Mali: Le CSP revendique la prise du camp de Taoussa, la colonne de l'armée partie de Gao a repris sa route

Kidal

Parti lundi 1er octobre de Gao, le convoi composé d'une centaine de véhicules de l'armée malienne et de ses supplétifs russes du groupe Wagner circule actuellement entre Tabricha et Tabankort, dans la direction d'Anefis et de la région de Kidal. La colonne a repris sa route après avoir essuyé de nouvelles attaques. Dans le même temps, les rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent) ont revendiqué ce mercredi après-midi la prise d'un nouveau camp militaire malien à Taoussa.

Le camp de Taoussa se trouve entre Bourem et Bamba, dans la région de Gao. Après Bourem, Léré, Dioura et Bamba, il s'agit du cinquième camp militaire malien que les rebelles du Cadre stratégique permanent attaquent depuis la reprise de la guerre, il y a trois semaines. Aucun bilan ni aucun détails n'ont été communiqués à ce stade, le CSP a juste annoncé la prise de ce camp dans le courant de l'après-midi. Jusqu'ici, le mode opératoire a toujours été le même : une attaque rapide, une prise de contrôle du camp au cours de laquelle les rebelles récupèrent du matériel et constituent des prisonniers avant de quitter les lieux au bout de quelques heures.

Cette attaque survient alors que, à un peu moins de 100 kilomètres de là, plus au nord, l'imposant convoi de l'armée malienne qui a quitté Gao lundi matin poursuit sa route. La colonne était arrivée en fin de journée mardi à Tabricha, juste au-dessus de Tarkint où elle avait stationné la veille.

Une nuit mouvementée

Selon les cadres du CSP, qui communiquent sur leurs actions, et d'après des observateurs indépendants qui suivent de près la situation, la nuit passée a encore été mouvementée. Les Forces armées maliennes auraient procédé à des tirs, pendant la nuit, au mortier, pour tenter de dissuader les combattants du CSP de s'approcher. Mais les rebelles affirment avoir mené une attaque au petit matin : aucun combat, mais des tirs à l'arme lourde - obus et roquettes. Le CSP assure avoir fait des victimes et détruit des véhicules, sans davantage de précisions. Des informations faisant état de deux avions de l'armée malienne abattus circulent également. Elles n'ont été ni confirmées par le CSP, ni recoupées par RFI.

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Selon les dernières informations reçues par RFI ce mercredi après-midi, le convoi de l'armée malienne s'était remis en mouvement et circulait entre Tabricha et Tabankort, à environ 130 kilomètres au nord de Gao. Sur la route menant à Anefis et, plus loin, à Aguelhoc, Tessalit ou à Kidal, fief des groupes rebelles. L'objectif final, géographique et stratégique, de ce convoi demeure inconnu.

« Processus d'occupation irréversible »

Sollicitée par RFI, l'armée malienne n'a souhaité apporter aucune précision ni aucun démenti sur toutes ces dernières informations - qu'il s'agisse de la prise du camp de Taoussa ou de la progression du convoi parti de Gao vers la région de Kidal. Mardi soir, le porte-parole de l'armée, le colonel Souylemane Dembélé, expliquait sur la télévision d'État ORTM que les Fama avaient « vivement repoussé » des attaques entre Gao et Anefis, la zone où circule actuellement le convoi. S'il n'a apporté aucun détail sur cette opération en cours, le colonel Dembélé l'a qualifiée de « processus d'occupation irréversible des terres maliennes ».

Les soldats maliens font face à une double menace : celle des groupes rebelles du CSP, signataires de l'accord de paix de 2015 et qui accusent l'armée d'avoir rompu cet accord. La guerre entre Bamako et ces groupes armés a donc repris le 12 septembre dernier. Les Fama sont également sous la menace des jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim, son acronyme arabe), lié à al-Qaïda, qui a revendiqué plusieurs attaques ces derniers jours, contre la colonne en question, mais également dans d'autres parties du territoire malien.

Dans ce contexte, des difficultés d'approvisionnement en carburant sont signalées à l'aéroport de Bamako. Une lettre de l'Agence nationale malienne de l'aviation civile adressée à l'Agence pour la Sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) fait état de la « non-disponibilité », « compte tenu du niveau de stock », du carburant Jet A1. La compagnie Turkish Airlines a déjà dû annuler un vol ce mercredi. On ignore les raisons de ce manque de carburant à l'aéroport de Bamako, et il est difficile de mesurer son impact sur l'aviation militaire malienne, mais ces difficultés d'approvisionnement ne tombent en tout cas pas au meilleur moment pour les Fama.

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