Au Sénégal, c'est une première victoire dans le bras de fer judiciaire qui oppose Ousmane Sonko à l'État sénégalais. Hier, jeudi 12 octobre au soir, le juge du tribunal administratif de Ziguinchor - dans le sud du pays - a annulé la radiation de l'opposant des listes électorales et ordonné sa réintégration sur ces listes, entrouvrant ainsi pour celui-ci la porte à une candidature à la présidentielle.
Il aura fallu une audience de près de douze heures pour aboutir à cette décision. Une audience marathon ponctuée de plusieurs incidents parmi lesquels la tentative, à 22h, par les avocats de l'État sénégalais de récuser le juge du tribunal administratif de Ziguinchor au motif qu'il aurait des liens de parenté avec l'adjoint du maire de cette ville. Sachant qu'Ousmane Sonko en était le maire. Patiemment, le juge Sabassy Faye a démonté ces arguments et maintenu l'audience pour finalement se retrouver à lire sa décision à la lumière d'une lampe torche, après une subite coupure d'électricité.
Huit avocats
Jusqu'à 17h, huit avocats d'Ousmane Sonko se sont succédés à la barre pour expliquer pourquoi la radiation des listes électorale de leur client était illégitime, selon eux. Leur argument principal : Ousmane Sonko a été jugé par contumace, puis arrêté. Cette arrestation oblige à la tenue d'un nouveau procès, selon eux. En attendant, la condamnation initiale est annulée et les droits civiques de la personne restaurée.
Dix jours
Après avoir écouté toutes les parties le juge a finalement conclu qu'Ousmane Sonko n'aurait pas du être radié et devait être réinscrit sur les listes électorales. Une décision qui devrait lui permettre de récupérer les fameuses fiches de collecte de parrainage, étape essentielle pour pouvoir être candidat à la présidentielle. Mais pour l'opposant numéro un du pays rien n'est encore gagné : l'État sénégalais a dix jours pour interjeter appel. Ce serait alors à la Cour suprême d'examiner la demande de réintégration d'Ousmane Sonko sur les listes électorales.