Sénégal: Réponse à la pétition des 141 personnalités - 'La séparation des pouvoirs reste un principe intangible de notre République', dit Abdou Karim Fofana

Ousmane Sonko, député et leader du parti Pastef, opposition sénégalaise

Dakar — La séparation des pouvoirs "reste un principe intangible de notre République", a répondu le porte-parole du gouvernement sénégalais, Abdou Karim Fofana, aux auteurs de la pétition demandant au président de la République, Macky Sall, de faire libérer Ousmane Sonko et d'autres militants de l'opposition.

Cent quarante et une personnalités sénégalaises et étrangères de divers secteurs d'activité ont réclamé au chef de l'État "la mise en liberté d'office de l'opposant Ousmane Sonko" et "des autres personnes détenues pour [...] leurs opinions".

Ils lui ont également demandé de retirer le décret portant dissolution de Pastef-Les patriotes, le parti de M. Sonko.

L'ancien ministre sénégalais de la Justice Serigne Diop, le professeur Alioune Sall, ancien juge international, Mamadou Ismaïla Konaté, avocat et ancien ministre de la Justice du Mali, Reed Brody, avocat au barreau de New York (États-Unis d'Amérique), son confrère sénégalais Abdoulaye Tine, le Burkinabè Bénéwendé Stanislas Sankara, avocat et ancien ministre, l'ancien procureur Alioune Ndao et l'ancienne Première ministre du Sénégal Aminata Touré ont signé la pétition.

L'ancien ministre gambien Demba Ali Jawo, le député ivoirien Michel Gbagbo, Mamadou Lamine Diallo, député et vice-président de l'Assemblée nationale du Sénégal, les journalistes Ibrahima Lissa Faye et Mame Gor Ngom, et le professeur Boubacar Diop, dit Buuba, font partie des auteurs de la tribune.

Les pétitionnaires "doivent [...] se réjouir que la séparation des pouvoirs [...] reste un principe intangible de notre République", a répondu le ministre du Commerce et porte-parole du gouvernement sénégalais.

"Une centaine d'hommes et de femmes [...] du Sénégal et d'ailleurs ont signé une pétition relative [...] à la démocratie et à l'État de droit. Ces sujets leur ont [...] servi de prétexte pour appeler à la libération d'un homme politique, au mépris des principes de ce même État de droit", a écrit Abdou Karim Fofana.

Ils s'inscrivent par "leur démarche", a reconnu M. Fofana, "dans la longue tradition du débat d'idées consubstantiel à notre démocratie". "En revanche, a-t-il soutenu, voir des intellectuels et professionnels du droit, pour la majorité des signataires, fouler aux pieds le principe de la séparation des pouvoirs nous interpelle."

"Une méconnaissance du fonctionnement de la justice"

"Appeler le président de la République à demander au parquet, par l'intermédiaire du garde des Sceaux, de libérer un détenu inculpé par un juge d'instruction relève [...] d'une méconnaissance du fonctionnement de la justice" sénégalaise ou "d'une tentative d'entretenir un amalgame", a argué le porte-parole du gouvernement.

Ousmane Sonko a été arrêté le 28 juillet. Trois jours plus tard, il a été inculpé d'appel à l'insurrection, d'association de malfaiteurs, d'atteinte à la sûreté de l'État, de complot contre l'autorité de l'État.

L'opposant placé sous mandat de dépôt le 31 juillet est également accusé par le parquet de Dakar d'actes et manoeuvres de nature à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et de vol.

Le jour de son inculpation, le ministre de l'Intérieur, Antoine Diome, a annoncé la dissolution de son parti.

"Pastef [...] a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels", a argué M. Diome, ce que les responsables de ladite formation politique et ses militants ne cessent de nier.

M. Sonko est classé troisième à l'élection présidentielle de 2019, derrière l'ancien Premier ministre Idrissa Seck et Macky Sall, qui s'est fait réélire. Pastef-Les patriotes et ses alliés constituent l'un des principaux groupes parlementaires de la législature élue le 31 juillet 2022.

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