Dans un communiqué, l'organisation a annoncé que 14 de leurs employés ont été violentés par des hommes armés jeudi 20 juillet 2023 alors qu'ils acheminaient du matériel médical à l'hôpital turc au sud de la capitale. Cet établissement, où MSF reçoit et soigne chaque jour une dizaine de blessés de guerre, est l'un des rares hôpitaux encore fonctionnels dans la ville, la plupart ayant été pillé ou occupé par les belligérants.
Autour de l'hôpital turc où MSF fournit des soins, des combats éclatent quotidiennement. Pour s'en protéger, le personnel a pris l'habitude de limiter ses sorties en extérieur, sauf en cas d'obligation. Ce fut le cas jeudi. Une partie des employés a dû faire le plein en médicaments et matériel, de quoi soigner la quinzaine de blessés de guerre reçus chaque jour.
C'est à 700 mètres de l'établissement, qu'ils ont été arrêtés et violentés. C'est la première fois depuis que le personnel de MSF est pris pour cible à Khartoum. « Les membres de nos équipes, sauf 2, ont reçu un coup de fouet et des gifles. Plutôt que la douleur physique, il y a surtout l'humiliation d'être giflé. Ils ont aussi été menacés par armes avec des tirs en l'air, qui ont pour but de mettre la pression et d'apeurer les personnes », explique Christophe Garnier, responsable de la cellule d'urgence de MSF pour le Soudan.
01:02 Christophe Garnier, responsable de la cellule d'urgence de MSF pour le Soudan
Dans ces conditions, la situation pourrait devenir intenable, prévient l'organisation. Pour Christophe Garnier, si la question d'un départ de Khartoum n'est pas tranchée, elle est pour la première fois mise sur la table. « Il y a cet évènement et puis il y a aussi globalement une dégradation de situation, on sent une montée de la violence donc on a ouvert le débat », indique-t-il. Et d'ajouter : « Il y a quand même une volonté de rester à Khartoum parce que c'est nécessaire, il y a des besoins. On est le seul acteur international à pouvoir offrir des soins médicaux à Khartoum. Si on prenait la décision de partir, les conséquences seraient lourdes pour les civils ».
« Si un tel incident se reproduit, et si notre capacité à acheminer du matériel et des médicaments continue d'être entravée, alors malheureusement, notre présence à l'hôpital turc de Khartoum deviendra bientôt intenable », déclare Christophe Garnier. L'hôpital turc est l'un des seuls établissements de la capitale encore ouverts. En plus des 1 600 blessés de guerre soignés depuis le début du conflit, MSF y assure une médecine de routine pour des patients diabétiques, des femmes enceintes ou des nouveaux-nés.