Le corps de l'ancien ministre Chérubin Okende, proche de Moïse Katumbi a été découvert criblé de balles dans sa voiture sur l'une des avenues principales de la capitale. Moïse Katumbi n'était pas ce jeudi en RDC, car il participait à l'assemblée générale de la CAF. Avant de retourner en RDC, il a confié sa peine et sa révolte au micro de RFI.
De notre envoyé spécial à Abidjan,
RFI : Quelle est votre première réaction suite à l'annonce de la mort de Chérubin Okende ?
Moïse Katumbi : Je suis très en colère. Ce qui est arrivé est très triste. C'est un assassinat politique [qui a visé] Chérubin Okende. Il était la voix du parti.
Vous vous attendiez à ce que ce genre de chose puisse se passer ?
Quand on ne contrôle plus rien dans le pays... On arrête mes conseillers, on arrête mes partenaires, on tue et l'on veut nous réduire au silence. Nous n'allons jamais accepter. Nous allons faire une enquête indépendante pour savoir la vérité. On ne fait plus confiance à nos institutions.
Vous interrompez votre séjour à Abidjan. Vous rentrez au pays en passant par Lubumbashi. Vous serez à Kinshasa ce soir.
Oui, je rentre. Chérubin était un frère, un homme honnête, un homme très pacifique, un père de famille. C'était le porte-parole du parti. Je suis obligé de rentrer. Mais, ce qu'ils ont fait à Chérubin ne restera pas impuni.
Vous disiez tout à l'heure, c'est la première fois que l'on fait ce genre de choses aussi ouvertement.
On l'a vu avec [Floribert] Chebeya. Maintenant, c'est Cherubin aujourd'hui. C'est un assassinat politique et c'est un guet-apens. Il aurait été kidnappé devant la Cour constitutionnelle. Où est-ce que nous allons dans ce pays ? Où est l'État de droit ? Si l'on doit tuer quelqu'un parce que l'on n'est pas d'accord avec la situation dans le pays fonctionne.
Votre secrétaire Salomon Idi Kalonda est emprisonné. Votre porte-parole Chérubin Okende a été assassiné. Quelle est la suite ? Qu'avez-vous en tête ? Que peut-il se passer ?
Vous savez, il y a mon conseiller spécial qui a arrêté. Il y a Mike Mukebayi qui est arrêté aussi. Toujours dans notre parti, il y a Daniel Safu qui est en fuite. Il y a aussi un ami, un partenaire, Franck Diongo, qui est aussi à la prison militaire, comme Salomon [Idi Kalonda]. Je crois que trop, c'est trop.
Est-ce que vous avez peur pour vous ou votre entourage, votre famille ?
Je n'ai pas peur pour mon entourage, mais je voudrais que la vérité puisse triompher. Parce que ce que l'on est en train de faire, si l'on se permet de tuer, de coffrer des innocents, c'est vraiment très triste pour la démocratie. Et surtout aussi, c'est une année électorale dans notre pays. C'est très triste. Et, c'est pourquoi j'ai demandé une enquête indépendante. Sinon, nous allons continuer à vivre dans la jungle. On ne va plus vivre dans un pays de droit.
Vous l'avez dit, les élections sont dans six mois. Dans quel contexte ?
Vous savez, c'est d'abord, ce sont des élections chaotiques. Avec ce que nous voyons aujourd'hui, plus personne n'est en sécurité. Et, c'est triste de le dire. Je croyais que le pays aller s'améliorer, que la démocratie allait régner dans notre pays. Mais si l'on utilise des méthodes très sales comme ça. Mais, sachez une chose : la vérité finira par triompher.
Vous êtes sûr de ça ?
Très sûr de moi. La vérité finira par triompher et l'impunité ne doit plus continuer dans notre pays. Nous ne sommes plus dans une jungle.