Madagascar: Impact industriel

Le port de Toamasina (photo d'archives)

Partenaire et non adversaire. Le mot a été lâché lors de la signature du pacte de l'industrialisation entre l'Etat représenté par Edgard Razafindravahy, ministre de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation et l'ensemble du secteur privé lundi à Ankorondrano.

Cette signature historique marque définitivement la fin d'une longue incompréhension entre les deux parties depuis la seconde république. La période de la révolution socialiste a été marquée par la mise à la morgue du secteur privé avec la nationalisation de toutes les sociétés étrangères. Elle marquait également la disparition du tissu industriel. L'investissement à outrance de Ratsiraka avait généré les éléphants blancs qui constituaient un cinglant revers de la politique économique.

Le retour au libéralisme et à la privatisation par la suite n'a pas été bénéfique pour le secteur privé dans une période de marasme économique et de pauvreté galopante. La faiblesse du pouvoir d'achat de la population n'a pas favorisé la consommation ni les investissements. Il n'y avait pas de conditions favorables permettant au secteur privé de s'épanouir. Il n'a jamais eu la place qu'il aurait du tenir pour jouer son rôle dans le développement. La part belle accordée aux importations a d'ailleurs anéanti certains secteurs florissants comme l'industrie textile englouti par les friperies. La collaboration entre l'État et le privé était toujours conflictuelle.

La Chambre de commerce et de l'industrie n'a jamais eu ni influence ni autorité dans les décisions économiques et financières comme c'est le cas dans beaucoup de pays. Les avis consultatifs du secteur privé servaient à cautionner l'application d'un droit d'accise, d'une nouvelle taxe, d'une redevance sur l'eau, d'une hausse de la TVA. Il fut un temps où le fameux trois P ou Partenariat Public-Privé a été mis à profit pour le développement de l'entreprise du président. La marge de manoeuvre du secteur privé est très limitée.

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Cette incompréhension, cette inimitié entre deux institutions qui devraient travailler de concert a duré des décennies. Tout cela fait désormais partie de l'histoire. Il a fallu attendre l'arrivée d'un opérateur rompu aux affaires au département industrialisation pour que les choses changent. La relation entre l'État et le secteur est désormais régie par ce pacte. L'État a compris que le Velirano sur l'industrialisation ne se réalisera pas sans la participation du secteur privé, que le développement est fonction de la création d'emploi, des investissements privés.

Tout s'enchaîne d'ailleurs puisqu'après l'adoption de la loi sur les investissements où les nationaux sont traités sur le même pied d'égalité que les étrangers, ce pacte de l'industrialisation vient compléter la panoplie de l'arsenal du secteur privé. L'État a déjà mis les jalons de la restauration du tissu industriel à travers le projet One District One factory ou les Zones de pépinière industrielle. Soixante quinze petites unités industrielles de transformation des produits locaux sont à mettre en place dans les districts.

Depuis le mois de janvier, une vingtaine a été installée. L'État a sollicité l'appui du secteur privé dans la gestion de ces unités industrielles pour qu'elles soient rentables. L'objectif est de produire à l'échelle industrielle les produits usuels. Cela permet de réduire les importations et de se mettre à l'abri des hausses de prix. Bientôt on ressentira l'impact industriel de ces initiatives grâce aux emplois directs et indirects créés dans les districts, à l'amélioration de la balance commerciale pour le moment déficitaire. Reste à espérer le respect de l'engagement pris par les deux parties pour que le pacte ne reste pas une lettre morte et survive aux éventuels changements. C'est tout le mal qu'on souhaite.

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