Au Niger, Ibrahim Harouna, président de la Maison de la presse, tire la sonnette d'alarme au sujet des menaces et intimidations subies par les journalistes depuis le coup d'État du 26 juillet 2023.
Au Niger, les journalistes s'inquiètent pour l'exercice de leur profession. Suite au coup d'État du 26 juillet dernier qui a porté le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au pouvoir, la presse se dit menacée et intimidée, à la fois par des militaires proches de la junte mais aussi par des civils qui soutiennent les nouvelles autorités.
« Menacés parce qu'ils ont publié certains documents qui ne conviennent pas aux militaires »
Le président de la Maison de la presse du Niger, Ibrahim Harouna, décrit « une insécurité grandissante » pour tous les professionnels, au micro de Sidy Yansané. « Notre préoccupation était donc de tout faire pour avertir les militaires au pouvoir de ne pas violer la liberté de la presse, ou bien de ne pas s'en prendre à cette liberté de la presse et cette liberté d'expression, explique-t-il. Mais, malheureusement, on a reçu des plaintes de journalistes qui se plaignent d'avoir été menacés, et on en a qui ont même été appelés par des militaires pour être menacés parce qu'ils ont publié certains documents qui ne leur conviennent pas ».
Il rappelle : « Or, dans le traitement de l'information, le journaliste est indépendant pour traiter l'information, il n'a pas à se fier à ce que veut l'autre, parce que c'est lui qui a les armes en main pour traiter l'information. »
Et Ibrahim Harouna de conclure : « Aujourd'hui, on est passés à un niveau supérieur du moment où il y a des activistes qui ont commencé eux-mêmes à clairement dire qu'ils peuvent s'en prendre à une journaliste parce qu'elle a dit que certains Nigériens qui vivent à Niamey sont en train de quitter la ville par crainte de ce qui peut arriver à la suite de la décision de la Cédéao. Donc ce sont des menaces réelles que les journalistes sont en train de vivre au Niger pendant cette période exceptionnelle. »
Le 3 août, Reporters sans frontières (RSF) s'insurgeait déjà de la situation pour la presse au Niger, dans la foulée de la suspension de RFI et France 24 dans ce pays. Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF, déclarait notamment : « Nous dénonçons cette attitude de la junte nigérienne qui présage de lendemains difficiles pour les médias, y compris les médias locaux. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est important également pour les médias locaux de se mobiliser pour faire cesser toutes les entraves que nous voyons émerger [...] avec des appels à lyncher des journalistes, avec des attaques directes contre des journalistes. Cela ne peut pas prospérer dans ce contexte-là, où les populations ont besoin d'information. »