En République démocratique du Congo (RDC), le journaliste Stanis Bujakera, arrêté le 8 septembre, a vu sa demande de remise en liberté provisoire repoussée ce 25 septembre. Pour l'avocat du correspondant de Reuters et de Jeune Afrique (JA), « ce maintien en détention n'a pas lieu d'être ». Maître Charles Mushizit rappelle que son « client n'a pas signé l'article qui est incriminé » par la justice congolaise dans JA, en lien avec la mort de l'opposant Chérubin Okende.
En République démocratique du Congo (RDC), le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe décide de maintenir en détention le journaliste Stanis Bujakera. Arrêté le 8 septembre 2023, le directeur de publication adjoint du site d'information actualite.cd et correspondant du magazine Jeune Afrique et de l'agence Reuters à Kinshasa, a vu sa demande de remise en liberté provisoire repoussée ce 25 septembre.
Il est accusé de « faux en écriture, falsification des sceaux de l'État », « propagation de faux bruits », et « transmission de messages erronés et contraires à la loi » suite à la publication d'un article de Jeune Afrique qu'il n'a pas signé. Article qui mettait en cause les renseignements militaires dans l'assassinat de l'opposant Chérubin Okende, dont le corps avait été retrouvé le 13 juillet.
« Les indices sérieux de culpabilité et qui pèsent sur lui ne sont pas démontrés »
Une décision insatisfaisante pour l'avocat de Stanis Bujakera, maître Charles Mushizit, joint par François Mazet : « Je suis plutôt très déçu car ce maintien en détention n'a pas lieu d'être, d'autant plus que mon client a offert à la justice congolaise toutes les garanties tendant à considérer et à faire croire de très bonne foi qu'il ne peut en aucun cas entraver le cours normal de la procédure et des enquêtes du parquet. Mais, surtout, les indices sérieux de culpabilité et qui pèsent sur lui ne sont pas démontrés, non seulement parce que mon client n'a pas signé le papier qui est incriminé. Mais aussi et surtout que son nom n'est cité nulle part, en termes de responsabilité individuelle. »
Maître Charles Mushizit insiste : « Donc, c'est une déception, mais ça ne nous désarme pas. On va certainement embrayer sur d'autres moyens de droit pour qu'absolument, notre client puisse avoir cette liberté et puisse comparaître dans le reste de procédure en homme libre. »
Pour rappel, cette affaire concerne un article publié par Jeune Afrique mettant en cause les renseignements militaires dans l'assassinat mi-juillet de l'ancien ministre et opposant Chérubin Okende. L'article incriminé, diffusé fin août, se basait sur une note confidentielle présentée comme émanant des services de renseignements civils (ANR). Une note dont les autorités congolaises ont ensuite assuré qu'il s'agissait d'un faux.
Depuis, de nombreuses personnalités et organisations ont réclamé la libération de Stanis Bujakera. Le 19 septembre, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, avait assuré : « Pour le journaliste Stanis Bujakera, qui est un jeune homme que j'aime bien [...], je regrette ce qui lui arrive, mais je ne peux pas faire entrave à la justice et ne pas permettre à celle-ci de faire toute la lumière. D'autant plus qu'on parle de mort d'homme, là. »