Madagascar: Industrialisation - Un partenariat pour l'avenir

Le port de Toamasina (photo d'archives)

Pour acter l'émergence de l'écosystème industriel du pays, l'État et le secteur privé ont choisi d'évoluer dans un cadre partenarial inscrit dans la durée et accordant la priorité au dialogue, à la transparence, au respect de la parole donnée et à la matérialisation d'un programme de développement industriel ambitieux. C'est la base même du Pacte sur l'industrialisation signé ce lundi entre le secteur public, les leaders patronaux et les dirigeants des groupements professionnels malgaches.

Dans le but de dynamiser et d'étendre le tissu productif et d'améliorer sensiblement le climat des affaires, le Pacte sur l'industrialisation lie désormais l'État et les acteurs du secteur privé. "Cette initiative fait suite notamment à l'adoption de la loi sur les investissements et vise à promouvoir une coopération étroite entre les deux parties pour favoriser l'industrialisation du pays", a-t-on fait savoir. Lors de la cérémonie de signature de ce pacte, le ministre de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation, Edgard Razafindravahy, a rappelé la place centrale que tiennent les entreprises dans le développement du pays.

Le membre du gouvernement a souligné qu'il n'y a pas de croissance sans investissements, mais qu'il n'y a pas non plus d'investissements sans confiance. D'où la nécessité de travailler ensemble, dans un esprit de dialogue franc, pour construire l'industrie malgache de demain. "Cette signature marque un engagement historique entre l'État malagasy et les organisations du secteur privé", a aussi noté Edgard Razafindravahy qui a signé le pacte avec son homologue de l'Énergie et des Hydrocarbures, Solo Andriamanampisoa. La présence de ce dernier a été saluée par les opérateurs économiques qui ont mis en avant l'importance d'un accès à l'énergie de qualité pour asseoir un secteur industriel performant.

L'ensemble des organisations du secteur privé ont adhéré au pacte. Elles ont été représentées notamment par le Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM), le Fivondronan'ny Mpandraharaha Malagasy (FIVMPAMA), le Syndicat des Industries de Madagascar (SIM), le Groupement des Entreprises Franches et Partenaires (GEFP), le Syndicat Malgache de l'Agriculture Biologique (SYMABIO), le Groupement des Exportateurs d'Huiles Essentielles de Madagascar (GEHEM), la Fédération des Opérateurs Miniers de Madagascar (FOOM) et l'Association Professionnelle du Secteur Pétrolier Amont de Madagascar (APPAM).

Des secteurs prioritaires

Il a été expliqué aux organisations signataires que le Pacte sur l'industrialisation donnera aux entreprises l'opportunité d'évoluer aux côtés d'un État qui s'engage à améliorer leurs conditions d'activité et qui accorde un intérêt particulier aux secteurs économiques qualifiés d'un commun accord de prioritaires, à savoir l'agro-industrie, le textile, la transformation des ressources minérales, l'exploitation des huiles essentielles et les énergies renouvelables. Il a aussi été souligné que plusieurs projets sont en cours comme la mise en place du Conseil National pour l'Industrialisation de Madagascar (CNIM), la création du Fonds National pour le Développement Industriel (FNDI) et la promulgation du décret d'application de la loi sur le développement industriel.

À savoir que les Journées de Programmation Industrielle, qui se sont tenues les 24, 25 et 26 mai, ont permis de poser les bases du projet de Pacte sur l'ndustrialisation de Madagascar qui vient d'être signé. L'occasion a été mise à profit par les industriels pour mettre l'accent sur l'objectif qu'ils partagent avec le secteur public d'augmenter la part du secteur de la transformation dans le PIB du pays à 30% d'ici 2040, avec un objectif intermédiaire de 25% d'ici 2030.

Ces journées ont aussi permis de mener des réflexions autour des secteurs industriels à prioriser. Des experts de renommée nationale et internationale ont animé des séances dédiées à chaque secteur, présentant un état des lieux détaillé ainsi qu'une étude comparative. Ces présentations ont servi de base pour partager et discuter des orientations stratégiques spécifiques à chaque secteur. Du côté de l'Economic Development Board of Madagascar (EDBM), on a précisé que l'une des réalisations importantes de ces journées a été l'identification des premières mesures à prendre pour soutenir le développement industriel. Ces mesures seront suivies et coordonnées par une structure dédiée, garantissant ainsi leur mise en oeuvre.

