Madagascar: L'opposition dénonce un «coup d'État institutionnel»

Marc Ravalomanana fait partie des 10 candidats à dénoncer un «coup d'État institutionnel» en vue de la présidentielle. (image d'illustration)

Mardi 12 septembre, 10 des 13 candidats à l'élection présidentielle ont dénoncé, dans une lettre adressée à la Céni, un « coup d'État institutionnel ». Ces candidats reprochent à la Haute Cour constitutionnelle d'avoir violé la Constitution en confiant les rênes du pays au Premier ministre et à son gouvernement, pour assurer l'intérim du président sortant démissionnaire. Dans la missive, les candidats contestataires soutiennent que l'institution a fait une mauvaise interprétation des textes, et la suspectent d'avoir pris une décision dictée par le régime. Des suspicions que la Haute Cour constitutionnelle dément formellement.

Tout a commencé samedi soir. Conformément à la Constitution, le président de la République Andry Rajoelina pose sa démission afin de pouvoir se porter candidat à sa propre succession. Dans la même soirée, la Haute Cour constitutionnelle confie l'intérim des attributions présidentielles à un gouvernement collégial, jusqu'à l'élection du prochain chef d'État ; le président du Sénat ayant renoncé à prendre les rênes du pays, comme le prévoit pourtant la Constitution.

Seulement, mardi, 72h après cette décision, les dix candidats signataires dénoncent une mauvaise interprétation de la loi et accusent le chef d'État de manipuler les institutions pour favoriser sa réélection. « L'objectif de cette lettre, c'est de dénoncer l'organe qui est censé donner les résultats du scrutin à l'issue de l'élection », explique Eléonore Johasy, qui représente le candidat Auguste Paraina.

« La confiance s'effrite et toutes les manigances et manoeuvres qui se sont produites jusqu'à aujourd'hui ne favorisent pas le fait que l'on puisse en toute confiance s'en remettre aux différentes instances. Cette décision de renonciation du président du Sénat à la dernière minute me parait prise très à la légère et a été acceptée à la légère. Il me semble qu'il y a eu des raccourcis, des accommodements qui sortent du cadre institutionnel. Je pense que c'est la HCC qui est sortie du cadre constitutionnel. Dans la mesure où la Constitution ne prévoit absolument pas de renonciation. »

« Nous avons intérêt de réagir par rapport aux irrégularités commises par des institutions comme la HCC », commente de son côté le candidat Jean-Brunelle Razafitsiandraofa.

Interrogé, le président de la HCC Florent Rakotoarisoa rétorque : « Leur problème, c'est la candidature d'Andry Rajoelina. C'est vraiment ça ! Donc toutes ces requêtes d'invalidation de sa candidature et demandes d'avis tendent vers un seul but : l'élimination de sa candidature. Ici, à la HCC, on ne voit pas de raison constitutionnelle ou légale d'accepter leur demande en invalidation. » Le président de l'institution rappelle que toutes les décisions ont été motivées.

« Ils disent que la renonciation n'est pas un terme prévu par la Constitution. Mais que doit faire la HCC ? La HCC a une solution prévue par la Constitution : c'est le gouvernement collégial ! Nous avons seulement appliqué la solution de réserve prévue par la Constitution. On a fait en sorte d'assurer la continuité de l'État. La HCC ne peut pas prendre la responsabilité de créer un vide juridique pour réfléchir qui l'on doit mettre à la place du Président du Sénat. Ce serait une catastrophe si pendant le temps de vacance à la tête de l'État, il se passait quelque chose ! »

« Dans les chancelleries, tout le monde observe ce qui est en train de se passer. Toutefois, on trouvera autant de juristes pour critiquer cette décision de gouvernement collégial que pour la défendre », confie un membre du corps diplomatique sur place.

Les candidats attendent un retour de la Céni. Pour l'heure, aucun d'entre n'a néanmoins prévu de refuser de participer au scrutin.

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