'Al-Shati a déclaré que les assaillants avaient fait irruption dans sa maison où des voisins s'étaient regroupés au début de l'attaque : « Les Arabes [...] ont pris tout ce que nous avions. Je les ai vus s'emparer de sacs de semences, de haricots, de pain et de blé, et [après cela ils] sont partis ». Dans d'autres maisons, les assaillants ont volé des panneaux solaires, des portes et des fenêtres, « des produits alimentaires, comme des cacahuètes ... des couvertures, des lits, des matelas », des bidons, des chaises, de la vaisselle et des ustensiles de cuisine.

Un homme de 25 ans a déclaré qu'il se rendait en voiture dans le quartier d'Al-Shati lorsque l'attaque a commencé, et que des hommes en uniforme des FSR lui avaient tiré dessus, apparemment pour arrêter la voiture. « Une balle a traversé le pare-brise et m'a touché à l'épaule gauche », a-t-il déclaré. « Je me suis aussitôt dégagé de la voiture. Ils ont écarté mon corps [pour passer] et ont démarré la voiture ».

Un homme de 60 ans blessé par balle s'est réfugié dans la maison d'une connaissance, où deux femmes ont soigné ses blessures. Il a déclaré qu'à un moment donné, 10 combattants des FSR étaient entrés dans la maison, mais qu'ils ne l'avaient pas vu. « Les femmes suppliaient les soldats de ne pas les tuer. Le soldat a répondu : "Nous ne sommes là que pour des hommes ou de l'argent". Les femmes ont donné de l'argent aux soldats et ces derniers sont partis », a indiqué l'homme.

Un étudiant de 20 ans a déclaré :

Ils n'ont cessé de piller, ils partaient, et ils revenaient... Vers 10, 11 heures, ils sont sortis du village, près de la vallée, puis à 12h30, ils sont revenus. Ils sont repartis à 15 heures et ils sont revenus une fois encore.

Vers 16 heures, les assaillants sont revenus après avoir brièvement quitté la ville, a déclaré un homme de 36 ans. Il observait la scène, caché sur le toit de sa maison à Al-Emtidad :

Des Arabes [parcouraient] notre rue en pillant tout : écrans de télévision, meubles, cadres de fenêtres et sacs de semences [et] les chargeaient sur des motos et des véhicules, notamment des [véhicules] des FSR.

Dans les écoles, les assaillants ont volé les objets de valeur que les civils avaient emportés avec eux. « Ils nous ont pris des couvertures, des matelas, des lits, de l'argent, des téléphones... des ânes... et ils ont brûlé ce qui restait », a déclaré une agricultrice de 20 ans qui a été victime d'un de ces vols. Une enseignante de 35 ans a estimé qu'en plus de l'or et des téléphones que les assaillants ont subtilisé aux personnes qui se cachaient dans les salles de classe, ils ont également volé plus de 50 animaux de ferme, dont des chevaux, des ânes et des chèvres, aux alentours des écoles.

Les assaillants ont mis le feu aux maisons et au marché au fur et à mesure qu'ils progressaient dans la ville. Huit habitants interrogés ont déclaré que leurs maisons avaient été brûlées. Un jeune homme de 29 ans qui vit dans le quartier d'Al-Adwa a déclaré qu'alors qu'il fuyait les tirs nourris des assaillants, il avait vu des miliciens brûler sa maison en mettant le feu à son toit de chaume avec un briquet.

Après le départ des assaillants de Misterei, plusieurs habitants ont déclaré avoir retrouvé leurs maisons en ruine en sortant de leurs cachettes au coucher du soleil. Ils n'y ont trouvé que des restes d'objets qui avaient échappé au pillage des assaillants, comme des vêtements ou des couvertures.

Selon les données de détection des incendies fournies par le Système d'information sur les incendies pour la gestion des ressources de la NASA (Fire Information for Resource Management System, ou FIRMS), des feux sont restés en activité tous les jours à Misterei du 29 mai au 2 juin. Plusieurs panaches de fumée et plusieurs incendies en activité étaient visibles sur les images satellite du 29 mai et du 2 juin. Les images du 3 juin montrent des traces de combustion étendues dans les zones résidentielles de la ville.

Conséquences

« Tout a été perdu en quelques heures », a déclaré un habitant. « Il y avait des maisons, des huttes et des magasins. Lorsque nous avons quitté nos cachettes au coucher du soleil, il ne restait plus rien et beaucoup de gens cherchaient des disparus. »

Dans la soirée du 28 mai, des hommes ont commencé à rassembler les corps des personnes tuées pour les enterrer. Certains habitants se sont servis de lits pliants et d'autres de pick-ups pour ramasser les corps. Une pelleteuse a également été utilisée pour transporter les corps et creuser des fosses communes.

Un dirigeant local qui a participé aux inhumations a déclaré que la pelleteuse avait été utilisée pour creuser deux longues tranchées et deux plus petites dans la cour du complexe scolaire, et qu'au moins 59 corps, d'hommes pour la plupart, y avaient été enterrés ce soir-là. En raison des craintes de nouvelles attaques, tout le monde n'a pas pu être enterré cette nuit-là. Un responsable local a déclaré que certaines personnes étaient revenues les jours suivants et avaient enterré d'autres victimes, portant à 97 le nombre total d'habitants dont la mort a été confirmée.

Les survivants ont estimé qu'entre 50 et 60 habitants avaient été blessés. Beaucoup d'entre eux n'ont eu accès à un traitement médical qu'après avoir traversé la frontière avec le Tchad.

