Nigeria: La visite à Niamey de chefs religieux suscite l'espoir d'une issue négociée dans la crise nigérienne

Des militaires nigériens dans le Tillabéry où il y a eu des massacres perpétrés par des jihadistes (Image d'illustration).

Le 12 août 2023 à Niamey, une délégation d'oulémas wahhabites nigérians a rencontré notamment le général Abdourahamane Tiani, nouvel homme fort du Niger depuis le coup d'État du 26 juillet. Au Nord du Nigeria voisin, cette délégation suscite l'espoir d'une issue non-militaire entre la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et les putschistes nigériens. Explications.

Les populations du Nord du Nigeria continuent d'espérer qu'une solution négociée soit toujours possible, dans la crise qui divise la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) suite au coup d'État du 26 juillet dernier au Niger.

La rencontre entre une délégation d'oulémas wahhabites et les plus hauts représentants du régime militaire - le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine et le général Tiani, président du Conseil nationale de sauvegarde de la patrie (CNSP) - le 12 août 2023, nourrit certains espoirs.

Depuis le début de la crise au Niger, les populations du nord du Nigeria ont en effet parfois le sentiment que les autorités de leur pays ne prennent pas suffisamment en compte leur proximité avec le Niger, selon Kabiru Said Sufi, professeur de sciences politiques à l'Université de Kano.

Samedi, une délégation emmenée par le Sheik Abdullahi Bala Lau a donc pu rencontrer le patron du CNSP à Niamey, ce qui met en évidence ces liens culturels et religieux. « Le Sheik Bala Lau est à la tête d'un important mouvement d'inspiration salafiste, qui est très visible non seulement au Nigeria, mais aussi au Niger, avec notamment beaucoup de fidèles parmi les officiels des deux pays, ce qui lui confère une grande influence », décrypte Kabiru Said Sufi.

L'universitaire poursuit : « Certaines des personnalités religieuses présentes samedi à Niamey ont reçu une solide éducation, tant religieuse qu'occidentale. Certains sont même professeurs à l'université. Donc les gens du Nord du Nigeria pensent qu'ils sont capables de faire passer des messages des deux côtés, et d'exprimer les inquiétudes de la population à l'idée que les choses dérapent. »

Dans un communiqué publié ce 13 août, le Sheik Bala Lau affirme que le général Abdourahamane Tiani a « déclaré que sa porte était ouverte pour explorer la voie de la diplomatie et de la paix », afin de résoudre la crise en cours.

Le chef de la junte serait même allé jusqu'à regretter de ne pas avoir reçu la première délégation missionnée par la Cédéao, qui comprenait notamment le sultan de Sokoto, leader religieux du nord-ouest du Nigeria très respecté et influent.

Aucune des affirmations contenues dans le communiqué des religieux nigérians n'a cependant été confirmée par le régime militaire.

À noter que l'ex-émir de Kano et chef de l'ordre soufi Tijjaniyah, le très respecté Lamido Sanusi Lamido, s'était également entretenu avec le général Tiani, le mercredi 9 août.

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