Congo-Brazzaville: 25% des jeunes filles meurent à cause des avortements clandestins

Le ministre de la Santé et de la Population, Gilbert Mokoki, s’est plaint le 14 novembre à Brazzaville, du taux élevé de naissances prématurées au Congo qui s’élève à 16, 3%, recommandant ainsi l’adoption de l’approche mère kangourou pour endiguer ce phénomène.

L'Association congolaise pour les droits et la santé (ACDS) et l'ambassade de France au Congo ont organisé, le week-end à Brazzaville, à l'occasion de la journée des « droits en santé reproductive » au Congo, une table ronde sur les avortements clandestins. Il en est ressorti que 25% des jeunes filles et 10% d'adolescents au Congo décèdent de cette pratique.

La table-ronde sur les avortements clandestins a été animée par des spécialistes en santé reproductive et autres sachants. Plusieurs exposés ont été développés à cette occasion par des experts et spécialistes dans le domaine. L'un animé par le psychologue clinicien, Lionel Francis Kibangou Massanga, a porté sur « Les conséquences de l'avortement clandestin sur la santé et le bien-être des femmes ».

L'autre exposé a été développé par Gaël Mboungou Nzigou sur le thème « Les défis liés à l'accès aux produits contraceptifs et services de santé reproductive au Congo ».

Dans le fond, les thématiques développées ont révélé que les avortements illégaux au Congo prennent des proportions inquiétantes et causent de nombreux décès.

Dans son speech, le directeur général de la population, Paul Oyéré, se basant sur une enquête réalisée sur le sujet, a fait état de ce que le taux d'avortement au Congo grimpe de plus en plus. Dans la tranche allant de 15 à 19 ans, révèle l'étude, le taux d'avortements clandestins est estimé à 25% et à 31,3% pour les filles dont l'âge varie entre 20 et 24 ans. La même enquête précise, par ailleurs, que la mortalité maternelle représente 25% chez les filles âgées de 10 à 24 ans et 10% chez les adolescents âgés de 10 à 15 ans.

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Développant sa thématique, Primelly Bizonzi a, pour sa part, indiqué que les avortements clandestins est la conséquence directe des grossesses indésirées et non planifiées, qui prennent aussi de l'ampleur à travers le territoire national.

Se servant de l'étude réalisée en 2020 par l'ONG Avenir Nepad sur 146 jeunes filles dans les 9 arrondissements de Brazzaville, le spécialiste a relevé que les taux d'avortements sont plus importants chez les étudiantes, estimés à 20,8% ; 18,8% chez les femmes commerçantes ; 18,1% auprès des femmes sans emplois et 17,4% chez les élèves.

L'enquête relève aussi que plusieurs déterminants ou facteurs sont à l'origine des grossesses indésirées et non planifiées. Il s'agit, entre autres, de la pauvreté, la précarité, le manque d'emploi, la perte de l'estime de soi, l'abandon scolaire et la stigmatisation.

Ouvrant les travaux de la table-ronde, la secrétaire exécutive de l'ACDS, Chandrelle Mountoula, saluant la tenue de cette activité, a rappelé à tous son intérêt et son enjeu au moment où les avortements clandestins deviennent un véritable problème de santé publique au Congo.

« Les journées mondiales de la contraception et de l'avortement sont des moments clés pour sensibiliser et promouvoir l'accès aux services de santé reproductive. Nous reconnaissons l'importance de lutter contre l'avortement clandestin et de garantir le droit des femmes de décider sur leur corps. Je souligne l'importance de la prévention, de l'éducation et de l'accès à des services de santé de qualité. Nous devons travailler en réseau, afin de briser les tabous et de lutter contre les stigmatisations, de manière à ce que chaque femme soit responsable de sa santé reproductive », a-t-elle souligné.

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