Depuis mai 2023, les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) ont pris pour cible des dirigeants de partis politiques d'opposition, en restreignant leurs libertés fondamentales et en arrêtant des cadres de partis, a déclaré Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié mardi 22 août. La coalition au pouvoir a mis en cause un rapport « excessif et manipulé ».
En RDC, Human Rights Watch observe depuis le mois de mai une vague d'arrestations et de restrictions des libertés frappant l'opposition. Son rapport fait également état des restrictions à l'égard des journalistes.
À quatre mois de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo, l'ONG Human Rights Watch a dénoncé mardi la « répression » et les « intimidations » auxquels l'opposition politique fait face, « dans un contexte de tensions politiques accrues ». Les autorités de la RDC ont « pris pour cible des dirigeants de partis politiques » selon l'organisation américaine de défense des droits humains. Dans un communiqué publié mardi, l'ONG parle de « vague d'arrestations et de restrictions des libertés fondamentales ».
Cité par Human Rights Watch, le bureau des droits humains des Nations unies en RDC évoque « des enlèvements et des menaces ciblant l'opposition », « des discours de haine et d'incitation à la violence », ainsi qu'un « usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques ».
Les autorités doivent inverser rapidement la tendance, estime Thomas Fessy, chercheur spécialiste de ce pays au sein de l'organisation de défense des droits de l'Homme, pour que des élections libres et équitables soient possibles.
01:04 Pour Thomas Fessy, chercheur spécialiste de la RDC, «les membres de l'opposition ne devraient pas faire face à de tels obstacles à la veille de la campagne électorale»
Claire Fages La plupart des incidents concerne le parti de Moïse Katumbi
L'organisation de défense de la presse Journalistes en danger (JED), également citée dans le communiqué, s'alarme de la « montée » de la « violence physique à l'égard des journalistes » et des « militants de partis politiques ».
La plupart des incidents rapportés dans ce document concerne le parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, poids-lourd de la politique congolaise, qui est devenu un des principaux opposants au régime du président Félix Tshisekedi.
Le 30 mai, le premier conseiller de Moïse Katumbi, Salomon Kalonda, a été arrêté à Kinshasa par des agents du renseignement militaire et est détenu jusqu'à ce jour. Les charges retenues contre lui ont changé à plusieurs reprises depuis son arrestation.
Le 13 juillet, Chérubin Okende, porte-parole d'Ensemble pour la République, a été retrouvé mort, criblé de balles dans son véhicule, au bord d'une route dans la capitale. Cet ancien ministre des Transports de Felix Tshisekedi a rallié Moïse Katumbi et l'opposition fin 2022. Son « assassinat », jusqu'alors non élucidé, a provoqué l'émoi à travers le pays.
La coalition au pouvoir pointe du doigt un « faux rapport qui est excessif et manipulé »
Mercredi 23 août, la coalition au pouvoir réagit par la négative. Un « faux rapport qui est excessif et manipulé », nous dit Jean Thierry Monsenepwo, communicateur de la coalition au pouvoir, l'union sacrée.
01:03 Pour Jean Thierry Monsenepwo, communicateur de la coalition au pouvoir, l'union sacrée, le rapport de HRW est «faux», «excessif et manipulé»
Claire Fages Limitation de mouvements, répression violente de manifestations, arrestations, perquisitions avec violences, destruction de biens: les chercheurs de Human Rights Watch disent avoir « de sérieuses inquiétudes quant aux efforts politiquement motivés pour intimider l'opposition ».
Cité également dans le communiqué de HRW, le président Félix Tshisekedi, candidat à sa propre réélection en décembre, a déclaré lors d'un meeting le 25 juin qu'il s'attaquerait « sans remords à tout Congolais » qui nuirait à la « stabilité (du) pays ». « Peu importe ce qu'on en dira: violations des droits de l'homme, privation de libertés... »
Le 24 mai, au cours d'une conférence de presse, le récemment nommé ministre de l'Intérieur Peter Kazadi s'en est pris aux journalistes internationaux et à la communauté internationale en réponse aux critiques sur la répression violente d'une manifestation.
Il les accuse de fragiliser l'État en « distribuant des (bons) points », ce qui selon lui poussent les dirigeants congolais à adapter leur politique « pour ne pas être transférés devant la Cour pénale internationale ».