Les Malgaches vont aux urnes, ce jeudi 16 novembre 2023, pour le premier tour de la présidentielle devant consacrer la continuité avec Andry Rajoelina alias « TGV » ou une autre ère. Candidat à sa propre succession, le chef de l'Etat sortant fait face à 12 autres candidats, dont deux de ses devanciers,
Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina. Cette élection se tient dans un contexte explosif, puisque la quasi-totalité des adversaires de Rajoelina ont échoué à obtenir le report du scrutin à cause des tensions socio-politiques liées à la contestation de sa binationalité (française et malgache). 10 des 12 challengers de Rajoelina n'ont-ils pas appelé, ces jours-ci, leurs compatriotes à boycotter la présidentielle, pour protester contre le refus de la Haute cour constitutionnelle (HCC) et de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) d'accéder à leur requête ?
L'heure n'est pas à la sérénité sur la Grande île, qui doit pourtant tenir des élections conformément aux exigences démocratiques. Il vous souviendra, que la présidentielle devait avoir lieu, le 9 novembre, avant d'être ramené à ce jour, à cause d'un incident impliquant Rajoelina. Le président sortant avait été blessé au visage, une semaine plutôt, par un éclat de grenade lacrymogène au cours d'une manifestation de l'opposition. C'est dans ces moments sensibles, que Rajoelina entend rempiler, avec un premier mandat de 5 ans loin d'être appréciable.
Il avait promis changer qualitativement le visage de son pays, mais les acquis se font rares. Les promesses de « TGV » n'ont pas été tenues, comme l'attestent des études menées sur la mise en oeuvre du Plan émergence de Madagascar (PEM) par des ONG. Les projets réalisés sont estimés à 13%, 38% sont en cours et 48% n'ont pas connu un début de réalisation.
C'est dire, que les maux qui minent Madagascar ne sont pas en passe de reculer. Entre autres, les problèmes d'accès à l'eau potable, à l'électricité, la « vie chère » continuent de toucher les Malgaches, qui ne savent plus à quel saint se vouer. Ils ont tiré et arraché la queue du diable, puisque les prix des produits de première nécessité ont augmenté d'au moins 30 % par rapport à 2019, selon les spécialistes. L'économie et l'industrie malgaches peinent à décoller, les projets censés servir cette cause étant à la traine ou au point mort.
Le tourisme, secteur à haut potentiel mais sous développé, peine à retrouver sa vitalité depuis la fin de la pandémie de la COVID-19. Le nombre de visiteurs serait encore à 25 % en deçà des chiffres officiels enregistrés en 2019. En matière de lutte contre la corruption et l'impunité, Rajoelina n'apparait pas non plus comme un champion, malgré l'amélioration de l'indice de la perception de la corruption de 2 points entre 2019 et 2022. L'ONG Transparency fait observer d'ailleurs que ce progrès est loin d'être significatif, des sacrifices énormes restant à être consentis.
Face à l'incapacité apparente de donner du sourire à ses compatriotes, une certaine opinion a fini par qualifier « TGV » de populiste. Malgré son bilan peu reluisant, Rajoelina conserve sa popularité et croit dur comme fer, que personne ne pourra le détrôner. Pour avoir dirigé la Transition de 2009 à 2013, il constitue une figure majeure de la vie politique malgache, ce qui le met en confiance.
Croyant encore à son étoile, TGV s'est engagé à soutenir les couches défavorisées et à achever ses chantiers, s'il est réélu, dans un environnement qui ne lui parait pas favorable. Réussira-t-il à triompher de ses adversaires et à éviter un second tour le 20 décembre prochain ? On est impatient de savoir ce que les urnes nous réservent...