À Madagascar avait lieu ce lundi soir le premier et unique débat de la présidentielle, organisé par la Céni, auquel les trois candidats en campagne ont répondu présents. Près de 2 heures et 45 minutes de questions-réponses au cours desquelles les concurrents en lice ont pu exprimer leur vision pour le pays, tacler leurs adversaires et rappeler leurs réussites. Coïncidence ou pas, de nombreux quartiers de la capitale ont été plongés dans le noir durant toute la durée du débat.
Économie, justice, santé, éducation, décentralisation, différentes thématiques sont passées au crible. Le président sortant Andry Rajoelina profite de cette tribune pour vanter ses réussites.
« S'il y a un président qui a su vraiment convaincre la Banque Mondiale, c'est bien moi. 400 millions de dollars pour rénover les routes, 400 millions pour le secteur énergétique. Quand je parle à la Banque, je gagne toujours des millions dollars. Mon prochain mandat, on l'axera plus sur l'industrialisation et l'agriculture », lance-t-il.
« Vous n'avez pas changé », le tance immédiatement Siteny Randrianasoloniaiko. « Vous faites tout le temps des promesses que vous ne tenez pas. Comme le pipeline a Tuléar. Que des mensonges ! Il n'y a aucun pipeline dans le sud qui fonctionne déjà ! Arrêtez de mentir au peuple ! »
« On va le faire », se défend alors le président sortant. Mais Siteny réattaque : « Les Malgaches souffrent. Vos chiffres, que vous avancez continuellement, ne veulent rien dire pour les producteurs de vanille, de crabes, d'ylang. Ce qui leur parle, c'est la destruction des routes. Aucun régime n'a détruit autant de routes que le vôtre ! Où est passé l'argent du fond d'entretien routier ?! Dites-leur ! Qu'en avez-vous fait ? »
Andry Rajoelina se défend : « Les téléspectateurs méritent mieux qu'un débat au ras des pâquerettes. On parle d'un débat pour un poste de président de la République, Mr Soloniaiko, pas pour un poste de député ou de chef de Fokontany. »
Plus discret, et n'entrant pas dans les joutes verbales de ses adversaires, Sendrison Raderanirina explique sa vision : « Moi, je ne ferai pas la course au kilomètre réalisé, mais je réaliserai des routes là où il y a des besoins. La population veut être écoutée. Et la course aux infrastructures ne permet pas son développement. Il faut changer la manière de choisir les priorités. Nous devons écouter ce dont la population a vraiment besoin. »
Un débat qui aura permis, à moins de 72 heures du scrutin, de mieux cerner les priorités de chacun.