La présidentielle prévue à Madagascar en novembre suscite de nombreuses craintes, allant de l'absence de transparence à la possibilité d'un coup d'Etat.
A Madagascar, le premier tour de l'élection présidentielle, initialement prévu le 9 novembre, a été reporté d'une semaine suite à la blessure d'un candidat lors d'une manifestation de l'opposition. C'est ce qu'a annoncé ce jeudi (12.10) la Haute cour constitutionnelle du pays.
Le président du Sénat malgache a quant à lui renoncé à prendre l'intérim de la présidence et a exprimé son inquiétude quant à la transparence et la justesse des élections à venir.
Cette décision intervient dans un contexte politique troublé.
La campagne électorale a commencé mardi 10 octobre, mais les tensions politiques risquent d'empiéter sur la tenue du scrutin du premier tour.
Le président du Sénat, Herimanana Razafimahefa, avait renoncé, le 8 septembre dernier, à prendre l'intérim de la présidence de la République.
Menaces de mort
En effet, il aurait reçu des menaces de mort venant du gouvernement actuel, le dissuadant de prendre l'intérim de la présidence pendant la période électorale, laissant la place au gouvernement actuel.
Il s'agit pourtant d'une mesure prévue par la Constitution. Les membres de l'opposition dénoncent "un coup d'Etat institutionnel" orchestré par le président sortant Andry Rajoelina à l'approche de l'élection.
Marcellin Andriantseheno, candidat et leader d'une coalition de 25 candidats en 2018, dénonce la corruption du gouvernement d'Andry Rajoelina et affirme que la sortie de crise sera radicale. Pour lui, "il n'y a plus d'Etat. Les militaires vont prendre le pouvoir. La seule façon de l'arrêter ce sont les militaires, ceux qui n'ont pas reçu de l'argent, qui vont le destituer à la manière de Bongo. C'est une trajectoire qui se précise de plus en plus. Sauf si la communauté internationale est d'accord et l'arrête. Ça va peut-être arrêter l'évolution vers une vraie crise."
Treize candidats sont en lice pour les prochaines élections, dont Andry Rajoelina. Celui-ci est arrivé au pouvoir en 2009 à la suite d'un coup d'Etat qui a chassé Marc Ravalomanana du pouvoir.
Effritement de la démocratie
Constantin Grunz, représentant résident de la fondation Friedrich Ebert à Madagascar, regrette l'état de la démocratie dans le pays depuis plus d'une décennie.
Il estime qu'il existe "deux scénarios. Soit il y a un effort au niveau de la communauté internationale pour forcer les parties prenantes à se réunir autour d'une table de discussion. Deuxième scénario, c'est la rue qui décide. On peut tout à fait parler de l'érosion d'une culture démocratique à Madagascar. Depuis l'investiture d'Andry Rajoelina, la culture démocratique s'est dégradée. On voit les fruits de cette politique qui fait en sorte que ce soit tout ou rien. Le pays le paye très cher."
De nombreux meetings ont été interdits ces dernières semaines. Transparency International Madagascar déplore un manque de transparence et d'intégrité à moins d'un mois du premier scrutin.