Tout au long de la journée et de la soirée, de nombreux habitants ont fui Misterei vers la frontière avec le Tchad à sept kilomètres de là. Deux habitants ont indiqué que la sortie de Misterei était jonchée de cadavres.

Une femme de 36 ans a décrit la traversée du lit de la rivière saisonnière qui sépare le Soudan du Tchad :

[Nous avons] vu plusieurs cadavres, manifestement des personnes qui avaient essayé de fuir avant nous... peut-être trois ou quatre hommes morts, tous blessés par balle, c'était tout simplement horrible. Ma fille était enceinte... elle n'a pas pu ... supporter ce qu'elle a vu. Elle a fait une fausse couche et a perdu connaissance.

Un agriculteur de 35 ans a déclaré qu'un de ses proches, un agriculteur de 45 ans, avait reçu une balle dans l'épaule alors qu'il marchait vers la frontière.

Le 31 mai, près de 17 000 personnes étaient arrivées à Gongour, un village tchadien situé de l'autre côté de la frontière et principal point d'accueil des réfugiés de Misterei. La plupart de ces personnes sont toujours à Gongour à l'heure actuelle.

Recommandations

Toutes les parties au conflit au Soudan devraient :

  • Respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit humanitaire international, en particulier protéger les civils et faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire ; et
  • Reconnaître que les commandants responsables d'abus, notamment au titre de la responsabilité du commandement, pourraient faire l'objet de poursuites futures devant la CPI ou toute autre juridiction.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine devraient prendre des mesures significatives pour lutter contre les graves abus commis au Soudan :

  • Faire pression sur les parties belligérantes pour qu'elles veillent à ce que l'ensemble du personnel humanitaire et de santé, ainsi que les installations et le matériel humanitaires et médicaux, soient protégés contre les attaques et les pillages et que le personnel et les organismes d'aide humanitaire et de santé puissent faire leur travail sans être harcelés ou soumis à d'autres types d'ingérence ;
  • Utiliser leur pouvoir existant ou autoriser de nouvelles sanctions ciblées à l'encontre des dirigeants des Forces de soutien rapide, des Forces armées soudanaises et des groupes armés responsables de graves abus à l'encontre des civils ;
  • Appeler tous les pays à respecter l'embargo sur les armes au Darfour décrété par le Conseil de sécurité, et à cesser de transférer des armes, des munitions et du matériel aux parties belligérantes ;
  • Appeler publiquement les belligérants soudanais à coopérer avec les enquêtes de la CPI, notamment en livrant les fugitifs, et à soutenir le travail de la CPI au Soudan, notamment en enquêtant sur les abus commis au Darfour ; et
  • Demander au Comité des sanctions contre le Soudan de rendre publiques toutes les conclusions utiles relatives aux abus commis au Darfour.

Le Groupe d'experts du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les sanctions à l'encontre du Soudan devrait :

  • Enquêter sur, identifier et désigner les responsables des abus commis au Darfour occidental et demander au Conseil de sécurité de les sanctionner.

Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies devrait :

  • Organiser un débat d'urgence ou une session spéciale sur la situation au Darfour et s'assurer de la participation des groupes de la société civile du Darfour à ces débats ; et
  • Renforcer d'urgence les ressources disponibles et s'assurer qu'elles soient suffisantes pour permettre une surveillance et des enquêtes indépendantes substantielles sur la crise au Soudan, notamment sur les événements au Darfour, dans le but de collecter et de conserver les preuves des crimes de droit international commis par les parties belligérantes et d'autres groupes armés dans ce pays.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et l'expert désigné par le Haut-Commissariat devraient :

  • Organiser d'urgence une réunion d'information sur la situation à l'intention des pays membres des Nations Unies, conformément au mandat indépendant du Haut-Commissariat, afin de conseiller ces pays sur les mesures urgentes à prendre pour empêcher de nouveaux abus au Soudan, notamment au Darfour ; et
  • Affecter des ressources suffisantes pour renforcer de manière significative le suivi et publier régulièrement des rapports publics sur la situation des droits au Soudan, notamment au Darfour, et prendre des mesures pour lutter contre l'impunité en cas d'abus graves.

Au Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale :

  • Enquêter sur les événements récents au Darfour occidental dans le cadre de son enquête sur les crimes commis au Darfour ; et
  • Présenter, dans le rapport du Procureur sur le Darfour soumis en juillet au Conseil de sécurité, l'enquête qu'il compte mener sur les crimes récents commis au Darfour.

Les donateurs internationaux et régionaux devraient :

  • Accroître considérablement l'aide humanitaire tant au Soudan qu'au Tchad et dans d'autres pays voisins afin que les civils qui fuient le conflit et les communautés qui les accueillent puissent recevoir une aide.

L'Union européenne et les autres gouvernements concernés, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, devraient :

  • Utiliser leurs pouvoirs existants ou autoriser de nouveaux régimes pour imposer des sanctions ciblées aux dirigeants des Forces de soutien rapide, des Forces armées soudanaises et des groupes armés responsables de graves abus contre les civils ; et
  • Renforcer les capacités de médiation existantes, telles que la nomination de l'envoyé présidentiel américain, afin de participer directement à l'élaboration d'une stratégie axée sur la protection des civils avec les acteurs régionaux et les groupes de la société civile soudanaise.

La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples devrait :

  • Mettre en place une commission d'enquête sur les violations graves du droit humanitaire international au Darfour ; et
  • Identifier les responsables des violations de la Charte africaine en vue de les obliger à rendre compte de leurs actes.

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