Madagascar: Restauration de l'Etat de droit - Les députés de l'opposition lancent l' « Angaredona »

Palais présidentiel d'Ambosorohitra, centre-ville d'Antananarivo.

Après la solidarité des 11 candidats, c'est au tour des députés qui n'appartiennent pas à la majorité, de rechercher leur unité. L'objectif est de se positionner comme un véritable contre-pouvoir.

Après une semaine de rapprochement et de contact, ils comptent passer à l'action. Pour marquer leur entrée dans ce contexte politique mouvementé, ils organisent une émission spéciale, ce jour, sur les principaux médias de la capitale. Tous les députés de l'opposition et ceux qui ne sont plus avec le régime partageront le micro tout au long de la journée afin de dénoncer les différentes infractions perpétrées par le régime mais surtout de contester les récentes décisions de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) dont la mise en place du gouvernement collégial. « Ce qui est important pour nous, c'est de réclamer la restauration de l'Etat de droit, le respect des lois en vigueur mais surtout d'empêcher qu'une personne qui a la nationalité étrangère puisse diriger le pays », a clamé Fidèle Razara Pierre, hier, lors du talk show Miara-Manonja durant lequel il a présenté l'émission « Angaredona », qui risque de devenir un mouvement dans les jours à venir.

Remake

Le coup des 73 députés a réussi à mettre l'ancien président Hery Rajaonarimampianina en touche. Au mois d'avril 2018, ils ont décidé de faire front ensemble et après quelques semaines de mobilisation ils ont réussi à installer un gouvernement de consensus dirigé par le Premier ministre, Christian Ntsay. Et le reste appartient à l'histoire. Dans un contexte tout à fait différent, avec un processus électoral déjà enclenché, la manoeuvre fomentée par les députés de l'opposition reste prévisible. Il s'agit de faire un remake de ce qui s'est passé en 2018. Sauf qu'ils ne sont que quelque 40 députés si tous ceux qui n'appartiennent pas à la majorité se joignent à eux. Cette nouvelle fronde a comme armature les députés du parti Tiako i Madagasikara et les députés du parti Malagasy Miara-Miainga, soutenus par des députés élus sous l'étiquette indépendant et des caciques de l'IRD. « Il s'agit du début d'une longue lutte et tous ceux qui sont lassés des différentes infractions perpétrées par les autorités actuelles peuvent rejoindre ce mouvement », a continué le député d'Ambatondrazaka.

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Souveraineté

En tout cas, les députés acquis à cette cause veulent marquer la carte de la représentation politique. « Nous sommes des élus, contrairement à ceux qui détiennent le pouvoir actuellement. Et nous comptons bien parler au nom de ceux qui ont voté pour nous », a-t-il ajouté, tout en se référant à l'article 5 de la Constitution. Selon l'alinéa 1 de cette disposition, « la souveraineté appartient au peuple, source de tout pouvoir, qui l'exerce par ses représentants élus au suffrage universel direct ou indirect, ou par la voie du référendum. Aucune fraction du peuple, ni aucun individu ne peut s'attribuer l'exercice de la souveraineté ». Quoi qu'il en soit, avec l'émission Angaredona de ce jour, nous pouvons mettre des visages sur les noms des députés qui sont encore avec le pouvoir et ceux qui ont décidé de jouer le jeu de l'opposition.

Rapport de force

La polarisation de la Chambre basse est, une fois encore, inévitable comme au temps de la Révolution Française avec la naissance de la gauche qui regroupait à l'époque les personnes en faveur d'une démocratisation du régime, celles en faveur d'une république, ainsi que les précurseurs des courants socialistes et la droite qui rassemblait les royalistes, qu'ils soient orléanistes, doctrinaires ou légitimistes. Si la bande à Fidèle Razara Pierre aspire à un changement de régime, les quelque 111 députés de la majorité restent loyaux à l'ancien président Andry Rajoelina. Pas plus tard que le 1 septembre, réunis à l'Arena Ivandry, ils ont renouvelé leur allégeance à l'ancien locataire d'Iavoloha. En termes de chiffre, donc de représentativité, le rapport de force leur est encore favorable. Il reste à savoir si au cours de ces deux dernières semaines, avec l'évolution de la physionomie politique dans le pays, d'autres députés ont quitté le camp des « oranges » pour une autre couleur.

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