En République démocratique du Congo (RDC) s'ouvre ce lundi 21 août, le procès de l'opposant et ancien Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo Mapon devant la Cour constitutionnelle du pays. Il est soupçonné de détournement de plus de 205 millions des 285 millions de dollars décaissés par le Trésor public pour le projet pilote du parc agro-alimentaire de Bukanga-Lonzo à 200 kilomètres de Kinshasa. L'opposant candidat à la présidentielle du 20 décembre prochain n'a eu de cesse de clamer son innocence et a dénoncé un acharnement politique.
Augustin Matata Ponyo séjourne depuis près de deux mois dans son bastion politique de Kindu où il a installé ses quartiers. Absent de la capitale, l'ancien Premier ministre se fera représenter devant la Cour par ses avocats, selon ses proches.
Dans ce procès, le procureur semble avoir changé son fusil d'épaule en sortant du dossier les anciens ministres Wivine Mumba et Patrice Kitebi, auparavant co-accusés. Le procureur a, par contre, mis en accusation l'ancien gouverneur de la Banque centrale, Deogratias Mutombo, pointant sa responsabilité dans le décaissement des fonds. Lui et l'homme d'affaires sud-Africain, Grobler Christo, gérant de la société qui avait gagné le marché pour équiper le parc, sont attendus devant la barre. Le parquet assure disposer de nouveaux éléments contre les trois hommes.
Un « vide juridique »
La procédure suscite cependant la controverse. Ce procès s'était ouvert en novembre 2021 devant la même Cour constitutionnelle, mais celle-ci s'était immédiatement déclarée incompétente à juger un ancien Premier ministre. Les décisions de cette Cour, en vertu de la loi dans le pays, ne peuvent aucunement faire l'objet d'une contestation. La Cour de cassation saisie avait fait de même.
Conséquence: selon les avocats de la défense s'appuyant sur ce qu'ils considèrent comme un « vide juridique », un ancien Premier ministre, ou président, ne peut pas être jugé pour des actes qui ont eu lieu pendant sa gouvernance.
À quatre mois de la présidentielle à laquelle il est candidat, Matata Ponyo fulmine contre ces poursuites qu'il qualifie de « politiques », un complot, selon lui, destiné à l'écarter de la course.