Le 30 août 2023, le président du Gabon depuis 2009, Ali Bongo Ondimba, a été renversé par un coup d'État militaire. Si les réactions internationales, en Chine, en France ou aux États-Unis, ont été rapides, elles ont été moins nombreuses en Afrique.
Après le coup d'État au Gabon du 30 août 2023, les réactions internationales n'ont pas tardé à arriver, surtout de la part de la communauté internationale. En revanche, il y a eu peu de réactions africaines.
Le premier acteur politique majeur du continent à avoir pris la parole est le président de la Commission de l'Union africaine (UA). Moussa Faki Mahamat a dénoncé « une violation flagrante » des principes de l'UA et condamne fermement la tentative de coup d'État comme voie de solution de la crise post-électorale gabonaise.
00:49 Ebba Kalondo, porte-parole du président de la Commission de l'UA, sur la situation au Gabon
Laurent Correau « Une apparente contagion autocratique »
Parmi les rares pays africains à avoir réagi au 31 août matin : le Maroc, qui appelle à faire confiance à la sagesse de la nation gabonaise pour répondre aux « aspirations du peuple frère ». Pas un mot sur le sort d'Ali Bongo en revanche.
Le Nigeria, dans un communiqué signé du conseiller spécial du président du pays, affirme que « Bola Tinubu suit de très près les développements qui se déroulent au Gabon et est profondément préoccupé par la stabilité sociopolitique du pays et par l'apparente contagion autocratique qui semble se propager à d'autres parties du continent africain ». Le chef d'État nigérian est en première ligne contre le coup d'État au Niger, en tant que président en exercice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
La Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), dont Ali Bongo assurait la présidence tournante depuis cet été, a indiqué suivre « avec une profonde préoccupation l'annonce faite par les forces de défense et de sécurité ». Une CEEAC qui « condamne fermement le recours à la force comme voie de résolution des conflits politiques et d'accès au pouvoir ».
« Ça lance un message à des dinosaures » en Afrique centrale
Interrogé durant l'édition spéciale de RFI sur le peu de réactions sur le continent, Francis Kpatindé, spécialiste de l'Afrique de l'Ouest et maître de conférences à Sciences Po Paris, souligne : « Toutes les semaines en ce moment, on a un coup d'État. Et je pense que le président de la Commission de l'Union africaine est dans son rôle, parce que depuis 1999, l'Union africaine prohibe les coups d'État. »
Il souligne, en revanche : « L'Afrique centrale, et on en parle très peu, avec le coup d'État qui vient de se produire au Gabon, ça lance un message à des dinosaures dans cette région. C'est la région la plus statique d'Afrique. Au moins, ça bouge en Afrique de l'Ouest. Mais là-bas, ça ne bouge pas. »
Interrogé sur le fait de savoir si ce coup d'État au Gabon peut être perçu comme une menace par les dirigeants des pays voisins, Francis Kpatindé abonde : « Dans certains palais, depuis hier, on doit en trembler. Dans cette région, vous avez un président qui est en poste depuis 1979 : Obiang Nguema, en Guinée équatoriale. Vous avez aussi Paul Biya qui est en poste depuis 1982. » Il conclut : « Dans ces pays, on doit se dire, "tiens, si le Gabon est tombé aussi facilement, il ne faut rien exclure". »