Plus de 6.000 civils ont été tués au Soudan depuis qu'un conflit sanglant entre factions militaires rivales a éclaté en avril et le pays est confronté « à la pire crise de déplacement au monde » avec 7,1 millions de déplacés, a rapporté ce jeudi devant le Conseil de sécurité une haute responsable de l'ONU.
La Sous-Secrétaire générale pour l'Afrique aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de la paix, Martha Ama Akyaa Pobee, a estimé que la coopération et l'unité du Conseil de sécurité seraient « décisives », alors que sur le terrain les violences perdurent.
Des réfugiés au Tchad lui ont signalé des violences ethniques envers la communauté massalit et des rapports crédibles ont fait état de graves violations des droits humains et de violences ciblées de la part des milices arabes affiliées aux Forces de soutien rapide (FSR) et des milices masalits envers les communautés arabes.
Par ailleurs, Mme Pobee a expliqué que des tensions dans le sud opposant les Forces armées soudanaises (FAS) et le Mouvement de libération populaire du Soudan débordaient dans de nouvelles zones, dont le Nil blanc et le Kordofan occidental.
Pas d'accord de cessez-le-feu en vue
Martha Pobee s'est félicitée de la reprise des pourparlers à Djeddah, en Arabie saoudite, le 29 octobre, estimant que seul un dialogue régional et international coordonné, en lien avec les initiatives civiles, permettrait de progresser.
« La Déclaration d'engagement adoptée par les parties à Djeddah le 7 octobre est importante pour le peuple soudanais », a-t-elle poursuivi, regrettant néanmoins l'absence d'un accord pour un cessez-le-feu.
« L'heure est venue de donner la priorité au dialogue et de relancer les efforts de paix pour mettre fin au conflit et assurer une transition civile », a réagi la Sous-Secrétaire générale.
Restrictions et attaques contre le personnel humanitaire
Mme Pobee a enfin évoqué de nombreuses restrictions, des attaques envers le personnel humanitaire et les obstacles administratifs à l'aide humanitaire, précisant toutefois que 81 millions de personnes ont pu bénéficier de l'aide.
Dans ce climat, le sort des femmes et des filles se détériore : celles-ci sont victimes de violences sexuelles et fondées sur le genre perpétrées par des individus vêtus d'uniformes des FSR et des FAS, a aussi rapporté la haute responsable, qui a enfin déploré des « attaques ciblées et à l'aveugle » envers les civils, ainsi que des restrictions imposées dans les espaces publics.