De source généralement bien informée, ce qui avait été présenté comme un mouvement d'humeur de la garde présidentielle dans la matinée d'hier est en train de tourner progressivement en pronuciamento mené de main de maître par le patron de cette garde, le général Mohamed Tchani, que le président Bazoum s'apprêtait, semble-t-il, à « décagnotter » de son poste.
En attendant de voir plus clair dans ce nouveau « wanckage »(Amadou Malam Wancké, chef de la garde du président Ibrahim Baré Mainassara avait démis ce dernier dans un coup d'Etat sanglant d'où ce néologisme) sur les bords du fleuve Niger, il faut convenir que cette accélération brutale de l'histoire politique nigérienne était prévisible à plus d'un titre.
Premier grief, et avant même son élection, Bazoum faisait face à un procès de légitimité, lui en qui nombre de ses compatriotes ne se reconnaissaient pas. Un moindre mal cependant, devant sa volonté de balayer les caciques de la gouvernance de son prédécesseur, ce qui constituait un crime de lèse-majesté pour celui-ci ainsi que pour lesdits caciques qui considèrent Bazoum comme leur « bébé « .
Il se murmure d'ailleurs qu'à la suite d'un consensus, l'armée envisagerait de porter à la tête de la transition en gestation, l'ancien chef d'état-major limogé par le président il y a à peine un trimestre.
Mais le principal grief fait au président par ses compatriotes se retrouve dans son option politico-militaire de faire de la France son principal allié dans la lutte contre le terrorisme dans une partie de l'Afrique où celle-ci n'a plus bonne presse.
Quand dans le même temps et pour légitimer son option il traite sa propre armée de carente, incapable de résoudre cette crise terroriste, il apparaît clairement qu'il sciait la branche sur laquelle il était assis.
Il reste à savoir si le mouvement ainsi enclenché est juste une révolution de palais ou bien une volonté pour l'armée d'affirmer la souveraineté du pays en redéfinissant une nouvelle entente plus équilibrée et moins "aplaventriste" avec la France. Dans l'un comme dans l'autre cas, la réaction du peuple, souverain premier, ne serait pas la même, avec de possible retournement de situation.
Pour l'heure, les carottes semblent cuites pour Bazoum qui, à force de nager contre les intérêts de son peuple et de son camp politique, se retrouve désormais dans la situation d'une galette : brûlée des deux côtés. Bola Tunibo le nouveau boss de la CEDEAO se retrouve face à son premier cas pratique à deux pas de chez lui .Un véritable pied de nez de l'histoire.