Niamey est en colère contre New-York. C'est le moins que l'on puisse dire avec l'expulsion annoncée, sous 72 heures, de l'ambassadeur, Coordonnateur résident du Système des Nations unies du Niger. Ainsi en ont décidé les autorités militaires issues du putsch du 26 juillet dernier contre le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum. Elles reprochent, en effet, au Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, de grenouiller avec la complicité, disent-elles, de la France, pour « contrarier la participation pleine et entière du Niger » à certaines instances internationales. Elles en veulent pour preuve, l'humiliation subie par la délégation nigérienne lors des réunions de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies où elle s'était vu refuser le droit à la parole là où le tapis rouge avait été déroulé au chef de la diplomatie du défunt régime.
Et ce n'est pas tout. Car, le « sabotage » s'est poursuivi à Vienne en Autriche et à Riyad en Arabie saoudite, respectivement lors de la Conférence générale de l'Agence internationale de l'énergie atonique (AIEA) du 25 au 29 septembre et au 4e Congrès extraordinaire d'Union postale universelle (URU) du 1er au 5 octobre 2023. Le Niger a-t-il eu tort de manifester son mécontentement en déclarant, en représailles, persona non grata la diplomate onusienne sur son sol ? Humainement, cela peut se comprendre.
En décidant de rompre les ponts avec New- York, le Niger s'isole davantage sur le plan diplomatique
Car, avec autant de frustrations subies, le Général Tchiani et ses frères d'armes ne pouvaient pas rester les bras croisés au risque de donner l'impression d'approuver les couleuvres de l'humiliation. Les putschistes nigériens n'ont donc fait que réagir surtout qu'aculés au plan sous-régional avec les sanctions de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), ils sont à la recherche d'une légitimité au plan international. « Il ne sert à rien d'être l'ami d'un singe si celui-ci, perché sur un arbre, ne peut pas voler à votre secours en laissant tomber quelques fruits mûrs », dit un adage.
Autrement dit, que gagne le pouvoir nigérien en entretenant des relations diplomatiques avec l'ONU si celle-ci travaille à le délégitimer auprès de la communauté internationale ? Sauf qu'en décidant de rompre les ponts avec New- York, le Niger s'isole davantage sur le plan diplomatique et cela, après avoir tourné le dos à la France et alliés. La stratégie sera-t-elle payante ? On attend de voir. Surtout que les Américains viennent d'enfoncer le clou en suspendant leur assistance et aide financières aux tombeurs de Bazoum. Mais comme on le sait, c'est le prix à payer quand on fait le choix d'être souverain. Tel Golgotha, le chemin sera long et tortueux. Il faut donc savoir faire montre de résilience et s'assumer pleinement jusqu'au bout au risque de paraître ridicule.