Hommage unanime. Pluriel et multiforme. Depuis le 1er août, toute la Côte d'Ivoire, sans distinction, pleure celui qui, pendant six ans, a présidé aux destinées de ce pays. Après le décret instituant un deuil national de 10 jours, tout a été mis en veilleuse.
Drapeau en berne. Inauguration du pont reliant Cocody au Plateau reportée. Le 63e anniversaire de l'accession à l'indépendance qui devait se tenir le 7 août à Grand-Bassam, avec un grand défilé, a été annulé.
La célébration s'est déroulée dans la sobriété, avec juste une prise d'armes à la Présidence. Ce deuil national s'est même ressenti dans le traditionnel message à la nation du Chef de l'État. L'heure n'était pas aux grandes déclarations.
Et comme si tous les Ivoiriens s'étaient passés le mot, en dehors de tous ces symboles, de nombreuses activités ont été ajournées. Les partis politiques ont reporté, en cette période de précampagne pour les élections municipales et régionales, leurs activités.
Les endroits les plus chauds du pays ont perdu de leur chaleur. Un tour dans la capitale économique a montré que, cette année, tout s'est fait dans la sobriété.
La Côte d'Ivoire, dans sa grande diversité, sans calcul politique, a, toute affaire cessante, couru pour soutenir la famille éplorée. Devant la mort de l'ancien Président, tous les clivages politiques sont tombés. Il n'y a plus ni Rhdp ni Pdci-Rda, ni Fpi ni Ppa-CI, ni Mgc. Il n'y a que des Ivoiriens qui ont perdu un de leurs anciens dirigeants, un de leurs leaders, un de leurs frères.
Le président de l'Assemblée nationale avait dit, après son passage à la résidence du défunt : "Devant la mort, la dimension humaine prend toute sa place. Au-delà des chapelles politiques, face à la mort, nos pleurs n'ont pas de couleur. Nous sommes venus pleurer avec nos frères du Pdci-Rda, parce que c'est la Côte d'Ivoire qui perd un enfant, son digne fils, un grand monument. Je voudrais humblement prier Dieu pour que son âme repose en paix. Que Dieu raffermisse la foi de tous les membres de sa famille, de tous les Ivoiriens qui l'ont connu pour qu'ensemble, nous traversions cette épreuve difficile".
Simone Ehivet a fait remarquer que c'est un pan entier de l'histoire de la Côte d'Ivoire qui part avec ce décès. "La nouvelle est tombée de façon brutale sur la nation. Il est normal qu'on se précipite pour venir soutenir sa famille. Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire. Je présente mes condoléances à tout le monde, à son épouse, ma grande soeur, mais également aux enfants et à la nation ivoirienne tout entière. On perd un grand homme. En tout cas, il a fini grand, quel que soit ce qu'on pense de lui. C'est un pan entier de l'histoire de la Côte d'Ivoire qui s'en va comme ça. C'est quelque chose qu'on ne peut pas ne pas noter", a-t-elle souligné.
« Le président Henri Konan Bédié, a renchéri Alphonse Djédjé Mady, ancien secrétaire général du Pdci-Rda, a mis toute son énergie au service de son pays. Il a commencé très tôt et jusqu'à ce qu'il s'en aille, il n'a cessé de servir son pays. Il s'en va, la douleur est grande. Son décès laisse un vide. Cette peine nous étreint, nous touche au plus profond de notre âme».
Cette spontanéité, cet élan patriotique autour de cet homme de valeur doit habiter les Ivoiriens à tout moment. Comme ce leader qui part, nous devons cultiver les valeurs qui fondent l'être humain. Et celle de la fraternité qui nous guide aujourd'hui ne doit plus jamais nous quitter.
C'est toute une nation affligée qui rend hommage à un ancien Président qui a servi son pays et qui, comme il l'a pu, a apporté sa pierre à la construction de la Côte d'Ivoire.