Cote d'Ivoire: Ça roule... mais prudence

20 Juillet 2023
éditorial

Ils sont parmi ces opérateurs qui se frottent les mains de l'embellie économique qu'enregistre la Côte d'Ivoire. En tout cas, ça roule pour eux. Eux, ce sont les concessionnaires automobiles.

Lors de la remise des minibus « l'Abidjanais », le 7 juillet dernier, à Sotra industrie, dans la commune de Koumassi, le ministre des Transports, Amadou Koné, a dressé un bilan de la bonne santé du secteur de l'automobile dans le pays. Les chiffres ont évolué à une vitesse remarquable.

Alors que la vente de voitures neuves croissait, de 1985 à 2018, de 20% l'an, le taux est passé à 26% en 2020. Et en 2022, un bond historique: il enregistre un boum de 56%. De quoi donner le sourire aux opérateurs du secteur. La conséquence est immédiate. En cinq années, la moyenne d'âge du parc auto ivoirien a baissé de 22 à 18 ans.

Un rajeunissement qui sort la Côte d'Ivoire du classement de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui faisait d'elle, le pays ayant le plus vieux parc automobile de l'espace communautaire ouest-africain. Les raisons de cette bonne nouvelle sont simples. Citons-en quelques-unes.

Il y a d'abord les différentes réformes entreprises, depuis cinq ans, pour sortir le secteur des transports de la précarité. Le gouvernement a appuyé sur la pédale en décidant de limiter l'âge des voitures d'occasion importées. Désormais, elles ne doivent pas avoir plus de cinq ans pour être admises sur le territoire ivoirien. A cela s'ajoute l'introduction de la vidéo-verbalisation, avec son appendice de permis à points. Ensuite, il y a qu'aujourd'hui, disposer d'un véhicule n'est plus un luxe.

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Le développement en fait une nécessité. Dans beaucoup de familles, on compte au moins un membre qui a une voiture. Quand dans d'autres, les plus aisées, le garage ne suffit plus pour contenir les bolides. Enfin, les concessionnaires développent des offres de vente attrayantes, adaptées aux réalités de la population cible. Tout un mélange qui donne un véritable dynamisme au marché de l'automobile en Côte d'Ivoire.

Toutefois, tous les clignotants ne sont pas au vert sur la route. Les accidents sont une tache noire de la croissance du secteur. La route tue. En moyenne, plus de 1 000 victimes par an. Quant aux blessés, ils sont plus de 21 000 chaque année.

La Côte d'Ivoire comptabilise plus de 12 000 accidents corporels annuellement. Les deux roues motorisées font 30% des tués des accidents de la route. Appuyons sur le frein pour marquer une pause sur ce fait : les deux roues. Les propriétaires sont de vrais dangers sur la route. Ils ne respectent pas les feux tricolores. Ils sont toujours pressés, imprudents, effectuant des dépassements sans prendre de précautions.

Se faufilant entre les voitures, ces motocyclistes se préoccupent peu des véhicules venant en sens inverse ou opérant un dépassement. Roulant bien des fois à tombeau ouvert. Ces deux roues sont en permanence à deux doigts de semer la désolation.

Sans casque, ils mettent tous les usagers de la route « en déroute ». De véritables menaces pour la vie. Le respect des forces de l'ordre ? Seulement si elles sont en patrouille motorisée.

L'autre fait qui menace la sécurité routière, la jeunesse des chauffeurs. La facilité d'accès aux véhicules et l'impact des phénomènes sociaux tels que le « broutage et le boucan » amènent beaucoup de jeunes à prendre le volant. Avec une immense inconscience et l'inexpérience, ils se croient tout permis.

Les automobilistes de la route de Grand-Bassam le savent. Les fins de semaine, les jeunes transforment ce tronçon en terrain d'expérimentation de leurs prouesses. Ce sont des slaloms et des courses-poursuites qu'on observe sur cette route. Des compétitions dont ce n'est ni le lieu ni le moment ni les circonstances, encore moins les acteurs.

La jeunesse des conducteurs est également une menace dans les transports en commun. Les jeunes chauffeurs ne manifestent aucun sens de la responsabilité des vies qu'ils ont entre les mains. On peut leur reprocher de ne pas prendre leur propre vie au sérieux, mais il est intolérable qu'ils engagent celle des passagers dans des « voies sans issue ».

Il serait bon de regarder avec beaucoup d'intérêt, la maturité d'âge et d'esprit des conducteurs des véhicules de transports en commun. On se souvient encore de cet horrible accident à Yamoussoukro où un jeune conducteur s'est lancé dans une course folle et fatale, endeuillant doublement plusieurs familles. Puisque son véhicule faisait partie d'un convoi funèbre.

Dans cette année consacrée à la jeunesse, nul n'a l'intention de priver cette frange d'âge d'un droit. Il est simplement question de lui faire prendre conscience de son devoir d'être en vie et de conduire sa vie sainement vers des lendemains prometteurs, avec tout ce qu'il lui est réservé de meilleur. « Bonne arrivée » est mieux que « bonne guérison ».

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