Guinée: Au procès du massacre du 28 septembre 2009, l'ex-ministre Tibou Kamara passe à la barre

En 2009, des centaines de personnes ont été tuées ou blessées et des centaines de femmes violées dans le stade du 28 septembre

Le procès historique du massacre du 28 septembre 2009 en Guinée a repris ce 13 novembre 2023 à Conakry en l'absence d'un des accusés et sous le contrecoup de l'opération commando qui a fait passagèrement sortir de prison l'ancien chef de la junte, Moussa Dadis Camara, le 4 novembre. Ce lundi a été marqué par le passage à la barre de Tibou Kamara, ministre à l'époque des faits.

En Guinée, le procès historique du massacre du 28 septembre 2009 a repris ce 13 novembre 2023 à Conakry en l'absence d'un des accusés, Claude Pivi toujours en fuite, et sous le contrecoup de l'opération commando qui a fait passagèrement sortir de prison Moussa Dadis Camara neuf jours plus tôt.

Des hommes armés ont extrait de prison le 4 novembre dernier l'ancien chef de la junte et trois autres prisonniers actuellement jugés pour un massacre commis en 2009 sous la présidence de Dadis Camara, l'une des pages les plus sombres de l'histoire guinéenne.

Hier, c'était donc au tour des témoins de ce massacre de passer à la barre pour livrer leur part de vérité. Et c'est l'ancien ministre Tibou Kamara qui a été le premier à se livrer à cet exercice.

Le procureur lui a demandé : « Vous êtes d'accord avec nous qu'il y a eu des morts au stade ? » Ce à quoi Tibou Kamara a répondu : « C'est évident, sinon on n'en serait pas là. » Le procureur a enchaîné : « Il y a eu des cas de viols aussi. » Tibou Kamara a réagi : « J'en ai entendu parler aussi, mais je ne peux pas donner la preuve formelle et catégorique. » Le procureur a ensuite interrogé : « Pour vous, qui pouvait faire cela ? » Tibou Kamara a rétorqué : « Monsieur le procureur, vous me demandez un travail d'enquêtes à la place de ma déposition de témoins. »

Dans sa narration des faits, l'ancien ministre a témoigné en faveur du capitaine Moussa Dadis Camara, expliquant que l'ancien président n'est pas celui qui a envoyé les militaires au stade du 28-Septembre de Conakry. Témoignage qui a réconforté l'avocat du capitaine putschiste, Maître Antoine Pépé Lamah : « Il n'a nullement été établi ici qu'une quelconque planification a été faite à la présidence pour perpétrer les crimes poursuivis. Le ministre Tibou (Kamara) a rappelé que le président (Dadis) ne savait même pas que cette manifestation allait se tenir. »

Déçu du passage de ce premier témoin, l'avocat des parties civiles attend de prendre la main et poser ses questions au témoin présenté par le ministère public pour connaitre, selon lui, le degré d'implication de l'ex-chef de la junte.

Maître Alfa Amadou DS Bah souligne : « C'est avec un peu de réserve puisqu'il y a une contradiction entre son témoignage et celui de monsieur Sidya Touré qui a été appelé au téléphone. Donc, nous, nous lui poserons des questions tout à l'heure. Peut-être qu'il se souviendra des détails qui feront changer le cours des choses. »

L'audience se poursuit ce mardi matin, toujours avec Tibou Kamara, cette fois interrogé par les avocats de parties civiles très mobilisées.

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