Pour l'opposition gabonaise, le président sortant, Ali Bongo Ondimba, doit accepter le choix souverain du peuple après les élections du 26 août.
Au Gabon, c'est toujours l'attente des résultats, plus de 48 heures après les élections présidentielle, législatives et locales de samedi dernier.
Un scrutin marqué par de nombreux dysfonctionnements, notamment l'ouverture tardive de certains bureaux de vote.
La pression est désormais forte sur le Centre gabonais des élections qui doit proclamer les résultats.
Selon nos sources, le dépouillement des bulletins de vote a pris fin depuis dimanche et l'on attend plus que l'annonce des résultats mais Geoffroy Foumboula, membre d'une ONG qui suit le processus électoral, redoute que des manipulations soient en cours dans les bureaux de vote.
"Ce qui se passe actuellement, c'est que dans certaines commissions, il semblerait que les commissaires, en attente avec d'autres scrutateurs, sont en train de refaire des procès-verbaux. Qu'ils ont besoin de temps. Nous continuons à mettre la pression. Nous, nous avons également les copies des PV qui ont été récupérés par nos scrutateurs au sortir des urnes. Il n'en saurait être autrement par rapport aux informations qui seront diffusées" , dit l'activiste de la société civile.
Mise en garde de l'opposition
L'opposition, pour sa part, accuse clairement le pouvoir en place d'être en train de modifier les résultats.
Le porte-parole du candidat Albert Ondo Ossa, Mike Jocktane, était face à la presse ce lundi après-midi [28.8.23].
Il a notamment mis en garde contre toute manipulation des chiffres en faveur du président sortant. Il a aussi parlé d'intimidations dans les bureaux de vote.
"Dans une forte majorité des bureaux de vote, affirme le porte-parole d'Albert Ondo Ossa, le candidat d'Alternance 2023 est arrivé en tête du scrutin avec des écarts considérables. Il nous revient que certains scrutateurs, notamment dans les provinces du Haut-Ogoué et du Moyen-Ogoué, font l'objet d'intimidations en vue de procéder à la modification des procès-verbaux en la défaveur de notre candidat, Albert Ondo Ossa."
Respecter le choix du peuple
L'opposition appelle cependant au calme et demande à Ali Bongo de respecter le choix fait par les électeurs gabonais dans les urnes.
"En nous engageant dans ces élections, nous avons déclaré au pays et au monde que nous les voulions apaisées, sans violences et sans morts. Nous voulons préserver la paix au terme de ce processus électoral. Ce qui est attendu d'Ali Bongo Ondimba est qu'il accepte le choix souverain du peuple gabonais", dit Mike Jocktane.
Risques de troubles comme en 2016
Albert Ondo Ossa, le véritable rival d'Ali Bongo, a laissé entendre qu'il pourrait y avoir des violences post-électorales dans le pays s'il n'était pas déclaré vainqueur au terme du processus.
Ces élections se sont déroulées sans observateurs internationaux, africains comme européens, et aucun journaliste étranger n'a reçu les accréditations demandées ou n'a été autorisé à entrer au Gabon.
En outre, le gouvernement a coupé internet samedi soir et instauré un couvre-feu dans tout le pays en invoquant des risques de violences. Des signes de fébrilité, selon l'opposition.
En 2016, la Cour constitutionnelle avait proclamé Ali Bongo Ondimba vainqueur de la présidentielle avec 50,66 % des suffrages contre 47,24 % pour son principal rival, Jean Ping. Des violences avaient par la suite éclaté dans le pays, faisant une trentaine de morts.