Sénégal: Présidentielle 2024 - Compte à rebours pour 75 prétendants

Une sénégalaise au vote (photo d'archives)

La prière de veille et du jour du Mouloud cette année a revêtu un cachet particulier mercredi dernier au Sénégal. Prochaine présidentielle oblige, parmi les 75 prétendants qui ont déjà annoncé leur intention de briguer la magistrature suprême, beaucoup en ont fait une opportunité de marketing politique auprès des grands khalifes, cheiks et de leurs fidèles.

Le président Macky Sall et son dauphin de Premier ministre, Amadou Ba, ont ainsi rendu visite à de grands khalifes à Thiénaba, Tivaouane, Ndiassane et Maodo. Des visites qui ne sont pas passées inaperçues, plusieurs médias les ayant qualifiées de gestes d'adieu du président sortant mais surtout de recherche de parrainage pour Amadou Ba, le candidat du parti au pouvoir, désigné par Macky Sall et investi par sa coalition Benno Bokk Yaakaar.

Le hasard du calendrier de la célébration du Mouloud a bien fait les choses cette année. La veillée de prière commémorative de l'évènement est tombée le jour de l'ouverture de la campagne pour les parrainages des candidats à la présidentielle de février 2024. En effet, aux termes de la loi sénégalaise, chaque candidat à la prochaine présidentielle, pour être retenu, doit réunir soit 0,6% des 4,8 millions d'inscrits sur les listes électorales, soit 13 députés et 120 maires, pour parrainer sa candidature. Avant d'aller donc à la pêche aux signatures de parrains lambda, des candidats et non des moindres font donc le tour des chefs religieux, véritables grands électeurs qui valent leur pesant de talibés inscrits sur les listes électorales. Alors si une prière de veille ou de jour de Mouloud peut y aider, pourquoi pas ?

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Dans cette course au parrainage, en même temps compte à rebours pour l'élection présidentielle, chacun des candidats veut mettre toutes les chances de son côté pour une élection qui s'avère ouverte. C'est connu, le président sortant n'est pas candidat, tandis que son opposant qui avait le plus le vent en poupe, Ousmane Sonko, purge une peine de 2 ans de prison pour « diffamation » et « corruption de la jeunesse » et s'est vu rayer des listes électorales, donc n'est ni électeur ni éligible.

Ces 2 personnalités étant hors-jeu de cette compétition électorale, les cartes ont été presque totalement rebattues, suscitant des ambitions inattendues, aussi bien au sein de la coalition au pouvoir que dans celle de l'opposition. C'est alors des morceaux de coalition, de partis autonomes et de candidats indépendants qui ont pris le départ de cette course au parrainage. La ligne de démarcation entre pouvoir et opposition est devenue insaisissable, chaque candidat jouant d'abord sa survie. On mesure alors l'importance de cette première épreuve qui permet un premier essorage des ambitions dans cette inflation de prétendants à la magistrature suprême.

C'est sûr, des 75 candidats, beaucoup ne franchiront pas cette première barrière et la facilité ou les difficultés avec lesquelles les autres réuniront ces parrainages donneront des indications sur les favoris de cette présidentielle. En attendant, Amadou Ba, l'actuel Premier ministre désigné par Macky Sall pour porter les couleurs de la coalition au pouvoir, est un prétendant sérieux, non seulement pour passer l'épreuve des parrainages mais aussi pour succéder à Macky Sall. Cependant, il devra compter avec Khalifa Sall de l'opposition, ancien maire de la capitale de 2009 à 2018, qui travaille à combler le vide que laisse le charismatique Ousmane Sonko. Même si Khalifa Sall ne réunit pas autour de sa candidature tous les militants et sympathisants d'Ousmane Sonko, Amadou Ba en face ne fait pas non plus l'unanimité au sein de la coalition au pouvoir, d'où sont sorties d'autres candidatures d'anciens Premiers ministres ou ministres de Macky Sall.

Bref, d'un émiettement de camp à l'autre, la présidentielle de 2024 au Sénégal est vraiment ouverte et la course au parrainage, lancée ce 27 septembre, est en même temps un compte à rebours pour les 75 prétendants.

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