En Guinée, les audiences ont repris un peu plus d'une semaine après l'opération commando à la prison de Conakry, qui a permis à l'un des accusés de disparaître.
Claude Pivi est considéré comme un commanditaire présumé des massacres du 28 septembre 2009, dont le procès, qui a repris ce lundi 13 novembre, devrait pâtir de son absence.
Il est en cavale depuis son évasion de la prison centrale de Conakry, le 4 novembre dernier. L'opération commando qui a aussi fait passagèrement sortir de prison l'ancien dictateur Moussa Dadis Camara, a coûté la vie à neuf personnes.
La jeune Ada a perdu Marie-Angèle, sa nièce de six ans et demi, tuée à bord d'une ambulance.
Venu de la banlieue de Conakry, le véhicule médical se dirigeait vers l'hôpital Ignace Deen, situé dans le quartier de Kaloum, à Conakry. Il transportait le père de la jeune victime, qui venait de subir un accident de la circulation.
Arrivée au Pont 8 novembre, l'ambulance se retrouve face au dispositif militaire qui bloquait l'accès à Kaloum, à la suite de l'attaque de la maison centrale. "Ils étaient sur le point de faire demi-tour lorsque la fusillade a commencé. Ils ont commencé à tirer sur l'ambulance. La première balle a atteint le médecin (qui était à l'intérieur) et la seconde, la petite Marie. Alors, avant d'arriver à l'hôpital, elle a succombé de ses blessures", se souvient-elle.
Echanges de tirs
Des proches de militaires aussi témoignent de la mort d'un des leurs, à la suite de ce même échange de tirs : "Celui qui est décédé dans l'attaque s'appelait Alhassane Jacky Condé. Il venait de passer au grade de sergent. C'est sur les réseaux sociaux que j'ai vu sa photo, ensuite nous sommes partis dans sa famille. C'est là-bas que nous avons eu l'information selon laquelle il est tombé au niveau du Pont 8 novembre, lors de l'accrochage avec les assaillants qui étaient venus libérer les prisonniers."
La famille du sergent décédé n'a pas encore reçu son corps, mais une délégation des autorités militaires guinéennes lui a rendu visite.
"Sincèrement, nous n'avons pas vu le corps, mais deux jours après les faits, le chef d'état-major des armées et une forte délégation sont venus à la maison pour présenter leurs condoléances avec une forte somme d'argent pour préparer les funérailles", explique notre interlocuteur.
L'ombre de Claude Pivi
Plus d'une semaine après l'évasion, le colonel Claude Pivi reste toujours introuvable. Une inquiétude pour l'Association des victimes, parents et amis du 28 septembre 2009.
"Je pense qu'il y aura des vérités qui ne seront pas dites, sachant qu'il y a un commando armé avec toute cette artillerie dehors", explique Souleymane Camara, chargé de programme au sein de cette association.
Ce lundi, à l'occasion de la reprise des audiences, l'audition des témoins a peiné a démarrer devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la cour d'Appel de Conakry.