Grâce à l'appui de l'Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex), plus de 20 artisans sénégalais prennent part à l'exposition internationale horticole de Doha. Au pavillon Sénégal, ils sont déjà pris d'assaut par les visiteurs, qui sont attirés par leur savoir-faire.
[Doha)- Dix-sept heures (17h), ce vendredi 3 novembre, le soleil s'est déjà couché à Doha. L'ambiance est au comble au niveau du mythique parc Al Bidda, qui abrite l'exposition horticole internationale. C'est la première soirée du week-end (vendredi-samedi). Aménagé entre les pavillons du Qatar, pays hôte, du Portugal et de l'Arabie Saoudite, le stand du Sénégal grouille de monde.
Les visiteurs, bercés par un vent frais, qui fait encore danser les feuillages des milliers de plantes importées de Dakar, viennent par groupe. Le tout, dans un mélange de sonorité du "mbalax" et du bruit provenant des instruments des exposants manipulés çà et là par les passants. Dans ce charivari monstre, des curieux passent, s'arrêtent, discutent et font des selfies devant les décorations réalisées par des ingénieurs sénégalais et encore plus embellies grâce à la luminosité de la ville.
Effervescence
Kaïs est un journaliste tunisien, dépêché pour la couverture médiatique de l'événement. Mais il dit être « charmé » par la diversité culturelle représentée au niveau du pavillon sénégalais. « J'étais venu visiter le stand de la Palestine, en guise de soutien moral pour ce qui est en train de se passer dans la bande de Gaza, mais j'ai aussitôt aperçu les installations au pavillon du Sénégal », lâche-t-il, le sourire aux lèvres.
Le Sénégal est l'un des rares des 80 pays participants à faire une exposition physique, la majeure partie, ayant misé sur l'exposition virtuelle.
« Je suis une fois venu à Dakar, mais je trouve que c'est un pays extraordinaire avec sa belle diversité culturelle », ajoute le confrère maghrébin, qui promet d'acheter des objets d'arts avant de retourner au pays.
Saoud Al Marri, son épouse, Surya, et leurs deux enfants profitent du week-end pour prendre de l'air au parc Al Bidda. « Depuis le lancement de l'exposition, c'est la première fois que je viens ici, même si chaque matin, en allant au travail, je passe devant le portail. Mais je suis charmé par le pavillon du Sénégal. Les installations sont magnifiques et il y a une belle animation », témoigne cet architecte qatari de 55 ans. Il admet, toutefois, que ses enfants sont plus émerveillés par les djembés et les balafons exposés par les artisans sénégalais.
« En venant ici, je n'ai pas amené assez de liquides, parce que je croyais que c'était juste pour visiter, mais là je suis obligé de faire des retraits d'argents pour leur acheter ces jolis objets artistiques », ajoute Al Marri, qui souhaite revenir un jour au Sénégal, citant des stars du football comme Sadio Mané, Kalidou Koulibaly, entres autres.
Pour cette exposition dédiée à l'horticulture, une vingtaine d'artisans sénégalais ont déjà fait le déplacement grâce à l'appui de l'Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex). La cheffe de la délégation, Ramatoulaye Ndao, par ailleurs, présidente de l'Union régionale des artisans et acteurs touristiques de Dakar (Uraat), est heureuse d'avoir découvert le Qatar, pays auquel elle a commencé à s'intéresser depuis la dernière coupe du monde du football.
Vendre l'image du Sénégal
« Nous sommes venus ici pour représenter dignement notre pays, pour vendre le savoir-faire sénégalais, pour nous faire de l'argent, mais aussi et surtout pour élargir notre réseau de partenaires », confie cette originaire des Almadies. Selon Mme Ndao, la soixantaine, les artisans sénégalais ont amené un mélange d'articles. « Il y a du textile, du baltique, des perles, des colliers, de la teinture bio, et beaucoup d'autres produits faits à la main, ainsi des effets cosmétiques locaux à savoir le beurre de karité et du savon noir », énumère-t-elle, précisant avoir l'habitude de participer à ces genres de foires au Sénégal et dans la sous-région.
De l'autre bout du pavillon, Mouhamadou Moustapha Guèye est bien installé, tout près du baobab sénégalais. Ce bijoutier Saint-Louisien ne cache pas sa fierté. « Cela nous fait énormément de plaisir de représenter notre pays et en particulier la région de Saint-Louis », sourit-il, remerciant les autorités nationales et celles de sa localité qui lui ont donné cette opportunité. Il se réjouit de voir le stand de son pays faire l'attraction au parc Al Bidda de Doha. « Les gens viennent visiter et acheter surtout à la tombée de la nuit, c'est surement du fait de la forte chaleur. Le Sénégal a l'habitude de participer à ces genres d'exposition, parce qu'étant un pays de l'artisanat, dont les artisans sont reconnus partout dans le monde », rappelle-t-il, ragaillardi.
A quelques mètres de là, Astou Diarra, exposante sénégalaise, se débrouille bien en anglais. Aidée par traducteur, elle est en plein marchandage avec une cliente qatarienne, sur le prix d'un sac à main qu'elle a elle-même fait. « J'ai eu la chance de visiter pas mal de pays pour assister à des évènements pareils, mais j'avoue que c'est la première fois que l'Etat du Sénégal a entièrement pris en charge mon séjour. C'est une fierté pour moi de faire partie des artisans sélectionnés », lâche la présidente de la fédération nationale des artisans touristiques du Sénégal (Fnats). « Alhamdoulilah, les visiteurs viennent et on se frotte bien les mains et nous espérons écouler nos produits avant la fin de notre séjour d'un mois », prie notre compatriote.
Également représentante de la Chambre des métiers de Thiès, elle dit avoir exposé des produits textiles, des sacs à main, des colliers, des paniers faits à Ngaye et divers modèles d'habits. « Nous allons tout faire pour donner une belle image de notre pays à travers les merveilles de son secteur artisanal », jure Astou Diarra, la quarantaine. A l'en croire, cette exposition lui sera bénéfique dans beaucoup d'aspects. « Elle nous permettra de beaucoup apprendre à travers les échanges que nous faisons avec les représentants des autres nationalités, mais aussi de chercher des partenaires avec qui nous pourrons collaborer ultérieurement », dit-elle, visiblement préoccupée à mieux ranger les produits sur son étal.