Le tribunal de Ziguinchor qui statuait hier, jeudi 12 octobre 2023, sur le recours déposé par les avocats d'Ousmane Sonko, le 4 octobre dernier, pour l'annulation de la mesure de radiation de leur client des listes électorales, a décidé de réintégrer le maire de la commune dans le fichier électoral. Le verdict est tombé après des heures et des heures d'audience, sur fond de tensions entre forces de l'ordre et partisans du maire des Ziguinchor.
Appelé à édifier hier, jeudi 12 octobre, Ousmane Sonko, sur son avenir politique en perspective de l'élection présidentielle du 25 févier 2024, suite à la mesure de radiation de celui-ci des listes électorales, le tribunal de grande instance de Ziguinchor a annulé la décision administrative. Comme l'a annoncé après des heures d'audience Me Étienne Ndione, l'un des avocats de l'opposant et maire de Ziguinchor. « Le juge a pris ses responsabilités en disant qu'Ousmane Sonko doit être réintégré, réinscrit par les services compétents du ministère de l'Intérieur », a dit Me Ndione à la presse. Ce verdict semble rabattre beaucoup de cartes dans la situation du leader de l'ancien parti Pastef, dissout par arrêté ministériel. Il faut cependant noter que l'audience d'hier, jeudi, s'est déroulée sans la presse expédiée de la salle dès les premières heures de la journée. Qui plus est, le juge en charge du dossier a été récusé par l'agent judiciaire de l'Etat qui estimait qu'il avait des liens de parenté avec un proche du maire de Ziguinchor. Mais la requête avait été vite vidée et l'audience s'est poursuivie.
Ziguinchor sous les « secousses » d'un procès marathon
Aux alentours du tribunal, l'ambiance était électrique. Les partisans d'Ousmane Sonko fortement mobilisés qui scandaient des slogans du genre « Sonko candidat », « Sonko président » ont eu quelques accrochages avec les forces de l'ordre. Quelques jets de grenades lacrymogènes ; le centre-ville qui abrite le Tribunal d'Instance s'est vite transformé en ville-morte. Les commerces avaient baissé rideau laissant la place à un centre des affaires complètement paralysé.
Et pendant que tout se jouait dans la salle d'audience, des femmes du bois sacré venues apporter leur soutien au maire de Ziguinchor ont continué à chanter et à faire des déplacements aux allures de libations sous le regard des forces de l'ordre massivement déployés et qui ont barricadé le centre-ville au quartier Escale. Un peu plus loin, des jeunes manifestants ont brûlé des pneus sur certains axes routiers replongeant ainsi Ziguinchor et sa ville en état d'alerte.
Les sympathisants du maire de Ziguinchor fortement mobilisés ont dû face aux forces de l'ordre armées qui sont vite passées à l'exécution d'ordre d'évacuer la salle. L'atmosphère était lourde au centre-ville. Pendant que la situation s'atténuait, le maire de Bignona Bakary Diatta a été cueilli par les forces de l'ordre et amené à la Gendarmerie. Très en colère, son collègue maire de Kafountine David Diatta a dénoncé l'arrestation du Maire de Bignona : « Nous dénonçons cette arrestation arbitraire. Plus grave, nous sommes dans l'impossibilité de le voir. Nous sommes allés à la brigade de recherche mais on nous interdit de le voir. L'intimidation ne passera pas », a vociféré le responsable politique du parti Pastef dissout qui dit alerter l'opinion sur ce qu'il qualifie de « forfaiture ». Fortement mobilisés aux alentours du tribunal jusque tard dans la soirée, les partisans du maire de Ziguinchor ont attendu avec impatience le verdict qui a donné au final du baume au coeur