Ancienne étudiante de l'Ecole des beaux-arts d'Abidjan, professeur certifié en arts plastiques, celle sur qui les organisateurs de Wékré ont porté leur choix pour le commissariat général de l'événement n'est autre que Mathilde Moreau ou disons Mathilde Moro, sa signature artistique.
Une tête bien faite et bien pleine qui a progressivement gravi les échelons du monde des arts et de la culture, pour se hisser depuis mars 2006 jusqu'à aujourd'hui, à la tête de l'École nationale des beaux-arts d'Abidjan, en tant que directrice de cet établissement. Une école située au sein de l'Institut national des arts et de l'action culturelle (Insaac) sis à Cocody.
A la 4e édition du festival wékré ou Marché d'art contemporain de Ouaga, qui se tisse dans une vision de paix et de cohésion sociale, Mathilde Moreau partagera son riche savoir, consolidé dans le courant du mouvement artistique « vohou-vohou » qu'elle intègre en 1987 et où elle compte en bonne place, parmi les précurseurs, tous d'anciens étudiants de l'école des beaux-arts d'Abidjan, dont Youssouf bath' surnommé à cette époque « Le sorcier du vohou-vohou ».
Née à Grand-Bassam, au quartier Impérial, Mathilde Moreau débute ses études supérieures en 1978, à l'école des Beaux-arts d'Abidjan où elle obtient, en 1983, son diplôme national des Beaux-arts.
Elle exerce pendant plusieurs années dans le monde artistique avant de multiplier ses connaissances en Chine, à Beijing de 1998 à 1999, précisément à l'université des langues et cultures de Beijing où elle est certifiée en langue chinoise et intègre dans la même année, l'académie centrale des Beaux-arts de Beijing.
Sa volonté de parfaire ses connaissances est sanctionnée par l'obtention d'un certificat en peinture à huile. Chercheur de cette académie de 2003 à 2005, avec la thématique « Peinture traditionnelle chinoise », elle est certifiée en deux spécialités en calligraphie et en peinture traditionnelle chinoise.
Entre expositions individuelles et de groupes
Après sa première exposition individuelle en 1987, intitulée « Varig », du nom d'une compagnie dont l'avion a fait un crash à Alépé en 1987, Mathilde Moreau se distinguait déjà comme une artiste de talent.
Dans cette mouvance, elle porte sur la scène artistique ivoirienne, le groupe Daro-Daro, aux côtés du critique d'art Mimi Errol Auguste et les peintres Yacouba Touré, Ignace Mensah, Tiébéna Dagnogo, Issa Kouyaté.
Daro-Daro était avant tout, un atelier de création qui a donné en son temps, un nouveau souffle à l'art pictural ivoirien. Aussi bien en Côte d'Ivoire qu'ailleurs, Chili, Tunisie, Afrique du Sud (biennale de Johannesburg), Suisse, Sénégal (Dak'art) et Italie, son style d'écriture plastique retient l'attention.
Et sa formation à Beijing suscite chez elle, une rupture d'avec ses premières démarches. Dès son retour, Mathilde Moreau présente au public les acquis de cette formation à travers « Zhongguo », qui signifie en chinois, « la porte du ciel ».
Le monde lui ouvrant ainsi grandement les portes de la grâce divine, elle exprime sa reconnaissance en offrant au public ivoirien une exposition personnelle intitulée « Les printemps de Mathilde Moreau ».
A force de travail, et de présence constante sur le terrain de l'art pictural, cette dame sur qui les organisateurs du festival wékré portent leur choix en tant que commissaire générale de la 4e édition de leur événement s'impose aujourd'hui, comme le plus grand peintre féminin de Côte d'Ivoire et un des grands noms de la peinture ivoirienne.
C'est aussi à juste titre que la grande salle d'exposition de la galerie Houkami Guyzagn porte fièrement son nom.
Reconnaissance
Pour Mathilde Moreau ou Mathilde Moro, les organisateurs du festival wékré trouvent les mots justes en vue de lui exprimer leur reconnaissance.
« Nous serons à la 4e édition du Marché d'Art contemporain de Ouaga encore appelé festival wékré. Et vous savez qu'en Afrique, l'on rapporte généralement le chiffre 4 à la femme. Nous avons donc consacré cette édition à la femme artiste et autres professionnelles du domaine (...). Nous voulons promouvoir la trajectoire des femmes qui ont tracé des sillons dans ce domaine. Toutes ces réflexions ont abouti au choix de Mathilde Moreau, directrice de l'École des beaux-arts d'Abidjan qui est une forte personnalité de notre domaine. Nous l'avons voulu ainsi pour bénéficier également de l'expérience de la Côte d'Ivoire, ce pays frère... », fait savoir Aboubacar Sanga, secrétaire exécutif du collectif wékré, initiateur de marché d'art contemporain de Ouaga.