Le 14 novembre dernier, les Forces armées maliennes (FAMa) annonçaient avoir pris le contrôle de la ville de Kidal, le plus grand bastion de la rébellion touarègue. Sans aucun doute, cette prise constitue une étape importante dans la reconquête de l'intégrité du territoire malien.
Du reste, ils ont été nombreux, des Maliens en particulier et des Africains en général, à célébrer cette victoire attendue depuis près d'une décennie. L'entrée des FAMa dans la ville de Kidal, a été accueillie par des Kidaloises et Kidalois en liesse.
Mais sur les images montrant des populations en train de jubiler, un détail interroge : la donne communautaire était très frappante parmi les personnes qui accueillaient les FAMa. La quasi-totalité de ces personnes était de peau noire.
Si bien que l'on se demande où est rentrée la population blanche majoritaire à Kidal. Selon des témoins, beaucoup de ces touaregs auraient fui la ville avant l'arrivée des forces armées maliennes. La récente sortie de Bamako semble confirmer cet état de fait.
Les autorités maliennes ont, en effet, appelé au retour des populations qui ont quitté la ville. Pour l'instant, cet appel semble ne pas susciter d'enthousiasme. Car, aucun mouvement de retour n'a été signalé.
On peut alors logiquement s'interroger : Bamako réussira-t-elle à convaincre la population déplacée à revenir à Kidal ? En tout cas, elle fait face à une quadrature du cercle. C'est dire si le tout n'était pas de prendre Kidal. Le pouvoir malien devra à présent rassurer pour gagner la confiance de la population en fuite.
Bamako doit, au plus vite, rassurer
En fait, on ne le sait que trop. Jugées à tort ou à raison d'être proches des rebelles, les populations touarègues craignent d'être victimes de représailles si elles retournent à Kidal. Tout porte à croire qu'il existe un climat de méfiance entre les différentes parties. Mais jusqu'à quand cela va-t-il perdurer ? Bien malin qui saurait le dire.
De toute évidence, il appartiendra aux autorités maliennes de donner des gages de sécurité à ces populations qui ont pris la poudre d'escampette et auxquelles Bamako demande de rentrer. En tout état de cause, leur retour pourrait davantage mettre en relief la victoire de Bamako sur les rebelles, ce qui ne ferait pas l'affaire de certains d'entre eux qui nourrissent toujours des désirs de vengeance, à tout le moins de reconquête de leur territoire. Beaucoup de combattants le disent d'ailleurs : ils n'ont fait qu'opérer un repli stratégique.
On le sait, les FAMa sont rentrées à Kidal ville, pratiquement la fleur au fusil. Les anciens maîtres des lieux ont préféré prendre la clé des champs, évitant l'affrontement. En tout cas, au risque de voir les populations civiles déplacées ou exilées, aller gonfler les rangs de ces rebelles fuyards, Bamako doit, au plus vite, rassurer.
D'autant que les rebelles continuent de dénoncer des exactions de la partie malienne, et de son partenaire Wagner, tout en interpellant les organisations de défense des droits humains.