Des consultations ont suivi les Journées de Programmation Industrielle et ont porté sur différents sujets dont la définition du calendrier sur le long terme (2030-2035-2040), l'évaluation financière et la modélisation, l'identification des projets du FNDI et les engagements des parties prenantes. Ces étapes ont abouti à la tenue d'un atelier de validation puis de la signature du pacte. Viendra la mise en place d'un comité de pilotage et de suivi du Pacte d'Industrialisation qui, selon l'EDBM, "marque la volonté commune de l'État et du secteur privé, avec des engagements précis et des échéances strictes sur une période de 20 ans, ainsi que des sanctions en cas de non-respect".

Un signal fort pour le secteur privé

Pour le Syndicat des Industries de Madagascar (SIM), par la voix de son président, Tiana Rasamimanana, la détermination affichée de l'État de s'ériger en partenaire dans le développement industriel du pays constitue un signal fort pour le secteur privé. Il a aussi profité de l'occasion pour rappeler que la réhabilitation des infrastructures routières et énergétiques sont des conditions incontournables pour que le pays puisse développer son secteur industriel. "La réhabilitation des infrastructures et l'appui aux industriels permettront à ces derniers de s'épanouir sur le marché national et international", a-t-il aussi déclaré avant de poursuivre que quand les industriels sont bien écoutés et que leur attentes sont prises en compte, le Dialogue Public Privé à Madagascar se traduira pas des résultats tangibles.

Rivo Rakotondrasanjy, président du FIVMPAMA et de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Antananarivo a insisté, pour sa part, sur le fait que l'on ne peut pas s'attendre à un développement vigoureux sans un secteur privé fort. "Ces 18 derniers mois, le ministère de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation (MICC) avec le secteur privé, ont réussi, après de multiples dialogues public privé ponctués par un atelier de deux jours, il y a un mois, à coucher sur papier un pacte visant à tracer les grandes lignes, les priorités et le calendrier du processus d'industrialisation jusqu'en 2040", a-t-il aussi rappelé avant de noter que faire de l'industrie un secteur représentant 40% du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays constitue un défi de taille qui n'a jamais pu être réalisé auparavant.

Les autres groupements patronaux et professionnels partagent cette nécessité de renforcer le poids du secteur privé et de fixer des objectifs acceptés par les différentes parties prenantes. Rappelons que, récemment, une réunion des groupements du secteur privé a été aussi organisée afin notamment d'échanger sur le programme visant à améliorer le climat des affaires, d'identifier les besoins des entreprises et de parvenir à une vision commune pour le développement du secteur privé.

Neuf groupements professionnels et entités qui représentent le secteur privé au sein de la plateforme de Dialogue Public-Privé (DPP) ont répondu présents à cette réunion qui s'est tenue au siège de l'EDBM qui assure un rôle de facilitation et de coordination. L'un des principaux objets de la réunion était de confirmer les besoins et appuis du secteur privé qui pourraient être appuyés par le programme Clim-Invest de l'Union européenne qui vise à améliorer le climat d'investissement et l'environnement des affaires avec une enveloppe globale de 7 millions d'euros mobilisables jusqu'à la fin 2025.

"La réunion a permis d'élaborer un plan d'actions qui porte sur la mise en place et l'organisation de la plateforme du secteur privé malagasy, la définition de la vision commune du développement du secteur privé à travers la finalisation du Livre blanc, l'appui au secteur privé dans le cadre de la préparation du Projet de Loi de Finances Initiale (PLFI) 2024 et l'amélioration de l'accès au financement", a-t-on aussi rapporté. Notons que l'EDBM bénéficie depuis mars 2022 de l'appui et de l'assistance technique de ce programme financé par L'Union européenne dans le cadre du renforcement des mécanismes du DPP à travers l'organisation et la facilitation des échanges public-privé au niveau national et régional. Pour le SIM, la rencontre a permis d'aller vers du concret...

