Madagascar: Les enjeux et attentes autour de l'élection présidentielle

Il appartient maintenant aux citoyens de Madagascar de faire entendre leur voix par les urnes

Les bureaux de vote ont ouvert à 6h (heure locale) ce jeudi à Madagascar. 11,5 millions d'électeurs sont appelés à voter pour élire leur président de la République pour les cinq prochaines années. Mais sur les 13 candidats inscrits sur le bulletin unique, seuls trois appellent à voter, dont le président Andry Rajoelina qui sollicite un deuxième mandat. Les 10 autres appellent les électeurs à bouder les urnes. Quelle légitimité aura ce premier tour et permettra-t-il de régler la crise politique à Madagascar ? Et quelles sont les attentes des Malgaches ?

Les Malgaches se déplaceront-ils en masse vers les bureaux de vote ou boycotteront-ils le scrutin présidentiel comme le leur demandent les 10 candidats du Collectif, qui ont battu le pavé pour exiger de nouvelles règles du jeu ? Le taux de participation sera déterminant pour donner ou non la légitimité au résultat qu'espère le président sortant Andry Rajoelina, à savoir la victoire au premier tour, en l'absence d'autres poids lourds dans la course.

Car sur l'organisation du scrutin, les critiques sont déjà nombreuses du côté des observateurs malgaches. Si la plateforme d'associations Safidy a tout de même décidé de déployer 5 000 observateurs dans près de la moitié des bureaux de vote du pays, le Conseil oecuménique des Églises a jeté l'éponge mercredi.

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Mais étant donné la fracture profonde qui traverse la classe politique désormais, le résultat du scrutin sera probablement contesté. L'élection risque donc de ne pas suffire à résoudre la crise politique qui s'est installée depuis près de six mois dans la Grande île. Les candidats du « collectif des 10 », qui ont appelé au boycott, affirment d'ailleurs que le scrutin est « truqué et joué d'avance ».

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J'aimerais bien que la plupart du peuple malgache bénéficie d'une protection sociale. Se faire soigner gratuitement, quitte à cotiser chaque mois pour pouvoir bénéficier de la protection sociale. Donc la santé, et l'éducation : j'attends qu'il améliore vraiment le système éducatif. Construire des établissements, ça ne suffit pas. Il faut du personnel compétent et du matériel adéquat à l'intérieur.

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Sarah Tétaud Trois candidats sur treize

Trois candidats sur 13 s'affrontent donc dans les urnes. Le premier est évidemment Andry Rajoelina, le président sortant élu démocratiquement dans les urnes en 2018, qui traîne néanmoins derrière lui son passé de putschiste. En 2009, il avait accédé au pouvoir à la faveur d'une mutinerie et dirigé le régime de transition jusqu'en 2014.

Il se présente comme un « grand bâtisseur » et met en avant, dans son bilan, les nombreuses infrastructures qui ont poussé partout sur l'île. Si ses derniers mois à la tête de l'État ont été ternis par différentes affaires - la révélation de sa naturalisation française, l'arrestation de sa directrice de cabinet à Londres, prise en flagrant délit de corruption ou la révélation de l'acquisition d'une licence du logiciel espion Predator - Andry Rajoelina assure partout qu'il va gagner, « et au premier tour ».

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Face à lui, Siteny Randrianasoloniaiko, 51 ans, député de Tuléar, dans le Grand Sud du pays. Il est issu du parti présidentiel IRD, mais a depuis pris ses distances. Issu d'un milieu défavorisé, le président de l'Union africaine de judo, devenu riche homme d'affaire, a les faveurs des habitants des côtes malgaches. Il prône la décentralisation et promet de démanteler le Bianco et les PAC (Pôles Anti-Corruption), deux organes de lutte anti-corruption, inefficaces selon lui.

Le troisième homme est novice en politique. Sendrison Raderanirina, 62 ans, a fait sa carrière majoritairement en France, en tant que responsable informatique d'un grand groupe hôtelier. Naturalisé français lui aussi, et revenu sur l'île en 2020 pour « aider son pays à sortir de la pauvreté », il souhaite « replacer les besoins de base du citoyen malgache au coeur des priorités de l'État ». Idéaliste, il vient de faire campagne en voiture et à pied : « une manière, assure-t-il, de mieux connaitre les réalités du vaste territoire malgache ».

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