Au Tchad, ce sont jusqu'à 2 000 réfugiés soudanais qui arrivent chaque jour dans la ville frontalière d'Adré, à l'extrême Est du pays. Les autorités locales lancent un cri d'alarme car aujourd'hui, la ville est engloutie sous les tentes et les abris de fortune, et les services sociaux sont totalement débordés malgré la réponse des humanitaires.
Nous sommes à 300 mètres du Soudan. Sous le ciel orageux, quelques détonations se font entendre, parfois le sifflement d'une balle. Et il y a ces colonnes interminables de réfugiés. Anane Kamis Ahmat en fait partie. « J'ai couru 30 kilomètres en portant le corps de mon fils pour l'enterrer ici. On a croisé des véhicules d'hommes en armes qui nous tiraient dessus pendant qu'on fuyait. On ne pouvait plus compter les morts et les blessés », confesse-t-elle.
Ali Mahamat Sebey, préfet d'Asoungah, explique : « Comme vous le voyez derrière moi, de 1 000 à 1 500 personnes traversent la frontière chaque jour, fuyant les atrocités de la guerre de nos voisins du Soudan. Aussi, nous avons offert toutes les structures scolaires à ces réfugiés pour qu'ils restent à l'abri de la pluie et autres. »
Au lycée, il n'y a plus un centimètre d'espace libre. On dort à 10 familles par salle de classe et les conditions d'hygiène sont déplorables. Ville frontalière de 40 000 habitants, Adré est devenue méconnaissable, engloutie sous un flot de plus de 120 000 réfugiés. Et avec la coupure des échanges transfrontaliers, au marché, les prix ont triplé.
Pour Adoum Mahamat Ahmat, coordinateur départemental de la Commission nationale d'accueil de réinsertion des réfugies, la situation est explosive : « Les ressources d'existence telles que la santé, la nourriture, l'eau, les abris pour l'assainissement... Tous ces abris-là n'auront pas une capacité de réponse à cette population qui a doublé. »
De nombreuses surfaces cultivables sont occupées par les réfugiés. Le gouvernement a donc alloué des terres pour l'édification d'au moins trois nouveaux camps.