Hier, mardi 19 septembre, les organisations de la société civile, la communauté internationale puis la HCC (la Haute Cour Constitutionnelle) se sont tour à tour fendu d'une déclaration pour mettre, à leur façon, les points sur les i. Depuis la démission du président de la République, le 9 septembre dernier, - une condition sine qua non pour pouvoir entrer dans la course à sa propre succession -, les décisions rendues par la Haute Cour Constitutionnelle ont suscité beaucoup de crispations. À commencer par celle confiant les fonctions de chef de l'État par intérim à un gouvernement collégial, le président du Sénat ayant renoncé subitement à l'exercice des fonctions de chef de l'Etat. Une décision qualifiée de « coup d'État institutionnel » par 10 des 13 candidats à l'élection présidentielle.
« Ne violons pas la Constitution » exhorte en préambule de son communiqué, la quarantaine d'organisations de la société civile malgache, avant d'enjoindre à la Haute Cour Constitutionnelle de « revenir sur sa décision et nommer le président du Sénat comme président de la République par intérim » jusqu'à l'intronisation officielle du futur président élu.
La Constitution a été mal interprétée, soutient-elle ; le président du Sénat a possiblement « été contraint de refuser le rôle de président ». De quoi « mettre en danger » le processus électoral, le pays et le peuple malgache « en raison de l'absence d'un gouvernement conforme à la constitution pour conduire des élections impartiales et acceptées par tous. » Chacun doit prendre ses responsabilités, afin « de prévenir la menace d'une crise électorale ».
De son côté, la communauté internationale, avec en tête de file l'Union européenne et les États-Unis, a déclaré mardi suivre avec « la plus grande vigilance les derniers développements relatifs à la préparation de l'élection présidentielle ». « Ce sont les décisions arrêtées à 1h de la fin du mandat de du Président Rajoelina ce 9 septembre qui sont à l'origine de ce communiqué. Nous sommes au courant de ce qui s'est passé derrière les portes closes », explique un diplomate en poste, sur l'île.
Quelques heures après ce communiqué, la HCC publie le sien dans lequel elle assure une nouvelle fois avoir appliqué la loi et exclut toute possibilité de modifier sa décision, « au risque de sortir du cadre constitutionnel ». L'institution profite de cette mise au point pour préciser les attributions, le fonctionnement et l'étendue des pouvoirs du gouvernement exerçant collégialement les fonctions de chef de l'État par intérim.
Interrogée sur ces différents communiqués, la porte-parole du gouvernement collégial Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo salue la déclaration de la communauté internationale, qui corrobore, explique-t-elle, la volonté du gouvernement de mener à bien ces élections.
La porte-parole critique vertement en revanche la déclaration de la société civile qui « démontre ni plus ni moins qu'une ignorance, voire un mépris de la Constitution et des lois, ce qui est indigne de la part de ces organisations censées éduquer les citoyens sur le respect de nos textes. Les décisions de la HCC sont non susceptibles de recours, il n'appartient pas aux OSC ni à qui que ce soit de demander à cette plus haute juridiction de l'Etat de revenir sur une décision qu'elle a prise parce que cela équivaudrait à demander à la HCC de violer la loi fondamentale. La HCC a tranché, sa décision s'impose à tous les Malagasy sans distinction. » La porte-parole invite les OSC et l'opposition à bien s'enquérir de ces dispositions constitutionnelles avant, dit-elle, « de jeter le discrédit sur le processus électoral. »