Programmation industrielle

Les éclairages de l'EDBM

L'Economic Development Board of Madagascar (EDBM) se félicite de la signature du Pacte sur l'industrialisation. L'agence de promotion des investissements qui s'est beaucoup impliquée aux côtés du MICC pour parvenir à cette étape considérée comme déterminante pour mettre le secteur industriel du pays sur les rails du développement. Selon l'EDBM, le défi est de mettre Madagascar sur la route de l'industrialisation dans le cadre de la mise en oeuvre du Velirano N°7. Les journées de réflexions communes entre le secteur public et le secteur privé, avec un focus sur la programmation industrielle du pays, ont fait suite aux deux semaines de Dialogue Public Privé sur l'industrialisation réalisées en 2022 où des engagements ont été pris dont les avancements significatifs, dont le projet de Loi sur les investissements (refonte de la loi 2007-036 du 14 janvier 2008) adopté par le Parlement, les décrets d'application de la nouvelle loi sur les investissements en cours d'élaboration et le décret d'application de la Loi sur le Développement Industriel (LDI), prévu pour être transmis incessamment à la Commission des Réformes du Droit des Affaires (CRDA). La mise en place du Fonds National du Développement Industriel prévue dans le projet de Décret d'application de la LDI, l'identification des développeurs locaux et internationaux dans les projets de mise en place de zones à vocation économique et la tenue de la table ronde pour la fluidification sur la décongestion du port de Toamasina ont fait également partie des sujets traitées à l'occasion des journées de réflexion. "L'objectif final de l'élaboration du Pacte sur l'ndustrialisation est d'ancrer un processus irréversible sur une vision à long terme de la stratégie d'industrialisation de Madagascar, avec un focus sur des secteurs et filières prioritaires déjà retenus dans le cadre du DPP Industrialisation. À souligner l'assistance technique d'experts nationaux et internationaux dans l'élaboration de ce Pacte", a tenu aussi à souligner l'EDBM. Parallèlement à la signature de l'accord entre le secteur public et le secteur privé, les orientations majeures appelées à soutenir le Pacte d'Industrialisation seront définies. En outre, l'ensemble des engagements réciproques entre le secteur public et privé confirmant leur adhésion et approbation dans la démarche et dans les orientations fixées sont attendues, pour donner suite à l'élaboration du document de programmation industrielle. Les rencontres organisées ont également permis de se pencher sur l'approche transversale (grands axes de l'industrialisation, les freins à l'industrialisation, les mesures d'incitation et autres facteurs clés de succès) ainsi qu'au secteur de l'agribusiness. Les réflexions communes sur l'approche sectorielle et intersectorielle des secteurs prioritaires ont aussi été au menu.

VERBATIM

Edgard Razafindravahy, ministre de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation

"L'État malagasy compte bien honorer ses engagements dans le cadre du Pacte sur l'ndustrialisation signé avec le secteur privé. Nous avons eu l'initiative du lancement du processus pour tracer la trajectoire industrielle du pays sur la base d'une vision commune et nous sommes satisfaits des résultats obtenus. De grands défis nous attendent comme la lutte contre le désert industriel. Raison pour laquelle nous avons mis en route le programme de Zones Pépinières Industrielles (Taninketsa Indostrialy) et le Projet ODOF (One District One Factory)".

Tiana Rasamimanana, Président du Syndicat des Industries de Madagascar

"Une ferme détermination, une volonté commune, une écoute active et un respect mutuel, un dialogue régulier et une collaboration franche sont autant de gages pour la réussite de la relation entre le secteur public et le secteur privé. Le Pacte sur l'lndustrialisation de Madagascar, signé le 25 juillet 2023 dernier, a pour principal objectif d'élever à 30% d'ici 2040 l'apport et la contribution du secteur industriel au PIB de notre pays. Une relation fiable doit exister entre les deux parties qui doivent se considérer en permanence comme partenaires et non adversaires".

L'industrie malgache en chiffres

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